Ski de bosses : Laffont " au bout du rouleau "

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Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le samedi 16 avril 2022 à 12h05

Perrine Laffont revient sur sa 4eme place aux Jeux Olympique de Pékin et confie qu'elle sera différente l'an prochain après avoir encaissé des messages désagréables sur les réseaux sociaux.

C'était la grande favorite et la championne en titre. Mais quatre ans après, Perrine Laffont n'a pas réussi à faire respecter son rang lors des Jeux Olympiques de Pékin. La Française avait échoué au pied du podium en finale du ski de bosses et n'avait pris que la 4eme place. En pleurs après la grande déception, Laffont avait ému. Un peu plus de deux mois plus tard, la championne n'a pas forcément digéré même si elle a entretemps décroché le globe de cristal de sa spécialité.

« À la fois oui et non, confie-t-elle dans Le Figaro au sujet de la digestion de sa place en chocolat en Chine. C'est surtout le temps qui doit faire son œuvre. La fin de saison, et certains événements festifs auxquels j'ai pu prendre part, comme le Super Slalom à La Plagne, m'ont permis de relativiser aussi, de me dire que ce qu'il s'est passé à Pékin n'est pas la fin du monde. Cela restera comme une belle année de travail pour moi, même si l'objectif majeur n'a pas été atteint. Il ne faut pas rester sur le côté négatif du strict résultat, car ma carrière ne s'arrête pas à ça. »


Laffont : « Tout le monde nous voit comme des super-héros »

« C'était très psychologique et j'ai ressenti véritablement une peur inconsciente de ne pas y arriver. J'ai appréhendé aussi le jugement après ce qui s'était passé en qualifications, où j'avais été traumatisée si on peut dire. Tout cela fait que je n'étais pas libérée ni sereine sur la finale », confie aussi Perrine Laffont (23 ans) qu'on aurait pu penser loin des doutes. « C'est le problème du regard des gens sur les athlètes de haut niveau. Tout le monde nous voit comme des super-héros, des machines de guerre qui devraient enchaîner les performances en un claquement de doigts. Beaucoup oublient que nous restons des êtres humains, avec nos doutes, nos peurs, nos remises en question, explique Laffont. Quand on va sur une compétition, on a le droit de se sentir comme quelqu'un qui se rend à un entretien d'embauche et qui stresse en se demandant s'il sera à la hauteur. Je ne suis pas la seule à ressentir cela quand on regarde une Simone Biles, une Naomi Osaka ou même un Michael Phelps, qui en avait beaucoup parlé. Malgré l'expérience, on fait face à une forte pression, à d'autres formes de peur au fur et à mesure que notre carrière évolue. Mentalement, c'est presque plus dur pour moi aujourd'hui qu'il y a six ou sept ans. Désormais, j'ai un statut à assumer, le regard de nombreuses personnes, de la presse... »

Touchée par les messages haineux reçus sur les réseaux sociaux, Perrine Laffont sera différente l'année prochaine, c'est certain. « Je ne serai sans doute plus la même, avoue la jeune Française. Je n'ai pas envie de qualifier mes Jeux d'échec, car finir 4eme, cela n'est pas rien. Mais c'était beaucoup de douleur. J'étais au bout du rouleau après Pékin. C'est vrai que ces dernières années, j'ai affiché le visage de quelqu'un de très confiant car j'ai tout gagné dans mon sport. Mais cette confiance venait de mes résultats, elle n'était pas innée. » On a maintenant hâte de la revoir.

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