Thomas Siniecki, Media365 : publié le samedi 30 novembre 2024 à 20h34
Vivre un Vendée Globe n'est pas anodin, ce n'est pas nouveau, mais certains l'expérimentent pour la première fois.
Benjamin Ferré, 25e du Vendée Globe, a bien entamé sa ligne droite vers le cap de Bonne-Espérance, niché au beau milieu de l'Atlantique Sud. L'expérience est exceptionnelle pour le jeune skipper rennais, âgé de 34 ans et qui n'a encore "jamais passé autant de temps en mer seul sur un bateau". Alors, "la solitude commence à faire son oeuvre" comme il le décrit : "J'ai un peu l'impression que le monde a disparu, petit à petit, comme dans le film Waterworld où le monde est recouvert d'eau. Parfois, j'ai un peu cette sensation-là, je me demande s'il reste des terres quelque part (sourire)..."
"La moindre petite attention ou lettre décuple mes émotions"
Ce n'est pas parti pour s'arranger, et Benjamin Ferré a au moins cette chance, en étant au beau milieu du peloton, de pouvoir croiser encore plusieurs concurrents. Il vient ainsi de doubler Violette Dorange : "C'est toujours impressionnant de retrouver un bateau après autant de temps, il reste le père Jean Le Cam toujours en tête des bateaux à dérive !" Le doyen de la flotte s'est d'ailleurs filmé en train d'appeler, lui aussi, son concurrent Louis Duc qui a pu lui répondre à la radio tant il était proche.
Benjamin Ferré, qui assure s'être habitué comme les autres à la possibilité de se mouvoir à bord malgré les hautes vitesses (toujours aux alentours des 20 noeuds), explique enfin son petit rituel du samedi matin rendu possible grâce à nos confrères bretons du Télégramme : "Je leur envoie un petit texte qu'ils publient tous les dimanches, ça me fait donc mon petit atelier d'écriture et j'ai carte blanche. C'est marrant, j'ai l'impression de faire mes devoirs." Et le dimanche, autre tradition : sa copine lui a laissé des enveloppes où des proches ou des gens qu'il admire lui ont écrit des lettres sur des thématiques : "J'ai eu la quête puis la folie, et j'ai hâte de découvrir la prochaine... C'est là où je vous dis que la solitude amène une grande fragilité émotionnelle, car la moindre petite attention ou lettre décuple mes émotions." Définitivement un autre monde.