Mathieu Warnier, Media365, publié le vendredi 19 avril 2024 à 16h40
Après l'annonce de World Athletics d'accorder des primes aux champions olympiques de Paris 2024, David Lappartient et l'ASOIF ont confirmé ne pas être d'accord avec la prise de position de Sebastian Coe.
Sebastian Coe a mis un coup de pied dans la fourmilière. La semaine passée, World Athletics a annoncé sa décision de rétribuer l'ensemble des champions olympiques dans sa discipline lors de Paris 2024. En effet, chaque médaillé d'or en athlétisme recevra 50 000 dollars (46 500 euros) et il est également question de récompenser l'ensemble des athlètes montant sur le podium à Los Angeles en 2028. Sans surprise, cette prise de position qui tranche avec les traditions concernant les Jeux Olympiques provoque des remous à tous les niveaux. Membre du Comité International Olympique (CIO) mais également président de l'Union Cycliste Internationale (UCI), David Lappartient a évoqué face à la presse en marge du rassemblement pour le J-100 avant Paris 2024 « un changement des valeurs olympiques ». « Depuis le début, les champions olympiques ne touchent pas d'argent, et c'était un principe de Coubertin », a ajouté celui qui préside également le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF). Un sujet sur lequel Sebastian Coe n'est visiblement pas d'accord avec son homologue du cyclisme.
L'ASOIF déplore un manque de coordination sur les primes
A ses yeux, la prime voulue par World Athletics n'est pas en contradiction avec « le principe qu'évoque souvent le CIO de la reconnaissance des efforts que les compétiteurs font pour contribuer au succès des Jeux en général ». Mais, ce qui semble le plus déranger David Lappartient, c'est l'absence de concertation sur un sujet qui apparaît sensible. Un point sur lequel l'Association des Fédérations Internationales des Sports Olympiques (ASOIF) rejoint le patron de l'UCI. Malgré l'autonomie dont toute fédération internationale (FI) jouit, « lorsqu'une décision d'une FI a un impact direct sur les intérêts collectifs des FI olympiques d'été, il est important et juste de discuter de la question en jeu avec les autres fédérations à l'avance », avance l'association dans un communiqué. L'ASOIF ajoute que « tous les sports ne pourraient pas ou ne devraient pas reproduire cette démarche, même s'ils le voulaient ». Enfin, cette prime « va à l'encontre du principe de solidarité, renforce un ensemble de valeurs différentes entre les sports et soulève de nombreuses questions ». Ce que David Lappartient a confirmé ce mercredi.
Warholm satisfait, la commission des athlètes inquiète
Ce dernier a ainsi affirmé face aux journalistes que « les moyens qui sont alloués par le CIO aux fédérations internationales notamment, le sont pour le développement du sport, pour la solidarité ». Le patron du CNOSF voit dans la prime pour les médaillés la concentration de ces moyens pour « très peu d'athlètes ». A l'intérieur de World Athletics, les dissensions apparaissent car la commission des athlètes considère qu'en « augmentant encore l'incitation à gagner, les athlètes pourraient être exposés à des paris, des manipulations ou des pressions pour se tourner vers le dopage ». Interrogé sur le sujet, le champion olympique du 400m haies à Tokyo Karsten Warholm a salué « une très bonne initiative de World Athletics ». Le Norvégien y voit une « façon de montrer qu'ils veulent pousser encore plus pour que cela devienne un sport professionnel ». Toutefois, il apparaît que World Athletics est seule sur cette voie, étant l'une des rares à disposer des moyens financiers nécessaires pour mettre en place une telle rétribution. La Fédération Internationale de tennis (ITF) a notamment affirmé qu'elle ira dans cette voie uniquement « en consultation avec l'ASOIF et le CIO ».