Guerre en Ukraine : Un joueur de Nanterre entre soulagement et colère

Guerre en Ukraine : Un joueur de Nanterre entre soulagement et colère©Panoramic, Media365
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Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le samedi 12 mars 2022 à 15h50

Nanterre a recruté récemment un joueur ukrainien qui a été particulièrement touché de près par la guerre se déroulant actuellement dans son pays.

Depuis plus de deux semaines, la Russie a envahi l'Ukraine et provoqué un conflit suscitant l'émoi dans le monde entier, engendrant aussi de nombreuses sanctions à l'encontre de l'envahisseur russe. Economiques et sportives. De nombreuses histoires se sont nouées autour de cette triste guerre qui semble partie pour durer. Celle de Viatcheslav Bobrov mérite que l'on s'y attarde.

Ce basketteur ukrainien vient de rejoindre le club de Nanterre, actuel 8eme de la Betclic Elite. Le jour de l'invasion russe, le 24 février, il était en Espagne avec son équipe nationale pour un match de qualification pour le prochain Mondial. Il ne retournera pas dans son pays et signera quelques jours après à Nanterre. C'est aussi l'angoisse pour l'intérieur de 29 ans dont la femme et le bébé de 8 mois essaient de quitter l'Ukraine comme plus de 2 millions d'Ukrainiens. Heureusement, Viatcheslav Bobrov, que l'on surnomme « Boby », retrouve ses proches en début de semaine à Nanterre.

« Le basket est bien dérisoire »

« Je n'ai plus rien, toutes mes affaires sont restées en Ukraine, mais je me sens bien car je suis avec ma famille, à l'abri, à Nanterre, raconte, soulagé, le basketteur au Parisien, samedi. J'ai connu une période très dure, quand ma femme, Katya, et mon fils, Christian, étaient en Ukraine et que je ne pouvais rien faire. J'étais impuissant. Dans ces moments-là, le basket est bien dérisoire. » Loin de son épouse et de son fils, Viatcheslav Bobrov a vécu « les pires moments » de sa vie. « Nos cousins de Kharkiv sont venus à Dnipro. Le lendemain matin, tout le monde partait, narre le joueur de Nanterre. Ma femme avait envoyé des messages sur des réseaux pour savoir si des gens voulaient partir avec eux. Avec notre bébé, elle ne pouvait pas conduire tout le temps. Ils sont partis à deux voitures. J'avais préparé deux sacs d'affaires, les papiers importants, fait le plein de ma voiture et acheté des bidons d'essence avant de partir avec la sélection... »


« Les Ukrainiens sont utilisés comme de la chair à canon »

« Boby » Bobrov fait aussi des révélations sur le déroulement de la guerre dans son pays. « Mes parents habitent à Donetsk, ils m'ont dit qu'il n'y avait que trois ou quatre heures d'eau et d'électricité par jour. Des gens évitent de sortir dans la rue, car ils ont peur. Des Russes attrapent des hommes, leur mettent un uniforme de l'armée russe et les envoient au front. Les Ukrainiens sont utilisés comme de la chair à canon », lâche l'intérieur ukrainien avant d'aller plus loin. « Contrairement à ce que prétendent les médias russes, l'armée bombarde des civils, des habitations, des hôpitaux... Ils tuent des enfants. Les gens n'ont plus rien, ils vivent dans le métro. Les Russes payent des Ukrainiens pour faire des croix, avec une peinture phosphorescente, sur des bâtiments, pour les détruire la nuit. Les gens se battent entre eux », raconte-t-il de manière hallucinante.

Le basketteur ukrainien, qui dit qu'il pourrait « tuer » pour protéger sa famille, conclut cet entretien désarmant en confiant qu'il ne sera « plus jamais le même ». « Ma femme ne veut plus retourner en Ukraine. On a vécu deux guerres, celle de Donetsk en 2014 (aussi appelée guerre du Donbass) et celle-là maintenant. On veut une vie normale pour notre enfant, avoue Viatcheslav Bobrov. Souvent, elle me dit que je pourrais être sur le front actuellement si je n'avais pas été en Espagne au début des combats. Ça fait peur... »

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