Coupes d'Europe : Julien Pierre critique vis-à-vis de l'intégration des équipes sud-africaines

Mathieu Warnier, Media365 : publié le mardi 16 avril 2024 à 15h30

L'ancien deuxième-ligne international Julien Pierre, engagé dans la défense de l'environnement, n'a pas mâché ses mots envers l'EPCR en raison des conséquences de l'intégration d'équipes sud-africaines en Champions Cup et Challenge Cup.

C'est une évolution qui ne fait toujours pas l'unanimité. Depuis 2017, différentes formations sud-africaines participent à la compétition longtemps appelée Ligue Celte, qui a depuis changé à de multiples reprises de dénomination et est désormais connue sous n'appellation United Rugby Championship. Toutefois, depuis la saison passée, ces dernières sont éligibles à une participation aux compétitions de l'EPCR, la Champions Cup et la Challenge Cup. En conséquences, certaines équipes du Vieux Continent ont dû faire le déplacement en Afrique du Sud et inversement. De longs déplacements qui, malgré la signature d'un partenariat entre l'organisateur et une compagnie aérienne, pose parfois des soucis de planification. Très récemment, les joueurs de La Rochelle ont dû évoluer à Pretoria contre les Stormers avant d'enchaîner le week-end suivant à Dublin face au Leinster. Mais ce n'était rien comparé aux difficultés vécues par les Bulls pour rejoindre l'Angleterre en vue de leur quart de finale à Northampton. Au-delà d'aligner une équipe profondément remaniée, la formation sud-africaine a eu besoin de huit vols commerciaux différents pour que sa délégation fasse le déplacement avec des escales au Moyen-Orient et en Europe Continentale.

Pierre : « C'est plus le message qu'on envoie qui me dérange »

Une situation qui reste en travers de la gorge de l'ancien deuxième-ligne du XV de France Julien Pierre, dont l'engagement en faveur de l'environnement s'est matérialisé par la création du label « Fair Play for Planet ». « Au-delà de l'empreinte carbone qui est évidemment désastreuse pour ces compétitions, c'est plus le message qu'on envoie qui me dérange, a-t-il confié dans des propos recueillis par le site Actu Rugby. Déjà, sur le fait qu'une équipe sud-africaine puisse être championne d'Europe, je n'arrive pas à comprendre le narratif. Et deuxièmement, le sport fait rêver, nourrit l'imaginaire et renvoie à beaucoup de choses. Si on raconte à la jeune génération qu'il faut organiser des voyages à l'autre bout de la planète pour voir les meilleurs matchs, quel est le message envoyé ? » Assurant que « le sport est un des vecteurs d'influence les plus puissants au monde », celui qui a porté les couleurs de La Rochelle, Bourgoin-Jallieu, Clermont et Pau durant sa carrière professionnelle achevée en 2018 concède que le sport professionnel n'apporte pas forcément son écot à cette cause.

Pierre : « Ces compétitions doivent aller plus loin »

A ses yeux, « ces compétitions doivent aller plus loin, voir comment elles peuvent s'engager durablement et peut-être se dire que cela n'a aucun sens de faire traverser le monde à des équipes sud-africaines pour disputer la Coupe d'Europe ». Au-delà du seul cas des Coupes d'Europe de rugby dans leur version actuelle, Julien Pierre assure que la possible apparition au calendrier d'une Coupe du Monde des clubs dès 2028, notamment basée sur la Champions Cup, et qui reviendrait tous les quatre ans n'est pas un pas dans la bonne direction. « Avec ce que ça implique en termes de déplacement, on est sur le message suivant : on s'en fiche de la santé des joueurs et de la planète, ajoute-t-il. On est dans le sport business et je ne dis pas que je suis contre ça, mais je ne comprends pas le message envoyé ni vers où on veut aller. » Enfin, Julien Pierre se pose déjà la question des Coupes du Monde 2027 et 2031, respectivement en Australie et aux Etats-Unis alors que l'édition 2023 en France a connu des matchs disputés sous des températures élevées en septembre. « On va jouer la nuit ? Ou décaler la compétition de deux mois ? Ou annuler des matchs ? Il est où le business model si on en arrive là ? », se questionne-t-il. Ce sera à World Rugby de répondre.

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