FFT : Comment sortir les prodiges de demain

FFT : Comment sortir les prodiges de demain©Panoramic, Media365

Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le lundi 20 décembre 2021 à 20h19

En plein marasme du tennis français, Nicolas Escudé, le directeur technique national, expose ses principes pour ramener les Tricolores dans la lumière.

Le tennis français va mal, très mal. L'année 2021 a encore été très compliquée sur le plan des résultats malheureusement, et ce n'est pas la première année. Pour rappel, aucun représentant tricolore n'était à l'affiche du 3eme tour à Roland-Garros, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Une triste première depuis 1968 et le début de l'ère Open. Au 2eme tour, il n'y avait déjà plus que deux Français, là encore une première regrettable depuis 53 ans. Les Mousquetaires ne sont plus au niveau, alors que la relève peine à s'affirmer.

La débâcle du tennis tricolore s'est poursuivie à Wimbledon (aucun Français de nouveau présent au 3eme tour, une première depuis 1981) et à l'US Open où aucun membre de l'Hexagone n'a atteint les huitièmes de finale. Et c'est ainsi que pour la première fois depuis 1890 - oui, oui, vous avez bien lu, 1890... - qu'aucune joueuse ou joueur tricolore n'est parvenu en huitièmes de l'un des quatre tournois du Grand Chelem en 2021. Il y a pourtant des raisons d'espérer. La nouvelle gouvernance du tennis français croit en un futur meilleur et a un plan. La Fédération française s'est dotée d'un nouveau président (Gilles Moretton) et Nicolas Escudé s'est installé au poste de directeur technique national depuis mars. Pour l'ancien vainqueur de la Coupe Davis en 2001, la formation est « l'objectif principal ».

La formation, objectif principal

« Il fallait rencontrer les équipes techniques régionales, qui sont nos premiers yeux dans le process de formation, qui vont détecter, entraîner, accompagner en collaboration avec les entraîneurs de clubs, sans être ultra-sélect, explique Escudé dans L'Equipe, lundi. Je les ai repositionnés sur un axe prioritaire qui est les moins de 14 ans, et plus particulièrement les moins de 12 ans et moins de 10 ans. Là où tout commence. Il fallait relancer la dynamique. D'autant plus chez les filles. Car on en a beaucoup moins que chez les garçons Le réservoir filles, c'est terrible... » Pour le « Scud », il faut stopper une sélection trop précoce. « Il ne faut pas que l'écrémage ne soit le fait que du résultat. Le fait de gagner les Petits As, les Grands Chelems juniors, c'est très bien. Mais je vais parler crûment : je m'en fous, assène le DTN du tennis français. Le résultat pour le résultat est dévastateur sur la formation, tu ne joues que pour gagner ton match de la semaine prochaine en oubliant d'améliorer ton coup droit. Et tu seras bloqué dans deux ans et ça sera terminé. »


Stopper une sélection trop précoce

« Avant, dès 12 ans, à partir d'un quart de finale dans un tournoi, la Fédé donnait du prize-money. Stop. C'est la course à l'échalote, poursuit Nicolas Escudé. Tu te retrouvais avec des gamins qui, pour pouvoir rentrer dans les cases des aides et du classement mondial, allaient au Pakistan ou en Ouganda. Certes, tu vas monter au classement, mais ça ne veut rien dire, ton truc ! La compétition doit être au service de la formation. Il ne faut pas croire qu'on est au-dessus de tout le monde parce qu'on gagne un tournoi d'un Grand Chelem junior, et qu'on se dise : "C'est arrivé". J'aurais même envie de dire : "T'imagine même pas ce qui te reste encore à faire derrière..." C'est ce que dit Richard Gasquet d'ailleurs, et c'est exactement ça. »

Le patron du tennis tricolore veut également améliorer la préparation physique et mentale. Quant au sujet des passerelles avec les académies privées, Escudé explique qu'«on est comme toujours en discussion, sauf qu'il ne faut pas se cacher les choses : les intérêts ne sont pas les mêmes. Moi, j'ai le plus beau métier du monde, j'ai un budget à investir, environ 15-16 millions d'euros en comptant la masse salariale. Eux ont besoin de rentrées d'argent pour vivre. Mais je ne suis pas là pour les faire vivre. »

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