F1 : La réglementation 2026 ne plait pas à tout le monde

A lire aussi

Mathieu Warnier, Media365, publié le samedi 08 juin 2024 à 11h15

Dans la foulée de l'annonce par la FIA du cadre réglementaire technique qui sera en place dès 2026 en F1, plusieurs pilotes se sont inquiétés alors que les écuries vont demander des explications.

La Formule 1 est déjà tournée vers son avenir. En amont du Grand Prix du Canada, la Fédération Internationale de l'Automobile (FIA) a levé le voile sur la réglementation technique qui entrera en vigueur dès 2026. L'ambition affichée est d'avoir des monoplaces plus légères de 30kg, moins volumineuses que la génération actuelle et à même de proposer plus de spectacles en piste tout en augmentant la sécurité. De plus, les motoristes ont poussé pour avoir des technologies plus facilement transposables aux véhicules de route. Au-delà d'une simplification du moteur, il y aura une place plus importante donnée au composant électrique quand la partie thermique verra sa puissance réduite et utilisera uniquement des carburants synthétiques. Toutefois, ce nouveau moteur ne pourra pas exploiter sa pleine puissance de manière permanente, imposant à la FIA et aux écuries de réfléchir à des solutions différentes pour essayer de maintenir le niveau de performance des monoplaces le plus près possible de ce qui peut être observé à l'heure actuelle. Cela passera par l'adoption d'une aérodynamique active au niveau de l'aileron arrière et de l'aileron avant, sonnant le glas du DRS mis en place en 2011 pour aider au dépassement. Ces deux éléments s'ouvriront de concert en ligne droite pour maximiser la vitesse de pointe. Une caractéristique des monoplaces 2026, que la FIA entend faire respecter par des normes très précises et contraignantes, qui provoque des inquiétudes. Les écuries ont ainsi demandé l'organisation en urgence d'une réunion avec la FIA pour alerter des conséquences possibles de cette nouvelle réglementation, notamment la possibilité de manquer d'appui aérodynamique, selon les informations du magazine britannique Autosport.

Russell alerte sur les besoins en termes de sécurité

De plus, il y a des craintes liées à la gestion de l'énergie électrique, qui pourrait régulièrement manquer aux pilotes durant les courses. Des inquiétudes dont George Russell s'est fait l'écho en début de week-end. « Les voitures vont prendre un virage important en termes de performances, a confié en conférence de presse le président de l'association des pilotes (GPDA). Elles seront exceptionnellement rapides dans les lignes droites, jusqu'à 360km/h probablement sur la plupart des circuits, ce qui est impressionnant. Il est évident que la sécurité doit être améliorée, car un accident à 360 ou 370km/h, c'est quelque chose d'un peu fou. » Le Britannique appelle ainsi toute la communauté F1 à « faire un travail minutieux avant l'entrée en vigueur de ces règles, car les voitures seront très rapides » alors que l'habitude est à la réaction après des accidents graves. Fernando Alonso, quant à lui, a d'ores-et-déjà prévenu que l'objectif de réduire le poids des monoplaces de 30kg ne sera pas évident à atteindre, notamment en raison du volume de batteries plus important qui sera mis en place. « Je pense déjà qu'il est impossible d'atteindre 30 kilos de réduction, a affirmé le pilote Aston Martin. Si le moteur est électrique à 50% et que vous avez besoin des batteries pour soutenir cela, le poids des voitures ne fera qu'augmenter de 20 ou 30 kilos à cause de l'unité de puissance. Et ensuite, vous voulez encore réduire de 30kg. Il faut donc retirer un total de 60kg par rapport à la voiture actuelle, et c'est probablement un objectif impossible pour les équipes actuellement. » Si le pilote espagnol est confiant à l'idée de voir les écuries trouver des solutions, il concède que cela ne sera pas sans conséquences.

« Une Formule 2,5 plus qu'une Formule 1 » selon une source

« Comme toujours en Formule 1, ce qui est impossible en 2024 deviendra réalité en 2026 parce que ce sont des gens très intelligents, a-t-il affirmé. Mais je pense que tout est la conséquence de quelque chose d'autre dans les voitures. » Lewis Hamilton, quant à lui, assure que le poids minimal fixé à 768kg va « dans la bonne direction » tout en ajoutant que « c'est encore lourd ». Le septuple champion du monde, s'il n'a pas pu essayer une ébauche de cette nouvelle monoplace au simulateur, assure que ceux ayant déjà pu le faire ont confié que « c'était assez lent ». Un manque de performances qui pourrait dégrader l'image de la F1, vue comme le pinacle du sport automobile. En effet, une source citée par le magazine britannique Autosport résume cette nouvelle réglementation comme « une Formule 2,5 plus qu'une Formule 1 ». Ce dont le patron de l'écurie Williams James Vowles a évoqué face à la presse. « Il est impératif que nous restons le championnat de référence en sport automobile. C'est comme ça que je nous vois, a-t-il affirmé. On en est le pinacle. En conséquence, nous devons nous assurer que nous maintenons le niveau de performance et la vitesse que nous avons actuellement. » Malgré les craintes mises en avant dans le paddock, la FIA a déjà assuré que la nouvelle réglementation sera gravée dans le marbre dès le 28 juin prochain et la réunion du Conseil Mondial du Sport Automobile. En effet, une écurie se serait opposée à tout report de cette date butoir, au-delà de laquelle il faudra une majorité des écuries pour faire évoluer les textes.

Vos réactions doivent respecter nos CGU.