DSM/Bardet : " Je ne sais même pas si je suis tombé ou pas "

DSM/Bardet : " Je ne sais même pas si je suis tombé ou pas "©Media365
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Aurélie SACCHELLI, Media365, publié le mardi 26 avril 2022 à 10h17

Dans les colonnes de L'Equipe ce mardi, Romain Bardet a décidé de s'exprimer une dernière fois sur la terrible chute de Liège-Bastogne-Liège où il a porté secours à Julian Alaphilippe, et demande un peu plus de calme dans le peloton.

Dans un peu moins de deux semaines, Romain Bardet prendra le départ du Giro, et le coureur français espère être remis de ses émotions à ce moment-là et tourner la page. Très marqué par la chute de Liège-Bastogne-Liège dimanche, qui a mis au sol des dizaines de coureurs (dont peut-être lui, mais il ne s'en souvient plus !) et notamment Julian Alaphilippe à qui il a porté secours, le coureur de l'équipe DSM a décidé d'évoquer le sujet une dernière fois dans les colonnes de L'Equipe, avant de penser à autre chose. Comme il l'avait confié à l'arrivée de « La Doyenne », qu'il avait abandonnée car il était trop choqué, Romain Bardet a eu très peur pour la vie de Julian Alaphilippe : « Il m'a écrit dans la nuit de dimanche à lundi, à 2 heures du matin. Quand il a récupéré son téléphone, c'est la première chose qu'il a faite. On se connaît depuis un moment. J'ai eu peur qu'il ait une vertèbre touchée, une paraplégie. J'ai vraiment craint le pire », confie le récent vainqueur du Tour des Alpes.

Bardet : "J'avais l'impression qu'il allait rester là, tout seul, pour toujours"

Quant à la chute en elle-même, Bardet reconnait que tout est allé très vite et que c'était très violent. « C'est encore difficile pour moi d'en parler. C'était une scène de chaos. Je me souviens du bruit des casques qui cognent contre le bitume, puis des cris de douleur de tous les mecs au sol... Quand ça tombe à cette vitesse, avec les disques (de frein) qui coupent comme des rasoirs, c'est la roulette russe. Ma crainte, dans ce genre de situation, c'est de me prendre un jour un pédalier dans la gorge. Tu ne contrôles rien une fois que tu es embarqué dans ce chaos. (...) Ce qui me fait penser que ç'a été vraiment traumatisant d'un point de vue émotionnel, c'est que je ne me souviens de rien. Je ne sais même pas si je suis tombé ou pas. Je sais que j'étais dans la roue de Tom Pidcock et de Jérémy Cabot, j'essayais de garder une petite marge de sécurité sur eux, j'ai senti la vague arriver. J'ai eu le temps de mettre un coup de frein, de me dire que ça y est, ma saison était terminée, et à partir de là, je ne me souviens plus de rien. L'image d'après, c'est moi dans le fossé avec Julian Alaphilippe. (...) Je vois Julian, je vois qu'il est vraiment mal. Il arrive à peine à respirer, il est incapable de parler, incapable de bouger. Et là, j'ai un flash qui me donne l'impression d'être le seul à voir qu'il est là, qu'il souffre et que la course continue sans y prêter attention. Les motos repartent, les voitures aussi et je suis là, dans le fossé, je hurle seul dans le vide et personne ne m'entend. C'est une immense détresse. J'avais l'impression qu'il allait rester là, tout seul, pour toujours. »

Le cyclisme comme la Formule 1

Comme il l'a fait dans un long message sur les réseaux sociaux lundi, Romain Bardet appelle à un peu plus de calme dans le peloton. « C'est au niveau des comportements individuels qu'il faut que ça change. Parfois, il faut savoir accepter son placement dans la course. (...) Des mecs prennent des risques de plus en plus grands et mettent les autres en danger. C'est le propre de la compétition, je sais. Tu regardes la Formule 1, c'est pareil, tu vois des kamikazes prêts à tout dans un virage pour gratter une ou deux places. Mais c'est cette tendance qui m'inquiète. Des pets comme celui-là, il y en aura sur tous les grands Tours. » Espérons qu'il ait tort...

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