Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le mardi 07 avril 2020 à 17h34
En quarts de finale de la Ligue des Champions 2003-04, Monaco réalisait un incroyable exploit en renversant le Real Madrid de Zidane, Ronaldo, Raul, Figo et Beckham.
Morientes, Prso, Giuly, Rothen, Zikos, Ibarra. Les jeunes pousses d'aujourd'hui n'ont sûrement aucune réaction particulière à l'évocation de ces noms. En revanche, les trentenaires, quarantenaires et les plus âgés, amateurs de ballon rond, ont probablement vibré il y a maintenant 16 ans devant les performances de ces joueurs. Des éléments monégasques ayant écrit une grande page de l'histoire du sport français en Ligue des Champions.
Une armada madrilène suite aux transferts réalisés par Florentino Perez lors des derniers mercatos
Cela s'est donc déroulé en 2004. En quarts de finale de la plus belle des Coupes d'Europe, l'AS Monaco faisait vibrer la France entière en se payant le Real Madrid. Le Real des Galactiques. Soit ce qu'il se faisait de mieux à l'époque en termes de ballon rond. Les petits gars de la Principauté éjectaient les grands Ronaldo, Zidane, Raul, Figo, Beckham et autre Roberto Carlos de la compétition au terme d'un match retour sensationnel. C'est un peu comme si une équipe tricolore éliminait de nos jours une formation composée de Messi, Cristiano Ronaldo, Neymar, Mbappé, Salah ou van Dijk.
Le Real Madrid remporte le match aller (4-2), l'atout Deschamps pour l'ASMFC
Qui aurait pu prévoir un tel dénouement à l'issue de la rencontre aller ? Pas grand-monde... Il faut dire que les Madrilènes avaient fait respecter leur rang de favoris, le 24 mars 2004 dans leur antre de Santiago-Bernabeu. Coachés par Carlos Queiroz, ils l'avaient emporté (4-2) grâce à des réalisations de Helguera (51eme), Zidane (70eme), Figo (77eme) et Ronaldo (81eme). Que du beau linge avec également Casillas dans le but, Guti et Beckham titulaires au coup d'envoi. Monaco avait logiquement perdu, mais Monaco avait tout de même inscrit deux buts dans l'enceinte madrilène. Deux pions porteurs d'espoir même si la mission s'annonçait impossible face aux stars espagnoles. Le but de la tête signé Morientes en fin de partie (83eme minute) allait valoir cher. Très cher.
Et l'ASM possédait un autre atout, sur son banc : Didier Deschamps. Sa carrière de joueur tout juste achevée, le futur sélectionneur champion du monde en 2018 faisait ses premières armes sur la Côte d'Azur. Après des débuts compliqués en 2001-2002, il permettait à Monaco de glaner une Coupe de la Ligue en 2003, et le technicien allait mener ses troupes à l'exploit face aux Merengues par un discours mobilisateur.
Les Galactiques pêchent par suffisance
Le mardi 6 avril, l'ASM s'avance au Stade Louis-II avec une défense Ibarra-Givet-Rodriguez-Evra devant Roma, un duo de récupérateurs Plasil-Cissé, Giuly et Rothen sur les côtés et une paire Prso-Morientes aux avant-postes. Deschamps compose sans Bernardi ni Zikos, ses deux gaillards habituels devant la défense. En face, la cavalerie est là sauf Beckham. Les étoiles du Real sont souriantes, décontractées, ça rigole avant le coup d'envoi. Ça jubile d'autant plus que Raul ouvre le score à la 36eme minute d'une reprise impeccablement enroulée du pied gauche et profite d'une accélération saignante de Ronaldo, toujours décisif malgré des kilos superflus. Il faut alors trois buts aux Monégasques pour espérer rallier le dernier carré. Injouable, pense-t-on. Trop sûrs d'eux, les Madrilènes vont pourtant pêcher par suffisance.
Une page du foot français va alors s'écrire
Après un centre d'Evra depuis le flanc gauche et une astucieuse remise en retrait de la tête signée Morientes, Giuly décoche une belle volée croisée gagnante du pied droit à l'entrée de la surface de réparation. Un but égalisateur bienvenu juste avant la pause (1-1, 45eme minute). Juste après la reprise, Monaco remet ça, porté par la grinta transmise par Deschamps. Morientes, indésirable au Real qui le prête à l'ASM cette saison 2003-04, fait parler sa fantastique détente sur un nouveau centre d'Evra et donne l'avantage de la tête (2-1, 48eme). Le public de la Principauté exulte, Thierry Roland et Jean-Michel Larqué ne peuvent contenir leur enchantement aux commentaires à la TV. L'exploit est en marche, il ne manque plus qu'un but pour sortir les Galactiques.
La talonnade géniale de Giuly, les supporters de l'ASM n'en reviennent pas
Cette fameuse réalisation va arriver assez vite. A la 66eme minute précisément. En manque de mouvement devant lui, Ibarra, qui compose un côté droit solide avec Giuly, pendant du duo Evra-Rothen à gauche, tente un tir un peu désespéré du gauche à ras de terre. Dos au but et à Helguera, Giuly dévie d'une subtile talonnade et bat Casillas (3-1) ! Quelle géniale inspiration ! Le capitaine monégasque retire son maillot et court comme un dératé sur la piste d'athlétisme qui borde la pelouse. Louis-II chavire. Entrés en jeu, Nonda et Adebayor ont l'occasion de corser l'addition mais les poteaux en décident autrement. Qu'importe, le Real Madrid tout puissant de Zizou ne parvient pas à revenir et prend la porte à la surprise générale.
« Je ne sais pas ce qu'on a fait, lance Rodriguez devant les journalistes après la performance cinq étoiles de l'AS Monaco. On a fait un match de foot, il y avait du monde dans le stade, mais je ne sais pas ce qu'on a fait ». Giuly est sur un nuage : « On est des gamins. Battre le Real Madrid en quarts et arriver en demi-finale, c'est magique ». Monaco réalisera ensuite un autre exploit contre Chelsea (3-1, 2-2) avant de tomber en finale, vaincu par le FC Porto (0-3).