Laborde (BNP Paribas) : "S'engager dans toutes les dimensions d'un sport"

Laborde (BNP Paribas) : "S'engager dans toutes les dimensions d'un sport"©Panoramic, Media365

Clément Pédron, Media365, publié le lundi 12 juin 2023 à 12h29

À l'occasion du premier jour de Roland Garros, BNP Paribas et le Grand Chelem parisien ont fêté les 50 ans d'un partenariat inédit. À cette occasion, Thierry Laborde, Directeur Général Délégué de BNP Paribas, a retracé l'implication de la banque à travers l'histoire du tennis et rappelé combien elle était présente même au-delà des courts.

BNP Paribas s'est engagé exclusivement dans le tennis. Pourquoi ce choix ?
Cela permet de s'engager dans toutes les dimensions du sport. On est parti d'un partenariat assez classique avec une marque sur une bâche de fond de court, sur un tournoi qui, à l'époque, n'était pas en très bonne santé. Roland-Garros au début des années 70, ce n'était pas le Roland-Garros d'aujourd'hui. Et puis, progressivement, on a construit. La victoire de Yannick Noah en 1983 a été bénéfique puisque c'est en 1985, je crois, que la Fédération Française de Tennis va chercher 1 500 000 licenciés. On a participé à cet essor-là, que ce soit au niveau des clubs, des licences ou des jeunes.

Depuis cinquante ans, vous avez apporté votre contribution à près de quatorze autres tournois parmi lesquels Indian Wells, l'Internazionali BNL d'Italia à Rome, le Monte-Carlo Rolex Masters à Monaco, l'ATP 500 du Queens. Comment sont-ils choisis en terme de stratégie ?
Nous souhaitions être sur tous les continents, en ayant un grand tournoi aux États-Unis. Nous l'avons avec Indian Wells qui porte le nom de BNP Paribas. C'est un Masters 1000 exceptionnel, qui est mixte. C'est un engagement très fort de la banque de promouvoir l'égalité de traitement entre les hommes et les femmes. Roland-Garros est assez exemplaire aussi parce que cela fait plusieurs années que le prize money est le même pour le tableau messieurs ou dames. Cela n'a pas toujours été le cas et ce n'est pas toujours le cas dans les tournois, encore aujourd'hui. Nous essayons aussi de faire nos choix de sponsoring en fonction de la représentation que nous avons dans le pays concerné.

La Team Jeunes Talents représente désormais 160 jeunes joueurs de 12 à 18 ans venus de six pays. Comment ce projet a t'il vu le jour ?
Cette idée n'était pas évidente au départ. Nous ne souhaitions pas investir sur un joueur mais plutôt accompagner des jeunes, dans une approche un peu différenciée en fonction de leurs moyens. Il est clair que la bourse va être plus importante pour un jeune qui vient d'un milieu moins favorisé que celui qui vient d'un milieu plus aisé. Ce qu'on fait c'est aider des jeunes pour réussir dans leur carrière sportive, et si ça ne marche pas, réussir leur vie, leur reconversion. Ça fait partie du rôle intrinsèque d'une banque.

En conférence de presse, vous avez annoncé le lancement de trois nouvelles équipes au Canada, au Portugal et celle au Japon, parrainée par Daisuke Arai, N°12 mondial de tennis-fauteuil et collaborateur de BNP Paribas Japon. Avez-vous d'autres projets dans les mois, les années à venir ?
Nous souhaitons continuer ce qu'on fait aujourd'hui et étoffer encore. Il y a 160 jeunes aujourd'hui dans les différentes teams, et cela va être complété par la team de Sam Aliassime au Canada, et celles du Japon et du Portugal. Il y a 5000 collaborateurs au Portugal, c'était important pour nous de créer une Team Jeunes Talents dans ce pays.

"Un partenariat multidimensionnel"

Concernant les Teams Jeunes Talents, celle du Canada va fonctionner avec l'académie de Sam Aliassime à l'image de ce qui peut se passer avec Justine Hénin avec la Belgique. Qu'en est-il du Japon et du Portugal ?
Effectivement on peut s'associer à des académies privées ou à des Fédérations. On fonctionnera dans ces 2 pays comme en France, c'est à dire avec la fédération. Cela marche très bien en France, même si ce n'était pas vraiment gagné, au départ. On a testé d'abord sur une année, puis deux, et ensuite, on a étendu à d'autres pays. L'idée, c'est aussi de pouvoir déployer ce modèle à l'échelle mondiale.

Pour les 50 ans du partenariat entre BNP Paribas et Roland-Garros, vous avez eu l'idée du « match solidaire », une rencontre programmée sur le Court Philippe-Chatrier où chaque point a permis d'ajouter 100 euros à la cagnotte « d'Attrap'la balle », l'association de Jo-Wilfried Tsonga. Comment avez-vous eu cette idée ?
Nous souhaitions faire des choses un peu différentes pour les 50 ans. Jo (Jo-Wilfried Tsonga) nous a dit un jour : « J'ai une association, est-ce que vous pouvez m'aider ? » On s'était quittés comme ça. Et puis Vincent-Baptiste Closon (NDLR : directeur des partenariats, de l'événementiel et du sposoring) et ses équipes ont eu cette idée. Amélie (Mauresmo, directrice de Roland-Garros) a tout de suite validé le fait de dédier 10 000 places sur 15 000 afin de permettre à des jeunes d'assister à un match à la fois caritatif et festif. Les fonds récoltés tout au long de la rencontre (100 euros par point marqué) et via la billetterie ont été reversés à Attrap'la Balle, l'association de Jo.

Avec Félix Auger-Aliassime et le programme « FAA Points for Change » au Togo, vous avez franchi un nouveau cap dans votre contribution, cette fois au-delà du tennis. Est-ce que c'est un axe que vous voulez continuer à développer ?
La réponse est clairement oui. Nous l'avons fait même avant Félix avec « Fête le Mur », une association qui œuvre pour l'éducation par le sport, la réussite scolaire, l'insertion professionnelle, l'éducation alimentaire. L'impact est bien au-delà du tennis. Quand il y a eu cette crise dans les banlieues il y a 20 ans, nous nous sommes impliqués massivement. Nous avons emmené des dizaines de milliers de jeunes du 93 en vacances, depuis 20 ans. Nous avons un partenariat très fort avec la Seine-Saint-Denis. Nous y avons par exemple amené il y a 15 jours Forest Whitaker, qui a fondé son centre de formation pour la jeunesse.

Quel bilan pouvez-vous dresser de ce partenariat avec le tennis depuis 50 ans ?
Il y a deux valeurs clés. D'abord la fidélité. Je ne sais pas si c'est le plus vieux, mais c'est l'un des plus anciens engagements de fidélité à un sport. Et ensuite, c'est la capacité à anticiper, à transformer, à l'image du slogan du tournoi : "bouger les lignes". On peut aider tout en restant à notre place. Peu de monde croyait à notre plateforme de contenus « We are tennis » au moment du lancement. Aujourd'hui, elle rassemble 2 300 000 membres. Nous avons créé la WATFA (We Are Tennis Fan Academy), la première école de supporters de tennis. Aller mettre des supporters dans l'univers un peu policé d'une enceinte de tennis, ce n'était pas évident. Cette idée est partie de la Coupe Davis parce que l'ambiance en Coupe Davis, c'est une ambiance de corrida ! Notre partenariat avec le tennis est multidimensionnel.

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