Gobert : "Quelque chose de spécial"

Gobert : "Quelque chose de spécial"©Media365
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Aurélien Canot, Media365, publié le lundi 06 septembre 2021 à 11h54

Ambassadeur de Yop en NBA, Rudy Gobert ne s'est pas démené pour rien cette saison sur le parquet du Jazz. Dans le cadre du dispositif « Change le game », les 109 contres réussis à domicile par le pivot français avec Utah ont permis à Yop de reverser 54 500 euros à la Rudy's Kids Foundation pour les enfants du Secours Populaire. Dans la deuxième partie de cet entretien, le récent vice-champion olympique revient sur ces JO historiques qui ont vu les Bleus buter uniquement sur la dernière marche. L'intérieur du Jazz se projette également sur la saison de NBA à venir pour le Jazz.


Dans le cadre de l'action solidaire « Change le game » lancée en décembre dernier par Yop, et fruit du partenariat entre la marque et la Rudy's Kids Foundation, les contres réussis par Rudy Gobert à domicile avec Utah (109) ont permis à Yop de reverser 54 500 euros (500 euros par contre réussi par "Gobzilla") à la Rudy's Kids Foundation et, par extension, pour le secours populaire. Le récent vice-champion olympique avec les Bleus revient pour nous sur ce plaisir d'avoir pu contribuer à favoriser le destin de nombreux jeunes. Dans cette deuxième partie de l'entretien, il se replonge dans ces JO de Tokyo qui ont vu le natif de Saint-Quentin et l'équipe de France buter sur la dernière marche en dépit d'un parcours merveilleux qui a marqué l'histoire du basket français.

Vos larmes de la finale des Jeux Olympiques de Tokyo sont-elles digérées aujourd'hui ou gardez-vous encore cette défaite face aux Etats-Unis sur la dernière marche en travers de la gorge ?
C'est le sport. Quand tu es dans la compétition, quand tu te rends compte que tu es à ça d'une médaille olympique, c'est de la déception. Mais avec le recul, quand je regarde à quel point on a pu faire kiffer les gens et les jeunes, et comment on a pu les inspirer, au final, je suis vraiment content de l'expérience et du parcours. Encore une fois, le résultat est important, bien sûr, mais la manière et ce que l'on a vécu en tant qu'équipe l'est aussi, avec cette image de solidarité et de détermination. On a montré que l'on n'avait peur de rien, et que tout était possible tout simplement. J'espère que c'est ça que les gens retiendront au final.

Aviez-vous conscience de l'engouement populaire que vous avez créé en France pendant ces Jeux ou en avez-vous uniquement pris conscience en arrivant au Trocadéro à votre retour de Tokyo ?
Non, c'est quand on est revenu en France que l'on s'est vraiment rendu compte. Sur les réseaux, tu peux te rendre compte un peu, mais c'est vraiment quand on est revenu en France que l'on a pu voir que l'on avait fait quelque chose de spécial.

Cette défaite en finale et vos larmes, vous qui n'êtes pas du genre à laisser transparaître vos émotions, sont-elles venues faire vraiment ombrage à votre parcours extraordinaire lors de ces Jeux, avec notamment cet exploit face aux USA lors du premier match ?
Non, on retiendra les émotions que nous avons transmises aux gens et, bien sûr, ce parcours. C'est vrai que je suis assez protecteur de mes émotions. Les gens ont même tendance à penser que je n'ai pas d'émotions parce que je ne les montre jamais (rires), donc quand je décide de les montrer, ils sont surpris. Je suis quelqu'un qui ressent beaucoup de choses. Surtout, je n'aime pas perdre, j'aime gagner. Forcément, il y a de grands moments de joie, mais aussi des déceptions. Au final, c'est ce qui rend l'histoire aussi belle.

Avez-vous senti dès votre arrivée au Japon, en voyant les entraînements et l'atmosphère dans le groupe qu'il y avait encore mieux à faire que cette troisième place des Mondiaux 2019 en Chine, où vous aviez déjà battu les Américains ?
Comme je le disais depuis le début, notre objectif, c'était la médaille d'or. Il n'y a pas lieu d'aller dans une compétition sans viser la médaille d'or. On a trop pris l'habitude de faire ça en France. C'est vraiment un état d'esprit que je veux véhiculer et que je veux que l'on ait en tant qu'équipe. Même si on n'a pas eu la médaille d'or, j'espère que les gens y ont cru comme on y a cru, et que l'on a pu véhiculer bien sûr encore une fois cette mentalité que tout est possible, tout simplement.

