CAN : Le protocole Covid en questions

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Rédaction Media365, publié le mercredi 26 janvier 2022 à 14h55

Le protocole Covid en vigueur à la CAN au Cameroun est au centre de nombreux débats. Afin de démêler le vrai du faux, on en décrypte les principaux aspects.

Que prévoit le protocole médical pour les tests et les positifs au Covid ?

Le "parcours" Covid des participants à la CAN est bien balisé par le protocole médical de la CAF. Les intéressés doivent effectuer un premier test PCR 72 heures ou 48 heures avant le voyage dans le pays d'accueil, en l'occurrence le Cameroun. Un deuxième test est à effectuer 48 heures avant le premier match. Au cas où ce test soit positif, le(s) joueur(s) concerné(s) doivent être placés à l'isolement pendant cinq jours. Une fois ce délai passé, ils restent soumis au test d'éligibilité avant le match susceptible, en termes de délais, de leur permettre de fouler de nouveau les terrains.

Le protocole a-t-il changé ?

Les différentes sélections encore en course à la CAN 2021 ont reçu dimanche en fin de journée, alors que les huitièmes de finale de l'épreuve avaient débuté, un protocole médical actualisé. Le document a pu semer le trouble et donner l'impression que la Confédération africaine de football bouleversait les règles du jeu en cours de route. Il n'en était rien. Le document en question reprend en réalité les dispositions qui figuraient dans le protocole déjà envoyé aux équipes, daté du 15 octobre 2021. Seul un amendement favorable aux joueurs a été ajouté. Il prévoit qu'un joueur testé positif et redevenu négatif n'est plus soumis au délai de 48 heures pour son test d'éligibilité avant retour aux terrains, mais à un délai raccourci de 24 heures, sous réserve d'avoir passé la batterie d'examens (cardiaques, pulmonaires, etc.) requise. C'est en vertu de cette règle assouplie que la Tunisie a pu aligner Wahbi Khazri, redevenu négatif après respect des cinq jours d'isolement, face au Nigeria, dimanche en huitièmes de finale.

Pourquoi Patrice Neveu a-t-il pu être sur son banc 24 heures seulement après son test positif ?

Testé positif la veille du match entre le Gabon et le Ghana, Patrice Neveu était bien sur le banc des Panthères le lendemain. Redevenu négatif le jour J, le coach français n'a pas été soumis au même délai que les joueurs en pareil cas. Pourquoi cette différence de traitement ? Les entraîneurs ne sont pas sur le terrain, en contact avec d'autres participants à la partie. Rester sur le banc, ou dans les limites de la zone technique qui leur est réservée, n'est pas incompatible avec le strict port du masque. C'est pour cette raison que le délai de retour aux terrains est raccourci pour les sélectionneurs et membres du staff technique.

Pourquoi la CAF n'a-t-elle pas prévu le cas particulier des gardiens de but ?

La situation est, à notre connaissance, inédite dans un grand tournoi international : face au Cameroun, lundi en huitièmes de finale de la CAN, l'équipe nationale des Comores a été contrainte d'aligner un joueur de champ dans ses buts, faute de disposer du moindre gardien éligible. Les demandes de dérogation des insulaires ont été rejetées par la CAF, qui s'est réfugiée derrière son règlement. Redevenu négatif le matin du match, Ali Ahamada n'a pas respecté les cinq jours d'isolement. "Le premier test PCR de positivité du joueur comorien datait de deux jours. Il aurait pu être éligible si ce premier test PCR datait de cinq jours ou plus et qu'il soit asymptomatique", a écrit Sidiki Aboubakary, directeur médical de la CAF, dans une correspondance adressée à la Fédération comorienne dont Football365 Afrique s'est procuré une copie.

Il est étonnant que la CAF n'ait pas prévu le cas particulier de l'indisponibilité totale du moindre gardien de but. Aussi improbable que ce soit le cas de figure, d'autres organisateurs de compétitions l'ont intégré à leur règlement. C'est le cas de l'UEFA pour sa Ligue des Champions. "Lorsqu'un club n'est pas en mesure d'aligner au moins treize joueurs de la liste A ou qu'il ne dispose d'aucun des gardiens inscrits, l'UEFA peut autoriser la reprogrammation du match, pour autant que les autorités nationales/locales procèdent à de nouveaux tests afin qu'un nombre suffisant de joueurs (au moins treize, dont un gardien au minimum) soient en mesure de participer au match", pose le règlement de cette épreuve. Ne pas disposer d'un gardien de but est donc un cas d'empêchement de la tenue d'une rencontre.

La CAF n'a pas jugé utile de prévoir un cas similaire. Une dérogation exceptionnelle aurait permis d'éviter l'image, peu valorisante pour la CAN, d'un joueur de champ contraint de jouer dans les buts de son équipe. Par peur de créer un précédent, la CAF s'en est tenue à son règlement. Un choix défendable juridiquement, mais plus contestable politiquement. Car quelle était la chance qu'un tel cas de figure se représente ? En attendant peut-être de combler la faille juridique de son règlement sur ce point, la Confédération africaine de football se serait grandie à faire preuve de magnanimité, comme envers Jonathan Pitroipa en 2013.

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