Portrait : Virenque, chouchou malgré tout

Paul Rouget, Media365 : publié le mardi 14 juin 2022 à 16h09

Coureur populaire par excellence, Richard Virenque, recordman des maillots à pois sur le Tour de France, est aussi irrémédiablement associé au dopage et à l'affaire Festina. Mais il regrette d'avoir "porté le bonnet d'âne pour tout le monde".

"Je suis devenu populaire à mon insu." Invité à revenir sur sa carrière par la RTBF en 2018, Richard Virenque avait notamment évoqué ce statut de chouchou du public français, et pas uniquement. Un statut acquis grâce à ses performances sur la Grande Boucle, dont il détient toujours un prestigieux record. Celui des victoires lors du Grand Prix de la montagne, puisqu'il a ramené à sept reprises le maillot blanc à pois rouges sur les Champs-Elysées (1994, 1995, 1996, 1997, 1999, 2003 et 2004), et également décroché deux podiums en 12 participations (3e en 1996 et 2e en 1997), quatre autres places dans le Top 10, ainsi que quatre prix de la combativité (1996, 1997 et 2004) et sept victoires d'étape.

"Je suis toujours applaudi et aimé par le public"

Et si ce record de maillots à pois ne risque pas d'être battu de sitôt, Tadej Pogacar (23 ans), vainqueur du classement de la montagne ainsi que du classement général du Tour de France à deux reprises, pourrait finir par le menacer. Mais ce qui est certain, c'est que le Slovène n'atteindra jamais le niveau de popularité du Français. "J'ai eu une notoriété que certains n'avaient pas et aujourd'hui, je travaille encore sur le Tour de France ou d'autres courses. Je suis toujours applaudi et aimé par le public", apprécie encore le consultant Eurosport.

Son patronyme est donc irrémédiablement attaché au Tour, à la montagne et au panache, mais aussi au dopage. Et à l'un des plus grands scandales de l'histoire du sport. Car en 1998, alors qu'il était au sommet de son art chez Festina, Willy Voet, le soigneur belge de l'équipe, est interpellé à la frontière entre la Belgique et la France avec, dans son coffre, un cocktail détonnant, puisque les douaniers vont mettre la main sur des hormones de croissance, des amphétamines, des corticoïdes, de la testostérone mais aussi 235 ampoules d'EPO !

"A l'insu de (son) plein gré"

Tous les coureurs de l'équipe Festina sont alors exclus de cette édition 1998 du Tour de France, et Virenque érigé en symbole du dopage. Car contrairement à la plupart de ses coéquipiers, il a persisté à nier l'évidence. Et il est même devenu un sujet de moquerie quand les Guignols, diffusés sur Canal+ de 1988 à 2018, font dire à sa marionnette qu'il s'est dopé "à l'insu de (son) plein gré". Une phrase devenue culte que l'intéressé n'a pourtant jamais prononcée.

"On m'a demandé de parler, mais j'ai longtemps adopté l'attitude de l'époque. J'ai nié, mais à un moment donné, la pression était telle que j'ai dû passer aux aveux. J'ai été condamné à un an de suspension. J'ai payé ! J'ai payé médiatiquement, financièrement et après j'ai pu rebondir. Mais aujourd'hui, je dois être l'un des seuls à pouvoir en parler. Si vous posiez ces questions à d'autres anciens coureurs, ils fileraient. Ils fuiraient les questions que vous posez", rappelle-t-il.

"Le public a bien compris la supercherie"

D'abord moqué, il a vite reconquis les cœurs des supporters français. Mais pourquoi ? "Pour moi, le public a bien compris la supercherie. J'ai porté le bonnet d'âne pour tout le monde. J'aurais peut-être dû capituler tout de suite. Rentrer dans un moule. Dire les choses. Mais ce n'était pas dans mon caractère. A l'époque, on était bien content de nous mettre dehors. Il ne faut pas oublier qu'en 1996, je suis troisième du Tour de France. En 1997, je suis deuxième du Tour. J'arrive donc en 1998 avec une équipe pour gagner le Tour. Et on m'exclut du Tour à cause d'un soigneur qui fait du trafic. J'ai eu la malchance que mon soigneur se fasse arrêter. Aujourd'hui, le temps est passé et moi, je suis toujours là."


A son retour de suspension, en 1999, le natif de Casablanca, passé chez Polti, allait d'ailleurs remporter, après son unique étape sur le Tour d'Italie, son cinquième maillot à pois, en plus d'une huitième place au général, avant de porter une deuxième - et dernière fois - le maillot jaune lors de l'édition 2003, onze ans après sa première tunique dorée, pour sa participation inaugurale au Tour, sous les couleurs de l'équipe RMO. Il terminera sa carrière en 2004 chez Quick Step, avant de rapidement bifurquer vers un rôle de consultant dans les médias. Quelques années plus tard, Richard Virenque deviendra même ambassadeur des montres Festina, histoire de boucler la boucle et de faire un drôle de clin d'œil à son histoire...

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