Gobert : « Il n'y a jamais eu de réaction négative, c'est rare... »

Viser la médaille d'or, c'est une chose, mais vous avez surtout montrer d'entrée à vos supporters qu'ils pouvaient se prendre à rêver... 
Oui, car on avait un groupe qui savait où on voulait aller. On avait un groupe soudé. Quoi qu'il arrive, on n'a jamais lâché. Pourtant, on a eu des moments difficiles, des moments où on aurait pu se relâcher. Il y a eu des matchs où certains ont plus joué que d'autres, des matchs où il n'y en a qui n'ont pas eu le ballon. Mais au final, il n'y a jamais eu de réaction négative, je peux vous le dire, et ça c'est rare dans une compétition internationale et même dans le sport professionnel, tout simplement. Et quand on voit qu'au final, ça se joue à une action en demi-finale (contre la Slovénie de Luka Doncic) et que même contre l'Italie en quarts de finale, ça se joue à quelques actions... C'est ce qui fait notre force et c'est sur ça que l'on veut continuer construire sur les années qui arrivent.

A Tokyo, avec les autres équipes de France de sport collectif, vous êtes-vous amusés à vous tirer la bourre au fil de vos exploits et de vos parcours respectifs qui avançaient ?
On était dans le même village et le même bâtiment, donc on se croisait pas mal, et on échangeait souvent. Oui, c'était cool de suivre l'évolution des autres sports et des autres athlètes au même moment. Quand tu allumes la télé et que tu vois qu'il y a une autre équipe (de France) qui joue, on devient tous des fans.

Un titre olympique aurait-il eu plus de valeur à vos yeux que cette fameuse bague de champion NBA après laquelle vous courez toujours avec Utah ?
Pour moi, c'est différent, parce que la bague NBA, ce n'est pas souvent la récompense d'une compétition ou d'une année mais davantage la récompense d'un travail de neuf ans ou dix ans de sacrifice. C'est différent. Mais les deux sont uniques et j'espère bien avoir les deux dans ma carrière.

Comment expliquez-vous que la saison dernière, vous vous êtes arrêtés si prématurément une fois de plus avec Utah (élimination en demi-finales de la Conférence Ouest face aux Clippers) ? Vous aviez pourtant prouvé, vous le premier, pendant la saison régulière que cela pouvait être enfin votre année...
Déjà, les blessures. On n'avait pas notre meneur (Mike Conley) contre les Clippers, et le meneur de jeu au basket, c'est quand même super important, surtout qu'il avait fait une saison de fou. Après, ce sont les play-offs. On n'est pas passé loin, et on a encore une équipe jeune. Mais on a vu ce qui nous avait manqués pour franchir cette marche et l'objectif est de revenir plus fort et d'essayer de la franchir.

Gobert : « J'espère que l'on va franchir ce cap »

Sur le plan personnel, avez-vous eu le sentiment de franchir encore un cap cette saison, notamment dans votre capacité à prendre l'équipe en main, en particulier lorsque vous devez composer avec des absences ou des blessures ?
Oui, exactement. Et encore une fois, chacun continue à apprendre de ses expériences et à progresser. Mais j'ai confiance et j'espère que l'on va franchir ce cap. J'espère cette année.

D'autant que sur ce que vous avez démontré la saison dernière, on se dit qu'il y a forcément quelque chose qui va se passer à Utah, comme cela ne peut pas s'arrêter aussi tôt chaque saison. En résumé, on sent qu'il y a quelque chose qui se crée et que vous êtes proche du but. Etes-vous d'accord ?
Oui, c'est vrai, et c'est ce qui rend les choses belles. Dans la vie, les choses les plus belles sont celles qui sont les plus difficiles à atteindre. Peut-être que l'on va y arriver, peut-être pas, mais en tout cas, le processus d'essayer et de s'en rapprocher, c'est ce qui vaut la peine.

Selon vous, qui devrez-vous craindre en particulier la saison prochaine sur votre route ? Les Lakers, qui viennent encore de se renforcer avec l'arrivée de Westbrook ? 
Non on se concentre sur nous. En NBA, il faut faire attention à tout le monde. Il y a plein de bonnes équipes et énormément de talents dans cette Ligue, donc on reste concentré sur nous pour être à la meilleure place du classement possible. Peu importe l'adversaire, on va le respecter et essayer de le battre, tout simplement.

Pour retrouver la première partie de cet entretien, cliquez ici

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