Dopage : Sicot suspendue deux ans

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Aurélien CANOT, Media365, publié le mardi 05 janvier 2021 à 21h22

Contrôlée positive à l'EPO le 27 juin 2019, Marion Sicot a écopé d'une suspension de deux ans. L'Orléanaise s'était dopée dans l'espoir de stopper le harcèlement de son directeur sportif.

Contrôlée positive à l'EPO le 27 juin 2019, Marion Sicot (28 ans) pourra reprendre la compétition le 19 juillet prochain.L'Orléanaise encourait une suspension de quatre ans, elle a finalement été suspendue deux ans par l'AFLD, a elle-même révélé l'intéressée mardi sur son compte Facebook après avoir été informée de sa sanction exacte. « Vous étiez nombreux à me demander régulièrement pour ma sanction. Je suis enfin fixée. Alors que j'ai déjà purgé 17 mois suspension, je viens de recevoir le jugement de l'AFLD. Je suis suspendue au total deux ans et serai autorisée à retrouver les compétitions le 19 juillet 2021 », explique Marion Sicot, extrêmement soulagée. « Je n'y crois pas ! Quel soulagement de voir que mon histoire a été comprise par les instances. Je peux enfin voir le bout du tunnel après plus de deux ans d'un enfer qui avait commencé avec le harcèlement subi dans mon équipe (la formation Doltcini-Van Eyck Sport) et pour lequel j'attends encore je jugement qui devrait intervenir dans les prochaines semaines. » Habituellement pourtant, lorsqu'il est question de dopage, personne ne se félicite de la perspective de revoir le tricheur sur son vélo, pas plus qu'il ne fait plaisir d'entendre que le fautif ou la fautive en question n'a pas hérité de la peine maximale. En ce qui concerne Marion Sicot, le sentiment est néanmoins tout autre. Si la cycliste de 28 ans a eu recours au dopage, c'est en effet dans le seul but de mettre un terme au harcèlement dont elle était victime de la part du directeur sportif de son équipe Marc Bracke, avec de surcroît l'espoir que son harceleur la traite comme ses coéquipières, lui donne enfin sa chance et la conserve dans l'effectif.

Du simple harcèlement au harcèlement sexuel...



Il y a plusieurs mois, l'Orléanaise avait évoqué en détails dans le cadre d'un sujet de l'émission Stade 2 sur France 3 le calvaire qu'elle avait vécu, au même titre que les pressions et le chantage et qui l'avait amenée à franchir la ligne jaune en commandant dix flacons d'EPO sur un site chinois et à se l'injecter. « Je me suis dit, forcément, que l'EPO ça faisait peut-être marcher et peut-être que si j'arrive à obtenir une performance, mon directeur sportif m'accordera autant d'importance qu'aux autres filles (de l'équipe), qu'il me gardera dans l'équipe et me laissera tranquille, avec cet acharnement (...) J'étais tellement perdu que j'étais prêt à prendre le risque ». Marion Sicot était également revenue sur l'évolution du harcèlement présumé qu'elle avait subi à l'époque de la part de son manager, un harcèlement qui s'était rapidement mué en harcèlement sexuel, Marc Bracke exigeant, selon elle, de recevoir des photos de la sportive en en bikini puis en slip ou en string, officiellement pour contrôler son poids, si elle souhaitait disputer les courses du début de saison (lorsqu'elle avait arrêté d'envoyer des photos à son harceleur, elle avait été écartée de l'équipe).

Sicot a porté plainte, l'AFLD en a tenu compte

La cycliste avait alors fini par déposer plainte. L'AFLD, après avoir rendu sa sentence, a avoué qu'elle avait tenu compte de cette plainte dans sa décision de se montrer clémente et de ne suspendre Marion Sicot que pour deux ans. « Marc Bracke a imposé à cette sportive de 26 ans, de façon répétée, un comportement humiliant à connotation sexuelle et qui n'avait à l'évidence aucune justification sportive » et « il s'est livré à un harcèlement sexuel d'autant plus inadmissible qu'il connaissait la précarité de la situation de la jeune femme et ne pouvait ignorer l'emprise qu'il exerçait sur elle du fait de ses fonctions de dirigeant », analyse l'instance anti-dopage, estimant par ailleurs que la jeune femme « a d'autant plus cherché à se perfectionner et à réaliser des performances sportives qu'elle souhaitait échapper à ces rapports malsains ». Au même titre que c'est dans ce même contexte « particulièrement difficile » qu'elle a décidé d'avoir recours au dopage. Un contexte que l'AFLD « ne pouvait pas ignorer », pour reprendre les termes du communiqué. A noter que le témoignage d'une deuxième coureuse a amené l'UCI à ouvrir une procédure disciplinaire contre Bracke pour harcèlement.

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