Paul Rouget, Media365 : publié le vendredi 19 janvier 2024 à 13h46
En raison de projections jugées "utopistes", la Fédération française de rugby pourrait perdre jusqu'à sept millions d'euros à cause de la Coupe du monde.
Décevante sportivement pour le XV de France, annoncé favori mais éliminé cruellement en quarts de finale face au futur lauréat sud-africain (28-29), la dernière Coupe du monde va aussi coûter cher à la Fédération française de rugby (FFR). Très cher même. D'après RMC, la FFR, confrontée à un important déficit, pourrait ainsi perdre jusqu'à sept millions d'euros. La faute, notamment, au programme d'hospitalités, qui était censé rapporter beaucoup plus. Selon Philippe Spanghero, vice-président d'Ovale Ensemble, le collectif de Florian Grill, qui a succédé à Bernard Laporte à la tête de la fédération, "tout est lié au programme d'hospitalités vendu par World Rugby, qui est la source de revenus principale. L'Afrique du Sud et l'Irlande, autres candidats pour l'organisation du Mondial, proposaient 25 et 30 millions pour le rachat de ce programme. La France ? 82 millions. C'est complètement irrationnel", a-t-il expliqué à Actu Rugby.
Des projections "complètement utopistes"
Pour Spanghero, Claude Atcher, l'ex-patron du GIP (Groupement d'intérêt public) du Mondial 2023, qui avait été démis de ses fonctions en octobre 2022 après l'ouverture de deux enquêtes préliminaires contre lui, l'une pour trafic d'influence et corruption et l'autre pour harcèlement moral, "a été complètement utopiste sur ses projections depuis le début. Quand on reprend l'historique, le premier engagement de revenus liés à la Coupe du monde était estimé à 200 millions d'euros. Puis, tout a été revu : on est passé à 80, puis à 40 millions lorsqu'Atcher a été écarté. Sur cette base des 40 millions, une bonne partie des hospitalités n'a pas été vendue parce que les prix étaient trop élevés. Les Anglais se sont aussi moins mobilisés. Mais, à la base, il y a eu une très mauvaise lecture de la situation et une vision complètement surévaluée de la réalité économique", explique encore l'ancien rugbyman au célèbre patronyme, qui est le fils de Guy, et le neveu de Laurent, Gilbert, Walter et Claude Spanghero.
"Les faits donnent raison à la vision que Grill portait"
Pour la suite, il espère que "les gens comprendront que la gouvernance en place n'avait aucun levier pour changer la trajectoire. Il faudra savoir le dire et l'expliquer. Cela peut même être un argument favorable pour la gouvernance actuelle. Aujourd'hui, tous les problèmes et les complexités que l'on retrouve avaient été dénoncés par Florian Grill. Les faits donnent raison à la vision qu'il portait depuis des années", estime-t-il ainsi.