Mathieu Warnier, Media365, publié le dimanche 21 janvier 2024 à 22h55
En marge d'un stage de préparation de son équipe Soudal-Quick Step en Espagne, Patrick Lefevere a publiquement pris parti pour le projet de réforme du cyclisme baptisé « One Cycling » et lancé à l'initiative de Richard Plugge.
Le cyclisme professionnel va-t-il prochainement vivre une révolution ? Alors que l'UCI World Tour va fêter sa 20eme édition en 2024, de nombreuses voix s'élèvent pour demander du changement. Il faut dire que l'épisode de la fusion manquée entre les équipes Visma-Lease a Bike et Soudal-Quick Step a mis plus que jamais en lumière les difficultés du modèle économique actuel de la discipline, essentiellement basé sur de généreux partenaires plutôt que sur les gains obtenus lors des courses. Lancée à l'initiative de Richard Plugge, patron de la formation Visma-Lease a Bike, mais encore flou concernant ses détails, le projet de réforme baptisé « One Project » continue d'attirer des soutiens au sein du peloton professionnel. La dernière personnalité en date à avoir rejoint cette initiative n'est autre que Patrick Lefevere, patron de l'équipe Soudal-Quick Step. « Est-ce que vous savez pourquoi je crois dans le projet One Cycling ? S'il y a quatre ou cinq équipes qui s'y impliquent, ça peut fonctionner », a confié le dirigeant belge dans des propos recueillis par le site spécialisé Cyclingnews.
Lefevere : « Trop de personnes négatives dans le cyclisme »
Alors qu'il a longtemps été dans les différentes instances visant à remodeler le cyclisme professionnel, Patrick Lefevere a souvent vu la société organisatrice du Tour de France, Amaury Sport Organisation (ASO), bloquer certaines mesures afin de ne pas voir son influence être combattue. « C'est toujours la même chanson. Il y a trop de personnes négatives dans le cyclisme. Si on ne fait que s'asseoir à un endroit, rien ne va changer, a martelé Patrick Lefevere face aux journalistes. Si vous voulez voir un miracle, aller à Lourdes ! Mais si nous voulons que les choses changent, on doit y travailler et tous aller dans la même direction. Si 18 personnes mettent la main sur le volant, cela n'arrivera pas. Il faut que trois, quatre ou cinq équipes prennent le contrôle. Si cela devait arriver, les autres suivront. » Les premiers détails concernant le projet « One Cycling » concerneraient l'arrivée d'un fonds d'investissement qui injecterait des fonds, à l'image de ce qui a pu arriver récemment dans le football ou le rugby. Toutefois, ce projet pourrait voir certains organisateurs être vent debout contre une telle évolution du cyclisme et notamment ASO.
Lefevere prêt à se passer d'ASO
« Ils ne voudront pas partager leur gâteau, c'est certain », a ainsi affirmé le patron de l'équipe Soudal-Quick Step. Toutefois, la position pourrait changer si les organisateurs de courses sont également impliqués dans ce système. « Nous sommes tous dans un bateau baptisé cyclisme. Si on rame dans la même direction, le gâteau pourrait alors grossir, ajoute Patrick Lefevere. Ils peuvent garder leur gâteau mais si ce nouveau croit de 200%, alors ils viendront à la table. » Le patron de l'équipe Soudal-Quick Step espère que le projet « One Cycling » puisse se matérialiser d'ici à 18 mois, potentiellement avant le départ du Tour de France 2025 à Lille. « Ce serait sympa que cela arrive la semaine avant le Tour de France. Si on peut alors affirmer qu'on l'a fait, que nous avons un nouveau projet et qu'ASO serait le bienvenu. S'ils ne sont pas d'accord, on pourra toujours participer au Tour de France. Si nous détenons une licence World Tour, ils seront forcés de nous accepter. » Il reste maintenant à voir si l'organisateur du Tour de France et de plusieurs épreuves majeures du calendrier international acceptera a minima de discuter de ce projet de réforme qui se veut ambitieux.