Thomas Siniecki, Media365 : publié le vendredi 04 octobre 2024 à 19h56
Ce n'est pas de gaieté de coeur mais bien avec le nez dans les comptes, il n'a d'autre choix que de l'assumer, que Luca De Meo s'est décidé.
Luca De Meo, le directeur général italien de Renault, a accordé une longue interview à nos confrères de L'Equipe où il détaille son choix de conserver Alpine en F1 mais pas un moteur maison, et ce à partir de la saison 2026. Une histoire de coûts, déjà, face à la monstrueuse concurrence vampirisée essentiellement par Mercedes, Red Bull et bien sûr Ferrari : "Garder chez nous une telle activité coûte entre 200 à 250 millions d'euros par an. En plus du budget annuel de 150 millions. Aston Martin, McLaren, Haas et Williams, qui soit dit en passant dont devant nous, n'investissent pas ces 200 - 250 millions (..) Donc on ne dépense pas plus que les autres, mais on ne touche pas plus."
"On soutient un pilote, une marque. Pas un moteur (...) J'ai mis deux pilotes français, ils se sont rentrés l'un dans l'autre"
Et puis il y a la logique sportive, inhérente aussi à cette réflexion marketing, celle qui veut que seuls les résultats justifient la présence d'Alpine en termes de véritable retombée d'image : "Les fans - sauf les vrais passionnés, j'en conviens - et les sponsors viennent pour une écurie, pas pour un moteur (...) On soutient un pilote, une couleur, une marque. Pas un moteur. Au vu de notre classement, on perd des primes. Les sponsors se font rares. On a un trou d'air et Alpine doit faire de l'argent."
Finir seizième ou 17e à chaque Grand Prix, ce qui est le lot de Pierre Gasly ou Esteban Ocon de manière de plus en plus régulière, fait passer l'écurie pour des rigolos, un terme directement utilisé par le dirigeant qui étaie donc son constat sans faire dans la dentelle. Et il en est persuadé, peu importe les ingrédients, "quand on gagnera, tout le monde sera derrière nous" : "Je voulais faire le Ferrari à la française, j'ai mis deux pilotes français dans les baquets. Ils se sont rentrés l'un dans l'autre. Il n'y a pas un sponsor français sur notre voiture, pas un !" Il assure pourtant avoir tapé à de nombreuses portes mais s'aperçoit qu'il ne peut pas forcer les âmes vers un véritable sentiment patriotique. D'où son changement radical de stratégie, qui maintient au moins Alpine en F1. Mais d'une autre manière, plus internationale.