Mathieu WARNIER, Media365, publié le dimanche 06 novembre 2022 à 22h00
Si Francesco Bagnaia a fini par avoir le dernier mot face à Fabio Quartararo, c'est à l'issue d'un duel intense et d'une remontée fantastique. Retour sur une saison qui a vu les deux rivaux connaître des hauts et des bas.
L'Italie attendait ça depuis 2009. Ducati l'espérait depuis 2007. Francesco Bagnaia est parvenu à joindre les deux espérances ce dimanche à Valence, devenant le premier pilote italien sacré champion du monde sur une machine italienne depuis la légende Giacomo Agostini il y a 50 ans. Un titre qui, pourtant n'avait rien d'évident pendant une bonne partie de la saison. Car, si Enea Bastianini a mené le championnat au terme des quatre premières courses de la saison, grâce notamment à ses succès au Qatar et aux Etats-Unis, c'est bien Fabio Quartararo qui a eu la main pendant l'essentiel de la saison. Entre deux courses difficiles au Moyen-Orient puis en Argentine, « El Diablo » s'est remis en selle avec une deuxième place inattendue sous le déluge indonésien. Sa victoire au Portugal pour le retour en Europe l'a vu prendre le pouvoir. Francesco Bagnaia, quant à lui, a vécu une entame de saison compliquée, notamment en raison d'une Ducati dans un premier temps pas simple à maîtriser, avec un abandon lors du premier Grand Prix puis une cinquième place comme meilleur résultat avant une victoire à Jérez de la Frontera au terme, déjà, d'un duel intense avec Fabio Quartararo. Une course qui a surtout mis en avant les faiblesses d'une Yamaha en manque de puissance et de vitesse de pointe, la rendant pratiquement inapte à doubler en course.
Bagnaia est monté en puissance
Une machine qui a souvent imposé au Tricolore d'aller au-delà de ses capacités par un pilotage à la limite en toutes circonstances. Heureusement pour le Français, l'Italien a joué de malchance avec des erreurs lors du Grand Prix de France mais également en Catalogne et en Allemagne. Victorieux lors de ces deux dernières épreuves, Fabio Quartararo a alors pu se constituer une avance de 91 points sur « Pecco » qui lui a donné une certaine sécurité... mais « El Diablo » a toujours été conscient que l'Italien était une menace et elle a commencé à se matérialiser lors d'un Grand Prix des Pays-Bas à oublier. Alors que le Niçois est allé deux fois à terre, emmenant notamment Aleix Espargaro dans les graviers, Francesco Bagnaia a abordé la trêve estivale sur une victoire qui l'a comme libéré. En effet, après un mois loin du paddock, le pilote Ducati a confirmé son statut de candidat au titre de champion du monde en devenant le premier pilote Ducati à enchaîner quatre victoires de suite au bénéfice de ses succès en Grande-Bretagne, en Autriche et à Misano avant une deuxième place en Aragon, où il a été aux prises avec son futur coéquipier Enea Bastianini. Quatre courses dont la deuxième place en Autriche, avec un dépassement sur Jack Miller qui restera dans les annales, restera le seul bon souvenir pour Fabio Quartararo. Le pilote Yamaha a notamment parcouru seulement deux virages en Aragon.
Quartararo n'a pu que rendre les armes
Un zéro pointé qui a permis à Francesco Bagnaia de revenir à onze points du leader du championnat, situation qui l'a sans doute poussé à prendre trop de risques au Japon, chutant en toute fin de course sur une tentative de dépassement possiblement désespérée sur Fabio Quartararo. 17eme en Thaïlande puis contraint à l'abandon en Australie, « El Diablo » a vu « Pecco » prendre le pouvoir et avoir une première balle de match lors de l'avant-dernière course de la saison en Malaisie. L'Italien a fait tout ce qu'il pouvait en remportant le Grand Prix mais le Tricolore a retardé autant que possible l'échéance en montant sur son huitième podium de l'année. Mais, avec 23 points de retard et un seul scenario lui permettant de croire au titre, le Français n'y croyait guère mais a tout donné. Au prix d'une belle bagarre avec un Francesco Bagnaia très tendu et aux prises avec une Ducati blessée lors d'un contact entre les deux candidats au titre, le Tricolore a rendu les armes et chaudement salué celui qui lui succède au palmarès du championnat du monde. Un duel qui a tenu en haleine tout le paddock pendant 20 Grands Prix et qui promet déjà de se reproduire en 2023 mais, cette fois, Fabio Quartararo entend bien rendre la monnaie de sa pièce à Francesco Bagnaia... si Yamaha tient ses promesses.