Aurélien Canot, Media365, publié le vendredi 19 janvier 2024 à 19h04
Premier Français depuis Luc Alphan à s'imposer sur la mythique Streif, vendredi à Kitzbühel, Cyprien Sarrazin, qui compte désormais trois succès cette saison, commence à penser doucement au globe de la descente. Pour le moment, Marco Odermatt le domine toujours au classement, mais le Français, qui ne réalise pas complètement encore, se prend légitimement à rêver.
Qui l'eut cru ? Cyprien Sarrazin (29 ans), encore inconnu il y a peu des non-puristes, est aujourd'hui l'un des meilleurs skieurs au monde. Sur les épreuves de vitesse, il est même probablement devenu celui que tout le monde redoute. "Cyp" avait terminé l'année en succédant au palmarès de la descente de Bormio au légendaire Luc Alphand. Il vient de débuter 2024 sur un exploit plus vertigineux encore, sur la Streif, où son illustre prédécesseur avait également été le dernier Français à triompher. Et aujourd'hui, il n'est même plus question de parler de sensation. Sarrazin, deuxième quelques jours plus tôt des deux descentes de Wengen, où il avait remporté le super-G, enchaîne en effet depuis le mois de décembre les podiums et les succès. Sans encore réaliser néanmoins (au même titre qu'il a eu du mal à croire qu'il venait de prendre les commandes en voyant le "1" éclairer l'écran géant de la ligne d'arrivée) le nouveau statut qui est le sien désormais, et qui lui vaut d'être assurément le tube de l'hiver en ski alpin. "Je ne me rends pas encore vraiment compte de ça. Là je profite du truc, c'est plus du sportif, je suis avec mes copains, tout le monde me félicite. Tout ce qui est extérieur, je n'en ai pas encore conscience", assure le natif de Gap, qui s'est néanmoins dit en voyant Alphand en personne venir le féliciter après ce nouveau coup d'éclat qu'il était bel et bien en train de se hisser dans une nouvelle dimension.
Sarrazin ne se fixe plus aucune limite
""Lucho" vient de me dire de profiter de tous ces moments, c'est ce que je fais (...) C'est juste dingue !" Au point d'en perdre sa voix ("J'ai sauté de joie, j'ai gueulé comme un ouf. Je n'ai plus de voix d'ailleurs, je pense que demain (samedi), je ne parle plus. Ce sont de grosses émotions") et de ne plus se "mettre aucune limite". Le skieur du Dévoluy, dont Alphand se dit désormais "fan" ("C'est pour ça que je vis, que je skie"), ne se refuse donc pas de rêver à un premier globe de cristal de la descente. Pour le moment, l'extra-terrestre Marco Odermatt, double détenteur du gros globe de cristal, devance le fabuleux Sarrazin, mais de 26 points uniquement. Ce dernier ne cache pas cependant qu'il s'imagine bien chasser le monstrueux Suisse de la première place. "Maintenant, on peut y penser, oui. C'est une petite bataille, je le grignote petit à petit, mais on verra en fin de saison." Si l'hiver se poursuit sur le même tempo que celui qui a permis au nouveau chouchou des supporters français, pourtant en retard aux premiers temps intermédiaires, de laisser tous les meilleurs une nouvelle fois dans son rétroviseur, "Cyp" ne sera pas très loin de décrocher le Graal, si tant est qu'il ne l'ait pas déjà fait vendredi en s'imposant dans la Mecque des descendeurs. Perfectionniste, l'intéressé estime d'ailleurs qu'il aurait pu mieux faire vendredi. "Je ne suis pas sur un nuage, mon run n'a pas été parfait, sauf en bas (...) J'ai fait quelques erreurs en haut". Un nouvel état d'esprit qui devrait permettre à Sarrazin de tout faire valser sur son passage, y compris les montagnes.