Ballon d'Or 1958 : Kopa, le Napoléon du football

Thomas Siniecki, Media365 : publié le vendredi 07 octobre 2022 à 22h03

Nous mettons à l'honneur les quatre Ballons d'Or français, avant la cérémonie 2022 qui en verra peut être un cinquième. Le premier triomphe de Raymond Kopa, en 1958, était unanime, Alfredo Di Stefano ou Pelé n'étant pas encore éligibles.

Fin de saison 1957-58

Si Raymond Kopa a évidemment surfé sur la Coupe du monde, avant tout, pour aller chercher le premier Ballon d'Or de l'histoire du football français, il y a d'abord eu un début d'année civile 1958 pour lancer sa saison au Real Madrid - il dispute alors la deuxième de ses trois années dans la capitale espagnole. Dès le 23 janvier, l'ancien Rémois inscrit un doublé lors du carton infligé par les Merengue aux voisins de Séville (8-0), en quarts de finale aller de Coupe des clubs champions. Bien moins prolifique en Liga, il doit attendre cinq matchs et le début du mois de mars pour trouver la faille à l'occasion du championnat d'Espagne.

Le 2 puis le 9 mars, le "Napoléon du football" marque ainsi lors du nul sur le terrain de la Real Sociedad (2-2) puis face à Gijon (4-0). Egalement buteur en avril pour la victoire chez l'Espanyol Barcelone (2-4), il est surtout un des symboles de la fin de saison parfaite des Madrilènes, qui concluent la Liga avec onze matchs sans défaite et vont chercher le titre avec trois points d'avance sur l'Atlético - une série nécessaire, le Real ne s'emparant définitivement de la première place qu'à la 24eme journée sur 30. Et puis, bien sûr, il y a la Ligue des champions : si Raymond Kopa ne marque plus, y compris lors de la finale remportée 3-2 en prolongation contre l'AC Milan, il n'en reste pas moins un des joueurs offensifs majeurs, tout autant qu'Alfredo Di Stefano ou Francisco Gento même si les deux autres vedettes marquent beaucoup plus (dont un but chacun en finale).

Coupe du monde

Naturellement, c'est cette compétition qui fera la différence en faveur de l'attaquant français, alors que le Ballon d'Or n'ne est qu'à sa troisième édition et récompense - comme jusqu'en 1995 - le meilleur footballeur européen. Puisque le Brésil bat la Suède en finale (5-2), c'est en toute logique que le leader des Bleus, troisièmes, crève l'écran. Même s'il a été fait bien peu de cas envers Nils Liedholm, considéré comme la star de l'équipe scandinave et qui jouait à l'AC Milan (finaliste en Ligue des champions) et n'a terminé que huitième avec six petits points, bien loin des 71 unités de Raymond Kopa - son coéquipier Kurt Hamrin, attaquant de la Fiorentina, a terminé quatrième avec quinze points.

Si ce Mondial reste marqué par la performance exceptionnelle de Just Fontaine, auteur de treize buts (record qui tient toujours sur une seule édition) et qui en profitera pour terminer troisième du Ballon d'Or, Raymond Kopa est le leader incontesté de l'équipe de France. Même s'il doit remercier le président Santiago Bernabéu, qui aurait pu refuser de le libérer pour la phase finale, le Real disputant en pleine compétition sa finale de Coupe du Roi. Il doit d'ailleurs mettre un peu de temps afin de créer des automatismes, n'ayant pas été autorisé à jouer les précédents matchs amicaux... Ce qui ne l'empêche pas de marquer dès le premier match, un carton contre le Paraguay (7-3), puis lors de la rencontre décisive pour la qualification en quarts de finale, devant l'Ecosse (2-1).

Impuissant lors de la demi-finale perdue 5-2 contre le Brésil de Pelé, marquée par un match joué à dix dès la demi-heure de jeu, le capitaine Robert Jonquet se cassant la jambe - il n'y avait alors aucun remplacement autorisé -, Raymond Kopa inscrit un troisième but lors du match pour la troisième place remporté face à la RFA (6-3). Et peut-être bien plus décisif qu'on l'imagine pour le Ballon d'Or, puisque c'est son adversaire Helmut Rahn, auteur de six buts durant le Mondial, qui finit deuxième à 31 points du vainqueur. "Ceux qui m'ont désigné sont intelligents", commente le principal intéressé, faisant surtout référence à l'exploit spectaculaire de Just Fontaine qui aurait largement pu le désigner comme le meilleur joueur de cette année 1958.


Début de saison 1958-59

Ferenc Puskas, l'idole absolue de Raymond Kopa, débute sa carrière au Real Madrid. Ce dernier inscrit cinq buts en Liga au mois de novembre, ainsi qu'un autre en Ligue des champions, histoire d'assurer définitivement son succès personnel qui s'annonce. Il prend aussi le temps, à nouveau, de faire trembler les filets en équipe de France lors d'un match au mois d'octobre, un premier tour qualificatif aller pour l'Euro face à la Grèce (7-1). "Sa vraie place n'est pas celle d'un ailier ni d'un intérieur, ni même d'un avant-centre : elle est à créer", écrit le 16 décembre Gabriel Hanot, rédacteur en chef de France Football et qui figure parmi les créateurs du Ballon d'Or.

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