Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le mardi 13 juillet 2021 à 13h11
Au terme d'une magnifique échappée de 202 kilomètres, Richard Virenque s'illustrait le 14 juillet 2004 en raflant une splendide victoire d'étape sur la Grande Boucle.
Il y a quasiment 17 ans jour pour jour, le Tour de France avait vibré, comme souvent, mais aussi comme très rarement. Car à l'occasion de la fête nationale, il avait vécu un feu d'artifice quelque peu en avance ce 14 juillet 2004. Un jour enivrant, haletant, mémorable, avec une arrivée en apothéose qui avait consacré une nouvelle fois un des chouchous de l'épreuve : Richard Virenque.
A l'occasion de la plus longue étape de cette Grande Boucle 2004, la 10eme, emmenant les coureurs de Limoges à Saint-Flour sur 237 kilomètres à travers la Haute-Vienne, la Corrèze et le Cantal, Virenque était en quête d'un 7eme maillot à pois de meilleur grimpeur du Tour. Loin du défilé militaire des Champs-Elysées, l'ancien menteur du triste épisode Festina voulait signer un coup d'éclat à 34 ans. Il y parviendra avec brio, parachevant une magnifique échappée et signant-là sa dernière victoire d'étape sur la plus grande course cycliste du monde.
Septième victoire d'étape, la dernière
A la base de son exploit, le Varois avait tenté un pari fou. Partir à 202 kilomètres de la ligne d'arrivée. Ouf de chez ouf, non ? Virenque s'échappe alors avant le Mont Gargan en compagnie d'un autre coureur au nom prestigieux. Merckx. Axel Merckx, rejeton d'Eddy, plus grand cycliste de tous les temps, vainqueur à cinq reprises du Tour de France dont il codétient le nombre des victoires d'étapes (34) en compagnie de Mark Cavendish qui l'a rejoint sur le Tour 2021. Virenque va avaler neuf cols en six heures et lâcher son compagnon d'échappée, un coup que le coureur belge n'appréciera pas du tout, mais alors vraiment pas du tout.
Pendant que les Lance Armstrong, Jan Ullrich et Tyler Hamilton ne mouftent pas derrière, Richard Virenque mouline, mouline, mouline à l'avant. « Les seigneurs du peloton ont choisi de ne pas mettre le fer au feu », lâchera d'ailleurs Jean-Marie Leblanc, le directeur de la course. Virenque, lui, avait lancé : « J'ai fait beaucoup de sacrifices pour venir sur le Tour, mon douzième, et l'équipe (Quick Step) m'a conçu un programme spécifique. Un jour, je partirai, mais tant que la flamme est allumée, je continuerai. » Désireux de briller en ce jour particulier, le Français accélère au km 173 et lâche Merckx dans le puy Mary après 138 kms communs. Irrésistiblement.
Celui qui avait mis deux ans à avouer qu'il avait ingurgité de l'EPO grimpe à vive allure (39,456 km/h de moyenne), surmotivé par la foule massée au bord de la route. Et s'en va franchir la ligne en tête, les doigts en l'air, tournés vers le ciel. Il décroche sa septième étape sur le Tour de France et s'offre un septième maillot à pois. Une tunique qu'il conservera jusque Paris, raflant ainsi un record devant le Belge Lucien Van Impe et l'Espagnol Federico Bahamontes (6).
Record de maillots à pois (7) pour Virenque, Axel Merckx amer
« J'ai fait mon apparition sur ce Tour en même temps que la montagne et le soleil. Il fallait être un peu fou pour partir d'aussi loin. Au départ, je ne pensais pas à l'arrivée. Sur la fin, j'ai énormément souffert. J'étais perclus de crampes. Je suis mort », souffle le héros national après son exploit. Lâché par le Français et noyé peu à peu dans le bain de foule, Merckx, qui a flanché dans l'ascension du col du Pas-de-Peyrol (première catégorie), balance, amer : « Richard est un grand champion, mais un petit bonhomme. »
Le coureur belge lui reproche de ne pas l'avoir attendu dans la montée, contrairement à leur accord passé. « Je comprends qu'Axel soit déçu, mais il ne doit pas m'en vouloir, rétorque Virenque. J'ai mené la course afin d'engranger un maximum de points au classement de la montagne. Je devais accélérer pour maintenir mon avance sur le peloton et il n'a pas suivi le train. Je ne l'ai pas attaqué, je n'ai pas été déloyal. » Le Varois de 34 ans est alors plus populaire que jamais. Il achèvera ce Tour 2004 à la 15eme place à 28 minutes d'Armstrong, déclassé plusieurs années plus tard, avant de raccrocher en fin d'année.