Mathieu Warnier, Media365 : publié le jeudi 30 mai 2024 à 20h30
Depuis le début de Roland-Garros, plusieurs joueurs n'ont pas caché leur agacement vis-à-vis du comportement du public français, pouvant être taxé de chauvinisme. Un élément qui mérite toutefois d'être remis en perspective par rapport aux autres tournois du Grand Chelem.
C'est un élément qui est sur toutes les lèvres. Depuis le début de l'édition 2024 de Roland-Garros, l'attitude du public fait beaucoup parler. Alors que Jannik Sinner n'a pas manqué de saluer ce dernier après sa victoire sur Richard Gasquet, Iga Swiatek a appelé au calme entre les points lors de l'interview qui a suivi son difficile succès sur Naomi Osaka. La numéro 1 mondiale avait notamment réagi au traitement de faveur réservé à David Goffin lors de son duel face à Giovanni Mpetsh Perricard. A l'issue de la rencontre, le Belge avait affirmé que « beaucoup de gens se plaignent » de ça. « C'est l'écho qu'il y a dans le vestiaire et dans les instances ATP, a-t-il ajouté avant de faire une comparaison avec les autres tournois du Grand Chelem. « Je pense que ça ne se passe qu'en France. À Wimbledon il n'y a pas ça. En Australie non plus. L'US Open c'est plutôt tranquille. Ici c'est vraiment une ambiance malsaine. » Il faut dire que les débordements vus cette année ne sont pas une première Porte d'Auteuil.
Lloyd, Hingis et T.Nadal ont déjà critiqué le public
Déjà l'an passé, Taylor Fritz s'était emporté alors que le public du Court Suzanne-Lenglen ne l'a pas épargné à l'occasion d'un match contre Arthur Rinderknech. Ce qui avait fait dire à l'ancien 28eme joueur mondial John Lloyd que « le public français est le pire des tournois du Grand Chelem ». « Ce sont des supporters horribles, pas tous, mais une grande partie d'entre eux, avait-il ajouté. Ils se retournent même contre leurs propres joueurs si ceux‐ci ne jouent pas bien. » Et, si on remonte quasiment dix ans en arrière, les prises de position étaient déjà sévères avec le public de Roland-Garros. « Il n'y a qu'une catégorie de supporters pires que les Français, ce sont les Parisiens », avait alors lancé Toni Nadal. Martina Hingis, quant à elle, avait affirmé à l'époque que « le public français est le plus dur ». Une opinion qui n'est toutefois pas unanime. Dans les colonnes du quotidien L'Equipe, Mats Wilander a concédé avoir vu « un vrai changement de comportement dans le public du tennis » et sans que cela soit spécifique à Roland-Garros. Pour expliquer ce phénomène, l'ancien numéro 1 mondial met en avant les conséquences de la crise liée au coronavirus.
Wilander appelle à une ambiance chaude mais respectueuse
« C'était la première fois de l'histoire que l'ensemble de l'humanité était impacté par un danger majeur. La planète est devenue beaucoup plus émotionnelle, les nerfs sont plus à vif, affirme le Suédois. On leur a donné l'ordre d'agir de telle ou telle manière. Ils n'ont pas aimé. Ils sont revenus avec l'idée de vivre et surtout de montrer leurs émotions. » Admettant que « certains dépassent clairement les limites », Mats Wilander regrette que « le manque de respect gagne du terrain » et ce, « pas uniquement à Roland-Garros ». Mais pas au point de vouloir que le public du tennis soit aseptisé tant ces émotions sont une partie intégrante du sport. « J'adore quand un public s'enflamme et crée une ambiance de folie. N'oublions pas que la passion déclenche des vocations de sportifs, rappelle-t-il. Je crois que 98% des spectateurs qui viennent à Roland-Garros ont une attitude irréprochable. Ils adorent le tennis. Mais il y a toujours 2% pour tout gâcher. » Pour conclure son propos, le finaliste de l'édition 1983 de Roland-Garros face à Yannick Noah, match alors conclu par un envahissement du court, envoie un message aux spectateurs : « Laissez votre manque de respect à la maison et venez au stade pour montrer vos émotions ». Sans doute très passionné, le public parisien ne laisse personne indifférent.