Thomas Siniecki, Media365 : publié le vendredi 24 décembre 2021 à 18h59
Vous le savez désormais certainement, c'est parce qu'il s'entraîne en France depuis l'adolescence que Daniil Medvedev s'exprime parfaitement dans notre langue. C'est comme ça, aussi, qu'il a rencontré Gilles Cervara.
Gilles Cervara, le coach de Daniil Medvedev, a détaillé à L'Equipe à quel point l'association avec son joueur était particulière et unique : "Comme moi, il est très branché sur ces choses 'invisibles', sur ces aspects énergétiques. Il possède cette richesse intérieure qui lui donne cette puissance et ce côté charismatique, difficilement identifiable. Entre lui et moi, c'est comme quand on rencontre des gens importants dans sa vie, comme sa femme, des amis proches. On se demande toujours ce qui fait cette alchimie. C'est un jeu d'énergie, de personnalité, d'histoires perso."
"Il m'arrive encore de quitter le court"
Le coach français du n°2 mondial va un peu plus loin pour expliquer la réussite du binôme : "On ne lui impose rien. Lui dire qu'il n'y a que comme ça qu'on réussit, c'est une erreur. Quelqu'un avant moi avait essayé la méthode 'dure', et il n'avait pas du tout accroché. Il a besoin d'argumenter, il n'aime pas avoir tort. Quand l'entraîneur le met en défaut sur une chose qu'il n'a pas bien faite, il se défend et repousse ce qu'on lui dit. Et là, ma stabilité d'entraîneur et d'homme, c'est d'entendre, ne pas vaciller et lui exposer ma vision. Et quand ça lui apparaît assez cohérent, il est d'accord. Même quand il refuse certaines choses, je me rends compte un jour ou un mois plus tard qu'il les a malgré tout entendues. Ça peut être bluffant."
L'entraîneur précise, par exemple, avoir convaincu Daniil Medvedev - qui, pour rappel, a privé Novak Djokovic du Grand Chelem en s'imposant à l'US Open en septembre - de se rendre à Rennes pour améliorer son service grâce à une étude locale biomécanique, alors que lui voulait au départ travailler directement avec un ancien gros serveur du circuit afin d'améliorer son geste.
Cervara se rappelle enfin des débuts de leur collaboration, sur un tournoi Challenger anglais en 2016 : "Il part en vrille, comme il pouvait le faire à l'époque dès qu'il perdait. Et je quitte le court, déjà. Je suis jeune entraîneur, mais c'est naturel pour moi. J'ai considéré qu'il exprimait quelque chose, comme s'il était coincé, démuni. Je n'ai pas joué au coach répressif, pas dit un truc du genre : 'À moi, on ne fait pas ça.' Ça, jamais. Je lui ai dit qu'il avait le droit de faire ce qu'il voulait, mais que j'avais le droit de ne pas cautionner ça. Et que je n'allais pas lui dire d'arrêter avec un flingue sur la tête. Donc, je me casse. Il m'arrive encore de quitter le court. Mais il n'y a aucun malaise, jamais de reproche ou de colère. Et lui est conscient qu'il n'a pas toujours la bonne attitude. On peut en parler."