Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le vendredi 24 juin 2022 à 21h28
Sur le Tour de France, il y a évidemment le Maillot Jaune, mais une autre tunique déchaine les passions : celle à pois célébrant le meilleur grimpeur.
C'est bientôt l'heure du Tour de France. Le vendredi 1er juillet, la course la plus fameuse du monde s'élancera de Copenhague, au Danemark, et se terminera comme cela est traditionnel, à Paris sur l'avenue des Champs-Elysées, le dimanche 24 juillet. Tadej Pogacar réalisera-t-il le triplé après ses succès en 2020 et 2021 ? Comme chaque année depuis la première édition, tenue en 1903, le fameux maillot jaune sera scruté par tous les observateurs, qu'ils soient sur place ou devant leur télévision. Mais une autre tunique fait rêver sur le Tour de France...
Il s'agit du maillot à pois, celui distinguant le meilleur grimpeur depuis 1975 sur la Grande Boucle. La tunique blanche ornée de points rouges, promue à l'époque par la marque de chocolats Poulain qui souhaitait plus de visibilité sur le Tour et à la TV, fait vibrer depuis 47 ans sur les routes de l'Hexagone. Le premier du classement de la montagne est devenu un acteur important de la course et il faut bien le reconnaître, cela a été popularisé essentiellement par un Français au cours des années 1990 et 2000.
7 maillots à pois pour Richard Virenque
Vous avez peut-être reconnu de qui il s'agit, surtout pour ceux qui ont au moins une quarantaine d'années et qui ont vécu ses exploits en direct. On parle là de Richard Virenque. Retraité depuis la fin de la saison 2004, le Français a enflammé un paquet d'étapes du Tour de France, à enchaîner les montées d'anthologie dans les différents cols et épisodes de montagne qui font le sel du Tour de France.
Maillot Jaune durant une journée lors de son premier Tour en 1992, Richard Virenque a remporté au total 7 étapes tout au long de ses 12 participations à la plus belle des courses cyclistes (en 1994, 1995, 1997, 2000, 2002, 2003 et 2004). Deux fois sur le podium final en 1996 et 1997 (3eme et 2eme), « Richard cœur de lion » est surtout connu pour être le recordman de maillots à pois glanés sur le Tour de France. Le natif de Casablanca, aujourd'hui âgé de 52 ans, a raflé la mise à 7 reprises !
Dès sa 3eme participation en 1994, Virenque s'est paré du maillot de meilleur grimpeur sur les Champs-Elysées. Le coureur de l'équipe Festina a récidivé les trois années suivantes et l'aurait peut-être également fait en 1998 s'il n'avait pas été exclu en raison de « l'affaire Festina » marquée par le dopage. Qu'à cela ne tienne, le coureur tricolore était revenu en force dès l'année suivante, se parant de nouveau de cette tunique à pois si particulière en 1999 avec l'équipe Polti avant de laisser son « bien » à Santiago Botero en 2000 et son compatriote Laurent Jalabert, décoré en 2001 et 2002. Passé dans l'équipe Quick Step-Davitamon, Virenque a joliment achevé sa carrière avec deux derniers maillots de la montagne en 2003 et 2004. Devenu le chouchou des Français en dépit de ses affaires de dopage, le champion brocardé par les « Guignols » de Canal+ risque de détenir son record de 7 maillots à pois remportés durant de très nombreuses années...
Avant Virenque, il y avait eu Bahamontes
« Mon premier Tour de France, j'ai goûté au maillot jaune, au maillot à pois, au maillot vert. Mais dès le début, j'avais compris qu'il y avait un maillot qui me ressemblait et que j'avais envie d'aller chercher, c'était le maillot à pois, s'était souvenu Richard Virenque l'année dernière. J'ai couru derrière ce maillot rapidement après. Quand je suis rentré chez les pros, il était prisé. Il y avait des gars comme Chiappucci, Claveyrolat, qui étaient quand même des pointures, qui avaient de la bouteille. Rapidement, j'ai montré mon potentiel et ma passion. Ça reflétait ma façon de courir ».
Avant les faits d'armes du Français, le record a longtemps été la propriété de Federico Bahamontes. Lauréat du Tour de France en 1959, l'Espagnol avait glané 7 étapes sur le Tour de France comme Virenque. Ce grimpeur surdoué capable d'accélérations foudroyantes avait surtout terminé meilleur du classement de la montagne six fois (il compte 52 passages en première position au sommet d'un col, le meilleur total pour un coureur de la Grande Boucle). Encore vivant et aujourd'hui âgé de 93 ans, celui qui demeure le plus ancien vainqueur du Tour de France encore en vie avait écoeuré tous ses concurrents en 1954, 1958, 1959, 1962, 1963 et 1964 et remporté ce qui s'appelait à l'époque le « grand prix de la montagne », mis en place en 1933 à travers un maillot qui n'avait qu'un signe distinctif : une pastille rouge.
Van Impe comme Bahamontes
Derrière Virenque, Bahamontes est accompagné de Lucien Van Impe, lui aussi vainqueur du classement du meilleur grimpeur à six reprises durant sa longue carrière (de 1969 à 1987). Aujourd'hui âgé de 75 ans, le Belge qui avait couru jusqu'à 41 ans s'était illustré dans les années 70 et 80. Dans des éditions dominées par le mythique Eddy Merckx, les Français Bernard Thévenet, Bernard Hinault et Laurent Fignon, Van Impe avait été couronné en 1971, 1972, 1975, 1977, 1981 et 1983 malgré son petit gabarit. A la différence de Virenque, et comme Bahamontes, le Belge s'était également distingué en remportant un Tour de France (1976). Derrière Virenque, Bahamontes et Van Impe, on pourrait retrouver un nouveau coureur d'ici fin juillet avec 3 victoires de la tunique à pois en compagnie de Julio Jimenez, sacré en 1965, 1966 et 1967. Vainqueur des deux derniers Tours en plus d'être le plus fameux des grimpeurs en 2020 et 2021, Tadej Pogacar pourrait rejoindre l'Espagnol à la 4eme place des meilleurs « montagnards » de tous les temps s'il récidive sur la prochaine édition...