Aurélien Canot, Media365, publié le lundi 11 décembre 2023 à 10h54
Après la nouvelle défaite de Tony Yoka (la troisième de suite), samedi à Roland-Garros face au Belge Ryad Merhy, les avis divergent. Et si Brahim Asloum pense que le champion olympique de Rio peut encore remonter la pente, pour Fabrice Tiozzo, ce nouveau revers est celui de trop pour le boxeur âgé de 31 ans.
Depuis ses grands débuts professionnels, le 3 juin 2017 contre l'Américain Travis Clark au Palais des Sports de Paris, Tony Yoka fait débat. D'un côté, ceux qui étaient certains avant même que le Francilien ne grimpe sur un ring, qu'il ne réussirait jamais à devenir champion du monde, de l'autre, ceux qui, en revanche, voyaient en "L'Artiste" le nouveau Marcel Cerdan, Georges Carpentier ou Jean-Marc Mormeck. N'en déplaisent aux supporters de Yoka, la balance semble appelée à pencher définitivement dans le camp des détracteurs du champion olympique de Rio. Et difficile de leur donner tort sachant que le boxeur français désormais âgé de 31 ans a subi samedi à Roland-Garros contre l'inconnu belge Ryad Merhy sa troisième défaite de suite. Pour beaucoup, elle marque la fin des dernières illusions pour le combattant sur qui a choisi de miser Canal Plus dans le cadre d'un contrat de quinze combats (NDLR : Il n'en reste plus qu'un, et on ne voit pas aujourd'hui comment la chaîne cryptée pourrait renouveler l'expérience). Fabrice Tiozzo, consultant de la chaîne aux premières loges samedi Porte d'Auteuil pour assister à la nouvelle déconvenue de Yoka, fait partie des spécialistes qui n'y croient plus au lendemain de cette nouvelle sortie de piste du héros de Rio, sorti sous les sifflets dimanche.
Tiozzo : "Je ne pense pas qu'il puisse s'en remettre"
"Il me fait de la peine et je ne pense pas qu'il puisse s'en remettre, déplore l'ex-champion du monde dans Le Parisien. Déjà avant, c'était compliqué, là maintenant... OK, il a changé d'équipe autour de lui mais, à mon avis, il aurait dû le faire bien avant. Seulement, il n'y avait personne pour lui dire. C'est un véritable gâchis." Brahim Asloum, interrogé lui aussi dans le quotidien, n'est pas loin d'avoir le même raisonnement. "Soit c'est le plus gros gâchis du sport français, soit il va devenir un crack". Néanmoins, le Berjallien, médaillé d'or aux Jeux comme Yoka, veut se dire qu'il reste un espoir. Tout dépendra de l'état d'esprit du boxeur, qui a encore frappé les spectateurs samedi par son attentisme, sa retenue et son laxisme alors que son gabarit et son allonge devraient lui permettre de marcher sur ses adversaires un par un s'il adoptait une autre manière de boxer.
Asloum : "A lui de réécrire sa propre histoire"
Au point pour son ami Souleymane Cissokho d'être persuadé qu'il est arrivé quelque chose à Yoka, qui pensait, lui, de son côté, avoir fait "assez et maîtriser suffisamment le combat avec son jab du gauche" pour gagner. "Il s'est forcément passé un truc, je ne comprends pas", s'interroge Cissokho. Asloum ne va pas jusque là. Ce dernier sait en revanche qu'une "route bien longue et périlleuse" se profile devant Yoka avant d'éventuellement faire taire un jour tous ceux qui sont déjà passés à autre chose. "C'est à lui seul de savoir s'il est capable de se refaire mal, de manger la terre, d'avoir le goût de la mort dans la bouche." "Il n'a plus le choix", poursuit le champion olympique de Sydney dans L'Equipe, certain que cette troisième défaite de suite n'est peut-être pas une mauvaise chose pour le boxeur le plus décrié de France. Mais à condition d'enfiler le bleu de chauffe. "Soit tu travailles, soit tu te contentes de ce que tu as. À lui de réécrire sa propre histoire. Il a toujours été dans la lumière, il va repartir dans l'ombre et c'est ce qui peut lui arriver de mieux." En espérant pour ses fans que Tony Yoka ne prendra pas la décision d'arrêter sa carrière. "On va en discuter avec ma team, ce n'est pas le moment de parler de ça", avait déclaré l'intéressé samedi sur Canal Plus après le combat.