Mathieu Warnier, Media365 : publié le lundi 30 décembre 2024 à 12h20
Présent au départ des deux premières éditions du Vendée Globen, Loïck Peyron a noté une évolution dans l'approche de l'épreuve par les skippers, dont le niveau est en hausse à ses yeux.
S'il n'a plus participé au Vendée Globe depuis l'édition 2008-2009, après avoir pris part aux deux premières, Loïck Peyron reste un fin observateur. A l'occasion d'un entretien accordé à Voiles et voiliers, le natif de Nantes n'a pas caché qu'il y a « une évolution matérielle incroyable, évidente » du matériel mis à la disposition des navigateurs pour affronter un tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance. Au-delà de noter « une fiabilité matérielle assez bluffante » et « des vitesses moyennes ahurissantes malgré des conditions de mer pas forcément idéales », le navigateur ne cache pas être « impressionné par le niveau de préparation des équipes et surtout par la manière dont les marins arrivent à garder intègres leurs machines ». Mais, surtout, le deuxième du Vendée Globe 1989-1990 derrière Titouan Lamazou a vu les skippers changer au fil des années. « Le niveau moyen des marins est incomparablement supérieur, dans toutes les strates de notre discipline, affirme-t-il. Les chemins sont désormais balisés. Il y a beaucoup moins d'erreurs aujourd'hui et heureusement. » Loïck Peyron concède que les aides techniques n'ont plus rien en commun avec ce qui était disponible lors de ses participations à l'épreuve, assurant que « les logiciels de routage ont énormément progressé ».
Peyron : « On est dans ce qu'on fait en multicoque »
Le Nantais note ainsi un rapprochement de la navigation sur les monocoques Imoca de celle sur les multicoques. « C'est le cas depuis deux éditions au moins, affirme-t-il. Dès que l'on est à plus de 15 nœuds de moyenne, on est dans ce qu'on fait en multicoque. Ça change tout. Ça permet de s'extraire, d'anticiper. » Mais cela va également de paire avec une nécessaire gestion plus fine de l'évolution des conditions météorologiques car les vitesses atteintes peuvent permettre de rattraper des dépressions. « Pendant des décennies, on les a subis et maintenant on les rattrape, assure Loïck Peyron. Quand c'est quelque chose qui arrive par-derrière, on peut anticiper mais quand on rattrape quelque chose, on ne peut pas. » Alors que le duo de tête est lancé dans la remontée de l'Océan Atlantique en direction de la ligne d'arrivée, « Monsieur Multicoque » voit dans cette dixième édition du Vendée Globe une régate autour du globe. « On l'avait vu il y a quatre ans mais là, c'est permanent. Le rythme ne change pas, assure-t-il. Un tout petit peu dans le Sud parfois, et encore. Il n'y a pas si longtemps, on régatait dans l'Atlantique, on survivait un peu dans le Sud et on re-régatait en remontant. Là non, il n'y a pas de changement particulier. Le rythme est tout le temps le même. Ils sont quasiment constamment au taquet. »