JO 1968 : Les adieux de Marielle Goitschel

Paul Rouget, Media365 : publié le mardi 01 février 2022 à 16h15

Lors des Jeux de Grenoble en 1968, la skieuse française Marielle Goitschel avait mis un terme à sa carrière, à seulement 22 ans, après avoir remporté son deuxième sacre olympique.

Avec sa sœur Christine, d'un an son aînée, Marielle Goitschel a définitivement marqué le sport français, et le monde du ski, lors des Jeux olympiques d'Innsbruck en 1964. Car les deux sœurs étaient entrées dans l'histoire en réussissant un incroyable doublé lors du slalom, où Christine avait devancé Marielle, puis un autre lors du géant, avec cette fois, la victoire de Marielle devant sa grande sœur. Sur le slalom, Marielle avait été la plus rapide de la première manche, avant d'être battue par sa sœur lors de la deuxième, pour une seconde et 67 centièmes au final.

Décorées par De Gaulle

Les scènes sur le podium resteront gravées dans les mémoires, avec une Marielle applaudissant à tout rompre Christine, qu'elle allait devancer sur le géant deux jours plus tard de près d'une seconde, pour remporter son premier titre olympique. Fêtées en grande pompe à leur retour à Val d'Isère, elles avaient été reçues par le Premier ministre, Georges Pompidou, puis par le président de la République, Charles De Gaulle. "Dans l'esprit des gens qui ne suivent plus le ski, les champions français restent Jean-Claude Killy et les sœurs Goitschel. Nous avons été les premières médaillées olympiques françaises aux JO d'hiver et nous avons été décorées de l'Ordre du Mérite par le général De Gaulle en personne", rappelait fièrement la gouailleuse Marielle dans un entretien à Ouest-France.

Mais en 1968, c'est sans Christine qu'elle dispute les JO de Grenoble, devant un public acquis . Deuxième du slalom quatre années plus tôt derrière sa sœur, elle remporte cette fois la médaille d'or, sa deuxième aux Jeux, sur la piste de Chamrousse. Alors que Jean-Claude Killy brille chez les messieurs, Marielle Goitschel débute la compétition par une décevante huitième place en descente. Elle fera donc ensuite entendre raison à ses adversaires lors du slalom, finissant deuxième de chaque manche et devançant au final la Canadienne Nancy Greene. Cette dernière s'imposera ensuite sur le géant devant une autre Française, Annie Famose, alors que Goitschel ne pourra faire mieux qu'une septième place.

"Les Jeux olympiques du cœur"

Avait-elle déjà la tête ailleurs ? Car c'est après ces Jeux de 1968, qu'elle mettra un terme à sa carrière, à seulement 22 ans, alors que sa sœur raccrochait elle à l'âge de 23 ans. En six années, Marielle Goitschel se sera constituée un palmarès assez phénoménal, avec donc, entre autres, deux médailles d'or olympique et une d'argent, et sept titres de championne du monde. "Comme je savais que c'était l'année où j'arrêtais ma carrière, c'était un peu l'apothéose, le final. Grenoble n'est pas mon meilleur souvenir, c'est Innsbruck. Par contre, sur le plan humain, c'était merveilleux. Ces Jeux, je les associe au public, se rappelait-elle pour Place Gre'net. C'étaient les Jeux olympiques du cœur dans la mesure où il y avait tellement de personnes qui étaient là, enthousiastes, qui nous encourageaient, qui croyaient en nous. C'était beau ! Les bénévoles étaient vraiment des bénévoles, pas dirigés ni rien. C'étaient des Jeux de proximité, de convivialité. Il y avait une osmose entre le public et nous. Avec Christine, nous sommes restées dans la mémoire collective « les petites sœurs de la France »."

Les deux sœurs ont ensuite déménagé à Val Thorens, et arrêté leur carrière à des âges ou d'autres la débutent... "À l'époque on ne gagnait pas spécialement d'argent, donc il fallait bien penser à se caser dans la vie, souligne Christine. Et puis, depuis notre jeunesse, on n'avait fait que du ski, du ski, du ski. On avait envie de passer à autre chose." Deux sœurs aux caractères opposés, qui se surnomment toujours "la bavarde" (Marielle) et "la muette" (Christine). Mais sans son aînée, Marielle estime qu'elle n'aurait pas eu autant de succès. "En définitive, si je n'avais pas eu Christine, j'aurais été forte puisque j'ai toujours eu envie de gagner, toujours su que j'allais gagner, et seule la victoire est belle. Mais néanmoins, si je n'avais pas eu Christine, je n'aurais pas fait cette carrière-là", déclarait-elle ainsi à France Télévisions.

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