Patinage artistique - Papadakis : "On normalise beaucoup de violences"

Paul Rouget, Media365 : publié le vendredi 22 mars 2024 à 15h08

En retrait après avoir été sacrée championne olympique avec Guillaume Cizeron en 2022, Gabriella Papadakis, qui a fait un burn-out, dénonce le climat du patinage artistique français.

Elle s'est longuement confiée. Alors qu'elle a décidé de faire une pause après avoir été sacrée championne olympique de danse sur glace à Pékin aux côtés de Guillaume Cizeron, avec qui elle a remporté cinq titres de champions du monde et autant aux championnats d'Europe, Gabriella Papadakis, aujourd'hui installée à Montréal, s'est livrée à France Info, évoquant son burn-out, même si "ça va beaucoup mieux aujourd'hui", mais aussi le climat du patinage artistique, en particulier en France.

"Le problème, c'est qu'on autorise, qu'on accepte et qu'on normalise quand même beaucoup de violences. Et on pense que les résultats vont juste les effacer ou les annuler, ou permettre de tout pardonner. Alors que non ! Moi, je crois sincèrement que ces violences ne sont absolument pas nécessaires à la réussite. Il reste beaucoup de problèmes systémiques même s'il y a du mieux, et que ça évolue énormément", explique-t-elle d'abord.

"Gilles Beyer était bourré et rentrait dans les vestiaires quand on se changeait"

Et d'évoquer ensuite l'affaire Sarah Abitbol, qui avait accusé de viol son ancien entraîneur Gilles Beyer, depuis décédé, lorsqu'elle avait 15 ans. "C'est sûr que ça m'a permis également de sortir du déni. D'un coup, je me suis dit : « Ah ouais, en fait, c'était un climat », confie-t-elle. C'était tellement normalisé que je ne m'en rendais pas compte. En fait, petit à petit, tu grandis, le temps passe, et tu entends des histoires comme ça. Tu te dis que ce n'est pas si normal que ça, finalement. Et peut-être que j'ai plus de séquelles que ce que je pensais."

"Il est important de comprendre que ce ne sont pas des actes isolés, ni des personnes isolées. C'est un climat, insiste-t-elle. Moi, par exemple, quand je partais en tournée, j'avais entre 16 et 18 ans. On partait en tournée avec Gilles Beyer quoi ! Qui était bourré, qui nous faisait des commentaires toute la journée, et qui rentrait dans les vestiaires quand on se changeait. On en riait parce qu'on ne savait pas quoi faire. Il n'y avait pas d'autres issues. Tout le monde trouvait ça normal, et tout le monde faisait comme si c'était normal. Donc oui, c'est un climat." Un climat qui ne lui manque visiblement pas.

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