Aurélie Sacchelli, Media365, publié le samedi 27 avril 2024 à 10h42
Deux ans après sa chute sur le Tour de Turquie, provoquée par un piéton, qui a failli le paralyser à vie, Nacer Bouhanni, désormais retraité, a décidé de porter plainte contre les organisateurs de la course. Avec son équipe d'alors, Arkéa-Samsic, ils réclament six millions d'euros.
Ce dimanche se termine le Tour de Turquie, et il y a peu de chances que Nacer Bouhanni soit devant sa télévision pour suivre la conclusion de cette course UCI ProSeries. Le coureur retraité depuis la fin de la saison dernière et en effet en guerre contre les organisateurs de la course, à qui il réclame, avec son ancienne équipe Arkéa-Samsic, six millions d'euros au total. La raison de ce conflit judiciaire ? Le 11 avril 2022, alors qu'il participait au Tour de Turquie, le Vosgien avait été victime d'une terrible chute lors de la 2eme étape. Une chute qui n'était pas due à un simple aléa dans le peloton, mais à un piéton présent sur la route et renversé plusieurs coureurs, dont Bouhanni. Dans les colonnes de L'Equipe, l'avocat du coureur et de l'équipe bretonne, Jérémie Assous, assure que l'accident aurait pu être évité. « Sur les images, on constate que le passant déambulait sur la route depuis une dizaine de mètres, bien avant le passage des coureurs et que ni les agents de sécurité ni les véhicules de reconnaissance ne lui ont demandé de se placer sur le trottoir. La piste n'était délimitée par aucune barrière ou ruban, en totale violation du règlement. Cet accident n'aurait jamais eu lieu si l'organisateur avait respecté les normes de sécurité imposées par l'UCI. »
Bouhanni aurait pu se retrouver tétraplégique
Victime d'une fracture de la vertèbre C1 ("à un centimètre près, j'étais tétraplégique", assure-t-il), Nacer Bouhanni a dû porter un corset intégral pendant un mois, et n'a pu reprendre la compétition que neuf mois et demi plus tard. Mais il n'a jamais retrouvé le niveau qui a fait de lui un vainqueur de 70 courses (dont six étapes de Grands Tours), multipliant les abandons et les mauvais résultats, ce qui a conduit à sa retraite fin 2023, à 33 ans. « Cette chute a détruit ma carrière au moment où j'étais de retour presque à mon meilleur niveau, explique l'ancien sprinteur dans le quotidien sportif. Je n'ai ensuite plus jamais été le même psychologiquement et même physiquement sur un vélo. Je n'ai jamais pu retrouver mon niveau après des mois d'arrêt à ne rien pouvoir faire. » C'est pourquoi Nacer Bouhanni et Arkéa-Samsic veulent obtenir une compensation financière. Le coureur réclame 2,7 millions d'euros à la Fédération turque de cyclisme, organisatrice de la course, pour « les souffrances endurées et l'incidence professionnelle », et l'équipe bretonne (devenue Arkéa-Bamp;B Hotels cette année) 4,2 millions d'euros. La formation s'estime en effet lésée car elle a dû payer un salaire conséquent à un coureur qui n'était pas en mesure de faire son métier, et avec un coureur en moins, elle a perdu la possibilité de gagner des points UCI, et donc des places au classement des équipes. Les sommes demandées sont en cours d'analyse par un expert. Affaire à suivre...