Mathieu WARNIER, Media365, publié le jeudi 25 février 2021 à 16h25
Après avoir vu ses recours devant le TAS et la justice suisse rejetés, Caster Semenya a saisi la CEDH pour contester le règlement de World Athletics imposant aux athlètes hyperandrogènes de réduire leur taux de testostérone.
C'est sans doute la dernière chance pour Caster Semenya. Depuis avril 2018, World Athletics a établi un règlement concernant les athlètes hyperandrogènes, c'est à dire celles qui ont naturellement un taux élevé de testostérone dans le sang. Pour les épreuves dont la distance est supérieure à 400 mètres, une limite maximale a été imposée aux athlètes concernées. Afin de poursuivre leur carrière sur ces distances, les athlètes concernées doivent suivre un traitement permettant la réduction du taux de testostérone sous la limite établie, ce qui est justifié par World Athletics par l'idée d' « offrir des droits et opportunités équitables à toutes les femmes et les filles » pratiquant l'athlétisme. Directement touchée par cette décision, la double championne olympique et triple championne du monde du 800m Caster Semenya s'est lancée dans un combat juridique qui s'est avéré jusqu'à maintenant vain. En effet, après avoir vu le Tribunal Arbitral du Sport valider la règlementation mise en place par World Athletics, le Tribunal Fédéral suisse a maintenu cette décision.
Semenya ne compte pas abandonner son combat
Alors qu'elle s'est reconvertie sur le 200m, distance pour laquelle un contrôle de son taux de testostérone n'est pas imposé par World Athletics, en vue des Jeux Olympiques de Tokyo, la Sud-Africaine a lancé un dernier combat avec la saisine de la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH) le 19 février dernier, qui devrait prochainement être soutenue par le gouvernement de son pays. « Le combat permanent de Caster Semenya pour la dignité, l'égalité et les droits fondamentaux des femmes dans le sport a franchi une étape cruciale avec le dépôt d'une requête », ont ainsi confirmé les avocats de l'athlète dans un communiqué. Une procédure que ces derniers justifient par le fait que la justice suisse a « manqué à ses obligations de la protéger contre la violation de ses droits en vertu de la Convention Européenne des Droits de l'Homme ». Alors que la CEDH n'a pas encore fixé de date, Caster Semenya a déclaré que « tout ce que nous voulons, c'est être autorisées une fois pour toutes à courir librement, comme les femmes fortes et courageuses que nous sommes et avons toujours été ». Une procédure qui sera scrutée de près et qui, si la Sud-Africaine obtient gain de cause, imposera à World Athletics de changer son fusil d'épaule.