Mathieu Warnier, Media365 : publié le dimanche 21 juillet 2024 à 22h00
De sa première participation en 2013 jusqu'à la dernière conclue ce dimanche à Nice, en passant par ses deux podiums en 2016 et 2017, Romain Bardet aura connu une histoire parfois contrastée avec le Tour de France. Retour sur douze années qui n'ont pas été un long fleuve tranquille.
C'est une première page que Romain Bardet a tourné. Ce dimanche, sur les 33,7 kilomètres du contre-la-montre tracé entre Monaco et Nice, le natif de Brioude a fait ses adieux au Tour de France. S'il ne raccrochera le vélo qu'en juin 2025 avec un ultime Critérium du Dauphiné, il a vu une histoire avec la Grande Boucle débutée en 2013 s'achever dans un sourire et l'émotion. Dès sa deuxième saison chez les professionnels, l'équipe AG2R-La Mondiale lui donne sa chance sur le Tour. A seulement 22 ans, celui qui s'était fait un nom sur la scène amateur au point d'être comparé à Alexandre Vinokourov a très vite démontré ses qualités en montagne. A l'issue des 21 étapes, le Brivadois a pris la 15eme place finale, faisant de lui le premier Français. Une première participation lui a donné le goût d'aller chercher encore plus, de jouer sa carte au classement général. Ce qui s'est traduit dès 2014 avec une sixième place au classement général d'un Tour de France. Mais voir Jean-Christophe Péraud et Thibaut Pinot monter sur le podium n'a fait qu'augmenter son appétit. Mais l'édition 2015 n'a pas été celle de la percée au classement générale. Toutefois, elle aura été marquée par sa première victoire d'étape à Pra-Loup, construite par une descente du Col d'Allos faite à tombeau ouvert. Un bonheur malheureusement vite suivi d'une chute qui a mis fin à ses ambitions. Il aura tout de même pris goût au podium final avec le titre de super-combatif. Tellement qu'il l'a retrouvé à l'issue du Tour de France 2016. Propulsé grâce à une victoire à Saint-Gervais-les-Bains lors de la 19eme étape, le natif de Brioude s'est emparé de la deuxième place du général, à quatre minutes d'un intouchable Christopher Froome.
Après la confirmation, les ambitions déçues
Un premier podium sur le Tour de France qui n'avait rien d'un accident. Vainqueur à Peyragudes lors de la 12eme étape, Romain Bardet s'est installé dans le bon wagon pour aller chercher une troisième place à l'issue de l'édition 2017, derrière à nouveau Christopher Froome et Rigoberto Uran. Mais les belles heures de Romain Bardet sur le Tour de France étaient derrière lui. Arrivé sur l'édition 2018 en grande forme, le Brivadois espérait poursuivre sur sa série. Plombé par des incidents mécaniques en première semaine, il a traîné cette perte de temps comme un boulet. Sixième sur les Champs-Elysées, il termine à nouveau premier Français mais nourrit un sentiment de revanche. Faisant de la Grande Boucle son seul objectif en 2019, Romain Bardet a rallié Bruxelles avec des ambitions... vite douchées par un contre-la-montre par équipes manqué par sa formation AG2R-La Mondiale. Un coup dur qui l'a marqué, lui qui n'a cessé de perdre du terrain en montagne, notamment 20 minutes lors de l'arrivée au sommet du Col du Tourmalet, étape marquée par la victoire de Thibaut Pinot devant Julian Alaphilippe. Appelant de ses vœux « une grosse remise en question », Romain Bardet s'est mis en quête de victoires d'étape. Un plan qui ne s'est pas déroulé comme il l'attendait mais ses échappées n'ont pas été vaines, lui apportant le maillot à pois de meilleur grimpeur. Un Tour de France 2019 qui a comme cassé quelque chose chez Romain Bardet, au point d'annoncer qu'il ne participerait pas à la Grande Boucle en 2020 afin de s'aligner sur le Giro et la Vuelta. Mais le coronavirus est passé par là, chamboulant tous les plans et poussant le natif de Brioude à quand même s'aligner au départ du Tour de France. Visant une victoire d'étape et une journée en jaune, il a laissé de côté ses ambitions au général.
Une dernière comme une apothéose
Les circonstances de course ont toutefois fait qu'il a pointé à la quatrième place durant la deuxième semaine. Mais une chute ayant provoqué une commotion cérébrale ont provoqué son premier abandon sur la Grande Boucle. C'est à ce moment que Romain Bardet a pris la décision la plus importante de sa carrière, celle de quitter le cocon de l'équipe AG2R-La Mondiale pour rejoindre les rangs de la formation DSM au début de la saison 2021. Exit le Tour de France et place au Giro, dont il a pris la septième place et la Vuelta, qu'il n'a pas pu terminer après une chute. L'histoire avec le Tour de France a repris dès 2022, après un abandon sur le Giro provoqué par une maladie alors qu'il pouvait viser un très bon résultat au général. A l'issue de trois semaines solides mais sans éclat, il a bénéficié de la disqualification de Nairo Quintana pour terminer sixième. Une performance qui l'a convaincu de se donner une chance d'aller chercher un bon résultat en 2023. Ce qui s'est heurté à une nouvelle chute provoquant une commotion cérébrale, synonyme d'abandon immédiat. C'est avec la certitude de participer à son dernier Tour de France que Romain Bardet s'est élancé depuis Florence le 29 juin dernier. Une première étape en forme d'apothéose. Au bout d'un raid de 50 kilomètres et avec l'aide de son coéquipier Frank van den Broek, il est allé chercher la victoire lors de la première étape à Rimini et un maillot jaune qu'il n'aura gardé qu'une journée. Mais l'essentiel était ailleurs. Romain Bardet s'est fait plaisir, s'est montré offensif et a terminé avec le sourire aux lèvres Place Massena. Ou comment terminer sur une bonne note une histoire faite de hauts et de bas.