Castres - Montpellier 2018 : La désillusion du MHR

Faraj Benlahoucine, Media365 : publié le mardi 21 juin 2022 à 17h38

Quatre ans plus tard, Montpellier et Castres se retrouvent en finale du Top 14. Retour sur l'affrontement de 2018 qui avait vu le CO triompher d'une équipe du MHR pourtant donnée favorite.

Club titré en Challenge européen en 2016 et habitué aux premiers rôles en Top 14 depuis le début des années 2010, Montpellier dispose d'une occasion de rêve pour décrocher son premier Bouclier de Brennus en 2018. Qualifiés en finale grâce à une victoire impressionnante contre Lyon au Groupama Stadium (40-14), les Cistes présentent une équipe redoutable, logiquement désignée favorite avec son armada de grands joueurs. L'ailier fidjien Nemani Nadolo aux mensurations exceptionnelles pour un trois-quarts (1m96, 130kg) ou encore la charnière composée de deux champions du monde, le Springbok Ruan Pienaar à la mêlée et le All Black Aron Cruden à l'ouverture, effrayent tout le monde.

Cependant, en face les Tarnais plaisent à se voir attribuer l'image d'un village d'irréductibles gaulois, incarné par son chef du village et meneur de troupes, Christophe Urios. Ce côté humain et "franchouillard" de l'entraîneur seraient-ils la potion magique de cette tribu des Bleu et Blanc ? En partie certainement. Inattendus à pareille fête, les Tarnais avancent dissimulés dans l'ombre. Pour leur part en demi-finale, ils ont éliminé le Racing 92 grâce à un plan de jeu simple mais diabolique (19-14). On s'appuie sur des fondamentaux solides et un chef d'orchestre hors-pair pour faire déjouer l'adversaire. Pourquoi changer une stratégie qui a fait ses preuves ? Les mêmes consignes sont alors été appliquées en finale face au MHR.

Le plan de jeu diabolique d'Urios

La force du paquet d'avants castrais rivalise avec les colosses héraultais. La différence se réalise dans un autre secteur et contre toute attente, l'expérimenté Ruan Pienaar déjoue totalement. Visionnaire sans égal et excellent buteur, le demi de mêlée sud-africain passe à côté de sa première période contrairement à son alter-ego, Benjamin Urdapilleta, auteur d'un 5/5 face aux perches. L'essai assassin de Julien Dumora juste avant le retour aux vestiaires assomme par ailleurs Montpellier (19-6, 39eme). Les joueurs de Vern Cotter réussissent à relancer le suspense au bénéfice d'une mêlée inarrêtable un quart d'heure après la reprise (19-13, 55eme). Mais ce tour de force demeure vain car la réussite fuit définitivement les Cistes par la suite.

Le sang-froid d'Urdapilleta, pièce maîtresse du CO

Alors que Ruan Pienaar connait un nouvel échec face aux poteaux, Benjamin Urdapilleta enquille de son côté les points offerts (22-13, 62eme). Solides et maîtres du rythme de la rencontre, les hommes de Christophe Urios font déjouer leur adversaire du jour, sans solution. La capitulation des Héraultais tombe lorsqu'une contre-attaque rondement menée envoie Steve Mafi derrière la ligne à quatre minutes de la sirène (13-29, 77eme). A l'image de ses phases finales, le CO fait preuve d'un pragmatisme et d'une gestion des évènements brillants. En outre, les Olympiens anesthésient leurs adversaires et imposent leur tempo grâce à la force de leur pack et l'intelligence conjuguée à une justesse technique de sa charnière.

L'ensemble de ces ingrédients suffira pour s'adjuger un 6eme titre ce vendredi au Stade de France, une nouvelle fois contre Montpellier ? Rien n'est moins sûr. Tout d'abord car Pierre-Henry Broncan, qui a repris les rênes de l'équipe, demande un rugby différent à ses hommes. C'est pareil chez les Cistes où Philippe Saint-André prône un jeu total. Par ailleurs, l'ancien sélectionneur du XV de France ne se fera pas surprendre par une équipe qui a achevé la phase régulière du Top 14 en tête juste devant lui. Quant aux forces en présence il ne reste que peu de rescapés de part et d'autre pour parler d'un réel ascendant psychologique favorable aux Tarnais.

5 rescapés à Castres, Ouedraogo dernier survivant du MHR

Anthony Jelonch et Rory Kockott ne font plus partie de l'équipe castraise. Le premier cité a rejoint le Stade Toulousain tandis que le second, proche de la retraite sportive, fait office de 3eme demi de mêlée dans la hiérarchie établie. En face, les figures que représentaient Louis Picamoles ou encore les Springboks Ruan Pienaar et Bismarck Du Plessis ont quitté le club. Fulgence Ouedraogo est l'unique finaliste malheureux de cette finale 2018 à retenter sa chance cette année avec Montpellier. Ses partenaires Mikheil Nariashvili, Kelian Galletier et Paul Willemse, blessés, garnissent les bancs de l'infirmerie. En revanche dans les rangs du CO, cinq éléments ont participé à cette finale victorieuse de 2018 : Loïc Jacquet, Mathieu Babillot, Benjamin Urdapilleta, Thomas Combezou et Julien Dumora. Est-ce un avantage ou le signe d'une formation vieillissante ? La vérité du rectangle vert livrera son verdict ce vendredi à Saint-Denis à partir de 20h45.

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