Thomas Siniecki, Media365 : publié le lundi 26 août 2024 à 18h13
C'est une anecdote encore trop fraîche dans l'esprit de Serge Blanco, qui ne rejette toutefois pas tout du rugby moderne.
Serge Blanco continue de suivre de très près l'actualité du rugby, qui a fait sa vie. La légende du XV de France et du Biarritz Olympique, dont il n'est plus président depuis 2015, confirme que c'est à ce moment-là qu'il s'est senti particulièrement en décalage avec les valeurs de la nouvelle génération, en coupant la musique dans le bus des Bleus qui venaient de se faire écraser par les All Blacks en quarts de finale de la Coupe du monde (62-13).
"Je referais exactement la même chose (...) Moi, je me serais caché"
Accordant une longue interview à nos confrères de Midi Olympique, celui qui a aussi été patron de la Ligue nationale de rugby (de 1998 à 2008) avait "trouvé ça inadmissible" : "Si ça se reproduisait, je referais exactement la même chose." Plus globalement, c'est l'état d'esprit général qui lui échappe : "Je ne comprends pas comment certains joueurs peuvent faire un tour de terrain après avoir perdu. Ce n'est pas un tour de chant, le rugby. Ce jour-là, on avait pris une vraie branlée et en écoutant cette musique, j'ai eu l'impression que ce n'était pas grave, qu'on voulait déjà tourner la page. Moi, j'étais traumatisé quand on prenait des raclées. Et encore, je n'en ai jamais pris des comme ça : 60 points dans un match international, tu te rends compte ?"
Serge Blanco en appelle au respect du maillot, à celui des supporters et de tous ceux qui ont précédé en sélection. Donc à lui, en particulier, qui tient encore le record d'essais en sélection (38) en attendant d'être dépassé par Damian Penaud à seulement deux longueurs : "Après ce match, moi, je me serais caché... Finalement, je n'entendais pas que les Bleus puissent effacer ça d'un revers de la main, sans cogiter dessus." En revanche, le mythique arrière natif du Venezuela (il n'a jamais connu son père biologique) est beaucoup plus en phase avec les progrès sur le suivi des commotions, totalement inexistant à son époque. Il s'exclame au sujet des arbitres qui ne devraient plus "laisser faire tous ces types qui arrivent à pleine vitesse dans un regroupement" : "Il faut protéger nos athlètes et notre sport, sans pour autant le dénaturer. On marche sur un fil, en quelque sorte..."