Le syndicat Provale dans la tourmente

Mathieu Warnier, Media365 : publié le jeudi 09 mai 2024 à 22h00

Alors qu'il met en avant une augmentation du nombre d'adhérents et des avancées pour les joueurs de rugby professionnels pendant le mandat de son président Robins Tchale-Watchou, le syndicat Provale a une face sombre qui apparaît au grand jour.

Tout ne va pas bien au syndicat Provale. 26 ans après sa fondation, le syndicat des joueurs de rugby professionnels se rapproche d'une crise qui pourrait l'ébranler. Président depuis 2014, l'ancien deuxième-ligne de Perpignan et Montpellier Robins Tchale-Watchou va passer la main à son numéro 2 Malik Hamadache. Mais, si la communication récente tourne autour des succès obtenus lors de la dernière décennie, notamment une augmentation très importante du nombre d'adhérents ou la créations de différentes commissions sur la santé des joueurs, le tableau est loin d'être aussi lumineux en coulisses. En effet, une enquête menée par RMC Sport, ActuRugby et L'Equipe dresse un bilan loin d'être aussi élogieux de la présidence de Robins Tchale-Watchou. Il est notamment question du départ d'un peu plus de 20 employés sur les huit dernières années, parfois dans des conditions houleuses avec des procédures devant les Prud'hommes en cours. Il y a notamment le cas de Christophe Gaubert en 2017 qui, alors qu'il ambitionnait de prendre le poste de directeur général, a subi les foudres du président de Provale.

Une présidence peu à cheval sur la loi

Ce dernier a ainsi indiqué à l'intéressé qu'il allait être rétrogradé au poste de chargé de mission alors qu'il était directeur général de la structure « Provale Formation », en charge notamment de la reconversion des joueurs. Une procédure strictement illégale, ce dont le patron du syndicat des joueurs n'a fait que peu de cas. Au bout d'un long combat devant les tribunaux, Christophe Gaubert a vu la justice trancher en sa faveur. « On imagine pas être maltraité de la sorte au sein d'un syndicat », a-t-il confié à RMC Sport. Victime d'une leucémie en 2019, Laure Vitou a également été victime de la gestion tyrannique de Robins Tchale-Watchou. A son retour de traitement en septembre 2020, l'intéressée a pu constater son remplacement par Mathieu Giudicelli. Un incident qui était loin d'être le dernier jusqu'à une lettre de licenciement, doublé d'une mise à pied à titre conservatoire pour « insubordination ». La goutte qui a fait déborder le vase restera la résiliation de sa mutuelle et de sa ligne téléphonique alors qu'elle venait de subir une greffe de moelle osseuse et suivait un traitement.

Vers une dissidence ?

Un cas qui a poussé de nombreuses personnalités de Provale à claquer la porte, dont Rabah Slimani, Fanny Horta ou encore Laurent Sempéré. Alors qu'il ne resterait qu'un seul employé encore en poste au début du mandat, l'ensemble des procédures de licenciement ont ponctionné la moitié du budget de fonctionnement du syndicat selon cette enquête. Et ce alors qu'il est financé à hauteur de 80% par la Fédération Française de rugby et la Ligue Nationale de rugby. Alors que le talonneur de Bordeaux-Bègles voulait cristalliser autour de sa candidature les oppositions à l'actuelle direction de Provale, un opportun vice de forme a provoqué l'invalidation de sa liste et laissé celle menée par Malik Hamadache seule en lice pour l'élection à la présidence du syndicat. Un événement qui aura lieu le 30 mai prochain à Paris et qui imposera aux votants leur présence sur place... alors qu'une demi-finale de Pro D2 se disputera le même jour. Cette enquête laisse entendre qu'un syndicat dissident pourrait se former en réponse aux dérives vues lors de la dernière décennie et alors qu'une continuité fait tout pour se mettre en place.

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