C1 1976 : Quand les Verts défilaient sur les Champs-Elysées

C1 1976 : Quand les Verts défilaient sur les Champs-Elysées©Media365
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Paul Rouget, Media365 : publié le mardi 14 septembre 2021 à 16h11

Malgré leur défaite face au Bayern Munich en finale de la Coupe des clubs champions 1976 (1-0), les Stéphanois avaient conquis les cœurs des Français, et défilé sur les Champs-Elysées avant d'être reçus par le président de la République. Retour sur une formidable épopée.

La scène est presque aussi célèbre que les fameux poteaux carrés de Glasgow. Au lendemain de la défaite de l'AS Saint-Etienne contre le Bayern Munich à Hampden Park en finale de la Coupe des clubs champions 1976 (1-0), les Verts avaient défilé sur les Champs-Elysées en Renault 5, communiant avec une foule conquise. Une scène de liesse incroyable, plus vue depuis la libération de Paris ! Ils avaient ensuite rallié l'Elysée, où les attendait le président de la République d'alors, Valéry Giscard d'Estaing, pour un déjeuner organisé en leur honneur. Le chef de l'Etat avait dû patienter une heure et demie, le temps que les Stéphanois parviennent à remonter la plus célèbre avenue du monde !

Une scène qui résume bien la folie verte qui s'était emparée de la France, presque entièrement acquise à la cause stéphanoise au milieu des années 70. Avant de devenir le premier club tricolore à disputer la finale de la prestigieuse compétition européenne depuis le Stade de Reims en 1959, l'ASSE avait déjà marqué les esprits l'année précédente. Sous les ordres de Robert Herbin, nommé entraîneur de l'unique club qu'il a connu en tant que joueur en 1972, à seulement 33 ans, la formation du Forez, après avoir renversé l'Hadjuk Split en huitièmes de finale malgré une défaite 4-1 à l'aller, avait atteint le dernier carré de la C1 en 1975. Déjà face au club bavarois.

Après un match nul à Geoffroy-Guichard lors du match aller (0-0), Franz Beckenbauer et ses coéquipiers s'étaient imposés 2-0 au retour à Munich, avec une ouverture du score du Kaiser dès la deuxième minute de jeu. Forcément déçus, les Verts avaient néanmoins pris rendez-vous. Et ils étaient revanchards à l'heure d'aborder l'édition 1975-1976, avec une équipe quasiment inchangée. Mais qui a pu compter sur le renfort du jeune Dominique Rocheteau (20 ans), seulement apparu lors de quatre matchs de Division 1 la saison précédente. Et celui qui n'était pas encore surnommé « l'Ange Vert » allait littéralement exploser aux yeux de l'Europe du football.

"L'Ange Vert" est né

Les troupes du « Sphinx », le surnom d'Herbin, allaient d'abord écarter facilement les Danois de Copenhague. Vainqueurs 2-1 à l'aller, ils s'imposaient 3-1 au retour, avec le premier but européen de Rocheteau, auteur de l'ouverture du score en tout début de match. En huitièmes de finale, ce sont les Rangers, un adversaire autrement plus référencé, qui se dressaient face à eux. Battus 2-0 dans le Chaudron, les Ecossais, vainqueurs de la Coupe des Coupes en 1972, allaient de nouveau s'incliner au retour à Ibrox Park (1-2). Mais un morceau encore plus gros attendait les Verts en quarts de finale : le Dynamo Kiev.

Emmenés par leur Ballon d'Or Oleg Blokhin, les Ukrainiens s'imposaient 2-0 à l'aller, avec un deuxième but signé Blokhin, lors d'une rencontre délocalisée à Simferopol en raison de la neige. Mais la pelouse du Lokomotiv Stadium n'en était pas moins dans un état lamentable. Deux semaines plus tard, la formation tricolore allait prendre une éclatante revanche face aux derniers vainqueurs de la C2, qui avaient remporté la Supercoupe d'Europe en surclassant le Bayern quelques mois plus tôt. Si le score était toujours de 0-0 à l'heure de jeu, Hervé Revelli ouvrait le score à la 65e minute de jeu, avant que Jean-Michel Larqué ne remette les deux équipes à égalité sur l'ensemble des deux matchs grâce à un coup franc dont il a le secret (73e).


Rocheteau entra alors définitivement la légende, glanant au passage son fameux surnom, en inscrivant le but vainqueur à la 113e minute, de près et dans une ambiance indescriptible. Et en demi-finales, l'AS Saint-Etienne signait une qualification étriquée contre le PSV Eindhoven. Vainqueurs 1-0 à l'aller grâce à un nouveau coup franc de Larqué, ils obtenaient un match nul et vierge lors du match retour aux Pays-Bas, notamment grâce à un héroïque Ivan Curkovic dans les buts. La finale face au Bayern Munich restera elle marquée par ces satanés poteaux carrés de Glasgow, qui allaient repousser la frappe de Dominique Bathenay puis la tête de Jacques Santini, alors que Sepp Maier était battu. Franz Roth inscrira l'unique but du match sur un coup franc aux 20 mètres peu avant l'heure de jeu (1-0, 57e). Les Verts ne parviendront pas à égaliser, malgré l'entrée de Rocheteau, touché à une cuisse et remplaçant au coup d'envoi. De quoi éprouver d'éternels regrets, même si les hommes du président Roger Rocher avaient définitivement conquis les cœurs des Français...

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