Jeux Olympiques 1992 : C'était la Dream Team

Jeux Olympiques 1992 : C'était la Dream Team ©Panoramic, Media365

Thomas Siniecki, Media365 : publié le mardi 26 juillet 2022 à 23h34

Il y a 30 ans jour pour jour, le 26 juillet 1992, débutait le tournoi olympique de basket à Barcelone. Celui-là même qui allait accoucher d'une des plus grandes pages de l'histoire des Jeux, sous la houlette de Michael Jordan.

Michael Jordan, Larry Bird, Magic Johnson, Scottie Pippen, Charles Barkley, Karl Malone, David Robinson, John Stockton et Pat Ewing. Neuf superstars de la NBA rassemblées sous le même maillot américain, sous la direction de Chuck Daly, le coach des Pistons. On n'oublie pas Christian Laettner, Clyde Drexler et Chris Mullin, mais ce n'est pas leur faire injure que de les ranger une ou deux cases plus bas au sein de l'exceptionnelle Dream Team, championne olympique à Barcelone en 1992. Privée de l'adversité yougoslave en raison de la guerre, la sélection américaine a imprimé une trace pour l'éternité, pour la première édition olympique ouverte aux joueurs professionnels. La domination fut totale, parfois gênante.

On l'oublie souvent, voire on l'ignore, mais ce règne absolu a démarré face à... l'équipe de France. Au sortir du tournoi préolympique de fin juin - début juillet, où l'écart moyen dépasse les 50 points (dont un 136-57 en ouverture face à Cuba), Team USA défie ainsi les Bleus pour son seul match de préparation avant les Jeux. A Monte-Carlo, les Etats-Unis s'imposent de 40 points (111-71). Michael Jordan et Charles Barkley finissent meilleurs marqueurs avec 21 unités chacun, en face Georgy Adams doit se contenter de quinze points. Stéphane Ostrowski, Jim Bilba, Didier et Thierry Gadou ou Frédéric Forte portent également le maillot bleu, de même que Hugues Occansey : "C'est la seule fois de ma carrière où je suis entré sur un terrain en me disant que ce n'était pas grave si on perdait."

Stockton : "Les autres étaient conscients de n'avoir aucune chance"

C'est ce qu'auraient mieux fait de se dire, aussi, les adversaires du tournoi olympique. Dès le premier match, les Etats-Unis collent ainsi un légendaire 116-48 à l'Angola. Charles Barkley n'y va pas de main morte, au propre comme au figuré, en collant un coup de poing dans le ventre d'un de ses adversaires. Et en ayant ce commentaire dans la foulée : "Les gars m'ont dit de frapper un gros la prochaine fois, pas un maigre. Lui, il n'avait probablement pas mangé depuis des semaines." Une sortie particulièrement déplacée, la famine frappant alors l'Angola... La Croatie (103-70), l'Allemagne (111-68), le Brésil (127-83) et l'Espagne à domicile (81-122), tous passent ensuite à la moulinette de manière à peine moins dégradante.

En quarts de finale, les Américains retrouvent une vieille connaissance avec Porto Rico. L'écart sera le même qu'au tournoi qualificatif continental, un mois plus tôt : 38 points, cette fois pour un 115-77 (c'était 119-81 pour la première manche). Même punition pour les Lituaniens, laminés en demi-finales (127-76) pour le record offensif du tournoi. Avant la finale, l'ascendant psychologique est déjà énorme en faveur des Etats-Unis face à la Croatie, battue de plus de 30 points au premier tour. John Stockton se sentait "presque désolé pour les autres équipes" : "Ils étaient conscients de n'avoir aucune chance contre nous, et je le savais. Ça se voyait dans leurs yeux, dans la manière dont ils marchaient et tout leur langage du corps."


Malgré le regretté Drazen Petrovic, qui décédera l'année suivante dans un accident de la route, ou Toni Kukoc, les Croates n'y coupent pas non plus et cèdent évidemment la médaille d'or aux Américains (117-85). Michael Jordan, déjà champion olympique en 1984, ajoute un deuxième titre à une légende bien en route, après avoir également conquis deux titres NBA avec les Chicago Bulls en 1991 et 1992 (quatre autres viendront, en 1993 puis de 1996 à 1998). Nanti de son fidèle lieutenant Scottie Pippen, son association avec Larry Bird est notamment une des images qui restent de cette Dream Team, mix génial de ce que commençait à sérieusement représenter le basket outre-Atlantique. Une image pour le monde entier.

Les Américains terminent avec un écart moyen de 44 points en leur faveur, et il y a forcément des malheureux pour toujours de ne pas avoir pu faire partie de l'aventure, tel Shaquille O'Neal qui était alors en balance. Une constellation d'étoiles résumée par Magic Johnson, qui n'en était pourtant pas l'astre le moins brillant : "Je regarde à ma droite, il y a Michael Jordan... Je regarde à ma gauche, il y a Charles Barkley ou Larry Bird... Je ne savais plus à qui passer le ballon !" Jamais, dans l'histoire des Jeux olympiques, une sélection n'aura triomphé de cette manière dans un sport collectif. Cette année-là, les Etats-Unis ont donné au basket ses lettres de noblesse au niveau olympique. A moins que ce ne soit l'inverse.

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