Euro 2024 : En Allemagne, le football est partout

Thomas Siniecki, Media365 : publié le vendredi 14 juin 2024 à 17h09

Par rapport à la France, nos voisins d'outre-Rhin ne sont pas les seuls à accorder une importance presque exclusive au football parmi les sports de haut niveau. En revanche, ils en ont développé une culture unique.

Si l'Allemagne est un vrai pays de football, c'est en partie parce que sa passion sportive s'articule de manière quasiment entière autour du ballon rond, comme le pense Valérien Ismaël - ancien défenseur français devenu entraîneur, qui a terminé sa carrière au Werder, au Bayern puis à Hanovre de 2003 à 2009 - interrogé par France TV : "En France, il existe d'autres sports suivis assidûment et avec une grande effervescence, comme le rugby, ce que l'Allemagne n'a pas du tout. Le focus est plus grand sur le football."

Losilla : "30 000 spectateurs de moyenne à Dresde, en troisième division"

Une immense culture s'est développée dans tout le pays, et ce depuis des dizaines d'années où le football et particulièrement la Mannschaft sont devenus des vecteurs d'identité pour se reconstruire au mieux dès les années 1950, comme l'explique l'historien Benjamin McFadyean, docteur et chercheur en histoire du football allemand à l'université de Portsmouth : "Après la Seconde guerre mondiale, Adolf Hitler et l'Holocauste, les clubs de football et la sélection sont devenus un moyen de rebâtir une forme de fierté nationale, Et de 1954 à 2014, au moins quatre générations d'Allemands ont vécu une victoire en Coupe du monde." Tous les clubs allemands sont détenus majoritairement et historiquement par les supporters, ce qui a causé d'incessantes interruptions de match il y a quelques mois en Bundesliga quand un projet de réforme devait voir le jour.

"En Allemagne, on n'est pas spectateur d'un match, on ne vient pas comme si on allait au cinéma pour regarder un film, on fait partie intégrante du scénario d'un match et ça se transmet de père en fils", insiste Ibrahima Traoré, ex-international guinéen qui a joué quatorze ans en Allemagne. Les affluences sont colossales partout et à chaque niveau, ainsi que le note Anthony Losilla, le capitaine français de Bochum (en Bundesliga) : "Cette année, en troisième division, mon ancien club du Dynamo Dresde a accueilli quasiment 30 000 spectateurs de moyenne. On ne voit ça nulle part ailleurs, dans aucun autre pays. Ce qui est impressionnant, c'est le nombre d'abonnements à l'année. A Bochum, il y a quasiment autant d'abonnés à l'année que de places dans le stade. Et désormais, ils font même des abonnements à l'année pour les matchs à l'extérieur." Voilà pourquoi et comment l'Allemagne est devenue une telle nation de football.

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