Aurélie Sacchelli, Media365, publié le mercredi 16 février 2022 à 18h46
Chloé Trespeuch s'est confiée à notre site sur ses émotions après avoir remporté sa deuxième médaille olympique en snowboardcross, mais aussi sur son échec dans l'épreuve par équipes, et sur la suite de la saison, où elle vise le globe de cristal.
Chloé Trespeuch, êtes-vous heureuse de rentrer en France après avoir décroché la médaille d'argent en snowboardcross aux Jeux Olympiques de Pékin ?
Je suis très contente de rentrer en France, car c'est vrai que sur place on n'avait pas la chance d'avoir la famille, alors qu'ils étaient venus à Sotchi et à Pyeongchang. Ça m'a fait plaisir de vivre un petit temps avec eux au Club France hier (mardi) pour fêter la médaille.
Que représente cette médaille pour vous, huit ans après celle en bronze décrochée à Sotchi ?
Cette médaille représente beaucoup pour moi, car elle était très attendue. C'est peut-être encore plus fort que la première. Déjà, l'argent, c'est mieux que le bronze (sourires). En 2014, forcément je rêvais de cette médaille car j'avais fait 4ème sur une manche de Coupe du Monde juste avant, donc ça me prouvait que c'était possible, mais je n'étais jamais montée sur un podium international donc je l'avais imaginée moins longtemps. Là, ça fait vraiment huit ans que je l'imagine, car dès le lendemain de Sotchi, je me suis dit "il faut que je me batte pour en avoir une deuxième", pour aussi me prouver que j'étais capable de confirmer. Il y a aussi le fait de ne pas avoir eu de médaille à Pyeongchang alors que j'arrivais en tant que favorite et que je la loupe de si peu (5eme, ndlr). Attendre quatre ans de plus, on a le temps de vraiment l'imaginer, et quand elle arrive c'est encore plus fort car j'ai mis beaucoup de choses en place pour y arriver.
Que retenez-vous de cette finale ?
Je n'ai aucun regret sur ma journée. J'ai tout donné en finale pour aller décrocher l'or, mais Lindsey Jacobellis a été plus rapide que moi. Ce qu'il en reste, c'est un moment fort en passant la ligne, car je vois le clan français qui est super fier, mon coach qui arrive avec les yeux humides. On se prend dans les bras tout en sachant le chemin parcouru ensemble. Je sais à quel point tout le staff s'est impliqué pour aller chercher cette médaille. C'est une belle récompense pour moi, mais aussi pour eux.
Trespeuch : "Les techniciens pleuraient en bas de la piste"
Quel regard portez-vous sur le titre olympique remporté par Lindsey Jacobellis, quintuple championne du monde mais seulement médaillée une fois en quatre JO jusqu'à Pékin ?
C'est mérité. Sa carrière prouve sa longévité. Elle a réussi à s'adapter aux changements de notre sport. Elle était là aux premiers Jeux où le snowboardcross était au programme, en 2006. C'est un exemple car c'est une très bonne gestionnaire de course, elle est toujours dans la bonne stratégie, elle est souvent là pour les grands événements. Elle a 36 ans, elle est toujours aussi forte et nous, les petites jeunes, on n'arrive toujours pas à la battre.
Vous avez en revanche échoué lors de l'épreuve par équipes avec Merlin Surget en étant éliminés en quarts, que s'est-il passé ?
C'est très frustrant car on n'était pas compétitif au niveau de la glisse, on n'avait aucune chance d'aller chercher une médaille ce jour-là car nos planches ne glissaient pas vraiment. C'est hyper frustrant, mais ça met aussi en avant le fait que c'est un sport individuel mais on a besoin de tout un collectif derrière. Les techniciens sont très importants pour aller chercher des médailles. Ce jour-là, ils sont passés au travers. Mais c'est tellement technique, tellement fin de trouver les bons produits pour bien glisser le jour J. A aucun moment je ne leur en ai voulu. J'étais frustrée qu'on n'ait pas réussi collectivement, car on avait de bonnes chances d'aller en finale. Je sais qu'ils se donnent tellement pour trouver le bon produit, ils étaient les premiers déçus, ils pleuraient en bas de la piste, c'était hyper triste comme moment. La piste était assez lente et en plus on a eu de la neige ce jour-là, donc ça ne glissait pas du tout.
Comment était l'ambiance dans le village olympique ?
C'était forcément moins convivial que Sotchi et Pyeongchang. Tout était très encadré. Normalement, les repas sont très chouettes car on mélange vraiment les athlètes de disciplines différentes et ça permet d'échanger avec tout le monde, mais là c'était moins le cas. Le CNOSF avait tout de même prévu un endroit un peu plus convivial où on regardait les courses des autres ensemble, et c'était sympa. Il n'y avait pas de public, donc on était encore plus concentré sur nos performances. On s'est adapté.
Trespeuch : "Essayer d'aller chercher le globe"
Comme avez-vous géré le stress d'attraper le covid avant la compétition ?
Avec Omicron, on voyait bien que même si on était vacciné, on pouvait avoir le covid. Et louper les Jeux pour Omicron, ça aurait été vraiment vraiment très frustrant. On a fait une bulle assez stricte avant. On n'est pas rentré dans nos familles pour ne pas risquer de le ramener dans l'équipe. C'était contraignant, c'était un stress supplémentaire, mais c'est fou car on l'accepte assez vite.
Et maintenant, vous visez la victoire en Coupe du Monde, vu que vous êtes deuxième à 79 points de la Britannique Charlotte Bankes à deux manches de la fin ?
J'ai la possibilité d'aller chercher un globe de cristal, il faudra être très performante sur les deux dernières manches. J'ai bien envie d'aller chercher une victoire aussi, car je n'en ai pas beaucoup (trois en Coupe du Monde, la dernière en mars 2020, ndlr). C'était l'un des objectifs de la saison de jouer devant, car les podiums j'en ai fait quelques uns (28, ndlr), mais pas beaucoup de victoires. Charlotte Bankes, qui a gagné trois étapes et qui était favorite des JO, a été éliminée en quarts. Je vais essayer d'aller la déloger, ce serait plaisant.
Vous pensez déjà à Milan-Cortina 2026 ?
Oui, complètement. J'aurai 31 ans. Si je suis encore performante et que j'ai encore la flamme pour la compétition, pour l'instant j'en doute pas trop... C'est forcément un objectif. En plus c'est en Italie, où il y a vraiment la culture des sports de glisse. Les infrastructures existent déjà. C'est vraiment un endroit qui me plait. Jacobellis ? J'aimerais bien qu'elle soit là et que je sois capable d'être devant elle. Elle aura 41 ans mais Johan Clarey a prouvé qu'il n'y avait pas de limites (sourires).