Aurélien Canot, Media365, publié le mardi 07 février 2023 à 15h47
Sacré champion du monde du combiné pour la deuxième fois de sa carrière ce mardi, le tout chez lui à Courchevel, deux ans après son titre à Äre, Alexis Pinturault (31 ans), extrêmement heureux, avait beaucoup de mal à réaliser. Il faut dire que le premier héros de ces Mondiaux à domicile n'avait plus levé les bras depuis près de deux ans.
Si vous aviez dit à Alexis Pinturault avant qu'il ne s'élance pour le combiné, l'une de ses spécialités préférées, qu'il ferait résonner la Marseillaise un peu plus tard dans la journée, il ne vous aurait probablement pas cru. Il faut dire que depuis qu'il était devenu le premier vainqueur du gros globe de cristal depuis le légendaire Luc Alphand en 1997, le skieur de Courchevel traînait surtout en bandoulière sa frustration de voir les rendez-vous s'enchaîner sans réussir à renouer avec un succès qui le fuyait depuis mars 2021 sur le géant de Lenzerheide. Il n'avait pas oublié pour autant de cocher au surligneur sur son agenda la date de ces Championnats du monde programmés sur ses propres terres. Mais peut-être sans trop y croire, avant de rejaillir de sa boîte au meilleur moment et de décrocher son deuxième sacre mondial sur le combiné après celui obtenu à Âre (Suède) en 2019. Sauf que cette fois, c'est avec son public que "Pintu" a eu le privilège de partager sa joie, immense. Comme dans un rêve lors d'une journée rêvée elle aussi pour le natif de Moutiers. "Ça fait bientôt deux ans que j'avais les Championnats du monde de Courchevel à la maison en tête. Je suis dans une saison où depuis le début de saison, je n'avais que ça en tête, mais pour autant, je fais une saison où je fais du bon ski, mais je ne suis jamais parmi les meilleurs. Et là, aujourd'hui (mardi), il y a un peu tout qui s'emboîte et je viens chercher ce titre à la maison, donc c'est assez formidable", savourait sur France 3 le premier héros français de ces Mondiaux en France, sans pour autant se rendre réellement compte de l'exploit qu'il venait de réaliser.
"J'étais tellement dans une mauvaise passe..."
"J'étais tellement dans une mauvaise passe juste avant les Championnats du monde... Je sors de deux slaloms où je ne me qualifie même pas en deuxième manche. En géant et en super-G, ça fonctionnait plutôt bien, mais je n'étais pas parmi les meilleurs pour autant, donc c'est pour ça que j'ai du mal à réaliser. Clairement, mes objectifs étaient sur les Championnats du monde, pas sur la Coupe du monde. Malgré tout, entre un homme qui ne se qualifie pas en deuxième manche et un homme qui est champion du monde, on est très loin (...) Je sais à quel point c'est une chance inouïe et que je ne vivrai qu'une fois dans ma vie de pouvoir le vivre et ensuite le partager." Pour ne pas laisser passer cette "chance inouïe", Pinturault avait donc fait en sorte de mettre tous les atouts de son côté, sans aucune garantie néanmoins que cela fonctionne étant donné sa trajectoire du moment.
"Le super-G ? Ce ne sera pas comme aujourd'hui"
"Le mot d'ordre, c'était de profiter - j'ai profité toute la journée - et j'étais aussi extrêmement déterminé. Depuis que je suis arrivé ici, mais surtout aujourd'hui (mardi), je n'ai qu'une idée en tête, c'est de pouvoir m'épanouir sur ces Championnats du monde, d'essayer, de pousser et de donner le maximum. En termes de résultat, je ne savais pas que ce que ça pouvait donner ou peut donner encore. En tout cas, mon seul objectif et ma seule volonté, c'était de donner le meilleur de moi-même." Le médaillé d'argent de Pyeongchang, déjà sur le combiné, l'a fait, et il ne pouvait pas mieux le faire. Ces Mondiaux chez lui commencent de la plus belle des façons, en espérant peut-être un premier sacre mondial dans une autre discipline maintenant. Mais ce sera probablement une autre histoire. "Dans deux jours, il y aura tous les cadors et les spécialistes qui seront là. Ce ne sera pas comme aujourd'hui dans cette discipline. On va savourer cette journée déjà et on repartira tout doucement à l'attaque (...) Le but, c'était vraiment que je puisse avoir du plaisir possible sur toute la quinzaine, et je pense qu'elle commence plutôt bien." Le rêve ne demande qu'à se poursuivre pour Alexis Pinturault.