Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le mercredi 09 février 2022 à 08h54
Dimanche contre l'Italie, il a crevé l'écran en plantant trois essais. Elément de Toulon, Gabin Villière est un ailier atypique qui impulse un état d'esprit guerrier aux Bleus.
Présentée comme l'équipe favorite du Tournoi des 6 Nations, la France était très attendue pour son entrée en lice, dimanche après-midi au Stade de France. Tout n'a pas été parfait, loin de là, mais les Bleus ont fait le travail pour décrocher une victoire bonifiée contre l'Italie (37-10) qui a ainsi concédé une 33eme défaite d'affilée dans l'épreuve. La rencontre a été marquée par trois essais inscrit par Gabin Villière, élu homme du match.
Villière : « J'étais toujours le plus petit, le plus frêle face à des gabarits beaucoup plus imposants »
L'ailier de Toulon a signé son premier triplé lors de sa 9eme sélection. Sa hargne a été très remarquée dans l'enceinte dyonisienne. Villière en veut, avec son profil atypique (1,80 m, 88 kg) puisque ce n'est pas un finisseur digne d'un sprinteur. « C'est un état d'esprit que j'ai toujours eu, depuis tout jeune et mes débuts à Vire, expliqué le Toulonnais dans L'Equipe. J'étais toujours le plus petit, le plus frêle face à des gabarits beaucoup plus imposants. Du coup, on m'a fait jouer demi de mêlée. Je n'étais pas le meilleur passeur ou le meilleur au pied. Mais côté caractère et " dalle " comme vous dites, je n'avais rien à envier aux autres. J'ai grandi d'un coup, vers 18 ans. Aujourd'hui je mesure 1,80 m pour 88 kg. Mais j'ai gardé cette mentalité. Elle est devenue ma marque de fabrique. »
« Sur un terrain, j'assume le côté " un contre un ", soit c'est toi, soit c'est l'autre »
Villière a une approche s'apparentant à celle des combattants de sports individuels et ne s'en cache pas. « Plus jeune, j'ai fait du karaté, de la boxe anglaise et un peu de boxe française savate. Mon père a fait de l'anglaise en amateurs. Je crois même qu'il a été champion de Normandie. Gamin, on voyait des articles sur lui dans le journal. Il nous a mis aux sports de combat parce qu'avec mon frère et ma soeur on était ultradynamiques. Pour nous canaliser », détaille l'ailier qui se dit « un peu » hargneux et teigneux. « Sur un terrain, j'assume le côté " un contre un ", soit c'est toi, soit c'est l'autre. À chaque match, on se doit de gagner son duel individuel, mentalement et physiquement. Pour moi, ça passe par une hargne et une envie débordante qui me motivent, non seulement à chaque match mais aussi chaque semaine à l'entraînement », explique Gabin Villière qui s'est inspiré de Christophe Dominici. « Il a accompli des choses énormes pour le rugby français malgré son gabarit peu imposant, avec cette mentalité hors pair dans laquelle je me suis retrouvé. On ne lâche rien. Jamais ! On a à coeur de montrer à ce monde de géants qu'il y a une place pour nous, joueurs un peu plus petits ou issus de parcours différents », confie-t-il au sujet de l'ancien joueur emblématique. Les Bleus auront encore bien besoin du teigneux ailier pour damer le pion à l'Irlande dans ce qui ressemble à une finale du Tournoi des 6 Nations, le week-end prochain.