Paul Rouget, Media365 : publié le dimanche 06 juin 2021 à 13h41
Après la débâcle des Français à Roland-Garros, Jo-Wilfried Tsonga, même s'il s'en défend, dresse un bilan sans concessions du tennis tricolore. Et il n'épargne pas la Fédération.
Pour la première fois depuis le début de l'ère Open en 1968, aucun Français n'a réussi à se qualifier pour le troisième tour de Roland-Garros. Dernier représentant tricolore porte d'Auteuil, Richard Gasquet n'a rien pu faire jeudi soir face au maître des lieux, Rafael Nadal (6-0, 7-5, 6-2). "Le sentiment aujourd'hui, si on regarde bien les matchs à Roland, on voit que c'est encore la « vieille garde » qui se défend encore le mieux. Et ce n'est pas normal, déplore Jo-Wilfried Tsonga dans les colonnes de L'Equipe. Je pense que ça fait plusieurs années que ce n'est pas normal. On n'a pas 30 ou 31 ans. On a 34, 35, 36 ans. Aujourd'hui, il y a clairement un petit trou. Un trou en termes de résultats, pas en termes de densité, car il y a quand même beaucoup de joueurs au haut niveau et cela est assez représentatif de la puissance de la formation dans notre pays. Parce qu'on a Roland-Garros et que la Fédération gagne suffisamment d'argent pour ratisser assez large en France."
"Comme si on n'avait pas le droit de former des joueurs"
Battu au premier tour lundi dernier par le Japonais Yoshihito Nishioka (6-4, 6-2, 3-6, 7-6[5]), le Manceau (36 ans) dresse un bilan sans concession de l'état du tennis tricolore, même s'il assure que "ce n'est pas (son) rôle". Celui qui a créé avec Thierry Ascione une structure, la All in academy, où évolue notamment la championne du monde juniors Elsa Jacquemot, regrette par ailleurs le manque de passerelles avec la Fédération française de tennis (FFT) et cette petite "guéguerre" avec le privé. "C'est comme si on n'avait pas le droit de former des joueurs. Mais moi qui suis un joueur confirmé, j'ai envie de former, avec mon énergie, mon expérience et ma vision. Je n'ai pas envie qu'on me dise comment on doit faire. C'est clair et net, poursuit-il. Quand ils viennent prendre nos joueurs, ça veut un peu dire : « Nous on sait faire, mais on ne l'aide pas s'il reste chez vous car ça ne va pas marcher donc on va jeter l'argent par les fenêtres ! » Mais ce n'est pas cela du tout. Nous, à l'époque, quand on a commencé à la Fédération avec Gilles (Simon), en face, il y avait Lagardère qui avait monté sa structure avec Gaël (Monfils) et Richard (Gasquet). Il y avait plein de joueurs des deux côtés. Et comment cela s'est fini ? Il y a eu trois joueurs dans le top 10, j'ai été top 5 et il y a eu une quinzaine de joueurs dans le top 100, issus des deux structures."