Mathieu Warnier, Media365 : publié le dimanche 29 septembre 2024 à 22h30
Passé à l'attaque à 100 kilomètres de l'arrivée puis seul en tête pour les 50 derniers, Tadej Pogacar a confié avoir couru à l'instinct pour aller chercher son premier maillot arc-en-ciel ce dimanche à Zürich.
Tadej Pogacar a repoussé toutes les limites. A l'issue d'une improbable chevauchée solitaire, le Slovène a remporté le titre de champion du monde ce dimanche à Zürich. Toutefois, le plan de course qui lui a permis de lever les bras en vainqueur n'était pas du tout ce qui était prévu. « On voulait garder la course sous contrôle », a-t-il affirmé en conférence de presse dans des propos recueillis par le quotidien L'Equipe. Une course qui a changé de dimension à l'approche des 100 derniers kilomètres quand le vainqueur du Giro et du Tour de France cette année a placé un démarrage qui a laissé ses rivaux pantois. Une attaque qui n'a pas répondu à une quelconque stratégie prévue en amont de l'épreuve. « C'était une attaque stupide, a-t-il ajouté avec sa franchise habituelle. Je ne sais pas vraiment ce qu'il s'est passé mais ce n'était pas un plan, pas réfléchi, c'est pour ça que je dis que c'est idiot. » Tadej Pogacar a même admis avoir être « en train de (se) tirer une balle dans le pied, puis une autre dans l'autre pied » en évoquant son attaque puis le fait de revenir sur l'échappée avec le soutien de Jan Tratnik, qui s'était glissé dans un groupe s'étant extrait du peloton. Un coéquipier qu'il qualifie de « machine » et qui a eu un rôle important dans ce résultat.
Pogacar : « Je comptais les kilomètres »
« Il a appuyé très fort ses relais, m'a énormément motivé, a confié le nouveau champion du monde. C'était un peu tôt, mais une fois qu'on avait un solide écart et pas d'équipe capable de rouler derrière, je savais que j'avais une chance. Ça a marché, donc ce n'était pas si stupide. » Le Slovène a ensuite pu compter sur les relais de Pavel Sivakov, qui est son coéquipier le reste de l'année au sein de l'équipe UAE Team Emirates. Un soutien indirect qui n'a pas été anodin. « J'avais besoin de lui, car on était encore loin de la fin, et peut-être que lui aussi avait besoin de moi pour décrocher une médaille, a-t-il confié. J'espérais qu'il en ait une car il était très fort, ça allait peut-être trop vite pour lui quand il a lâché. » Seul aux commandes pour les 51 derniers kilomètres, Tadej Pogacar a longtemps compté sur une marge d'une minute sur ses poursuivants. Toutefois, au début du dernier tour de circuit, son avantage s'est réduit pour se rapprocher de la quarantaine de secondes. Une phase de course critique pendant laquelle il a compté sur les défaillances de ses adversaires. « Avec la fatigue, tout le monde est si fatigué que ça ne coopère pas bien, c'est ce que vous espérez toujours quand vous êtes à l'avant, a-t-il expliqué. J'ai essayé de sauver un peu d'énergie mais c'était dur sur ce circuit, je comptais les kilomètres en essayant de ne pas aller au-delà de ma limite. »
Pogacar : « Plus qu'un rêve qui devient réalité »
Néanmoins, le Slovène a concédé que la fin de course n'a pas été évidente pour lui, qui était « vraiment vidé ». « Ces dix dernières minutes étaient un enfer mais j'ai tenu, a-t-il ajouté. C'était une journée incroyable, je ne peux pas y croire. » Même ses principaux adversaires n'ont pas cru dans la capacité du Slovène à leur tenir tête aussi longtemps. « A 100 kilomètres, ce n'est pas une attaque qu'on attend, a confié auprès d'Eurosport un Remco Evenepoel incrédule. C'était même une attaque suicidaire, du moins sur l'instant c'est ce qu'on pensait. » Alors qu'il a pu arracher la médaille de bronze, le tenant du titre Mathieu van der Poel était également convaincu que l'entreprise dans laquelle Tadej Pogacar s'était lancée était vouée à l'échec. « il nous a prouvé le contraire. Quand il est parti, j'ai pensé qu'il était fou, a déclaré le Néerlandais au micro d'Eurosport avant de s'incliner. Il est plus fort que jamais. On a l'impression que ce n'est que le début. » Quant au Slovène, la saison n'est pas encore terminée. En effet, avant de défendre son titre sur le Tour de Lombardie, il est attendu sur le Tour d'Emilie dès le week-end prochain puis les Trois Vallées Varésines dans la foulée. Trois courses sur lesquelles il pourra étrenner le maillot arc-en-ciel qui sera le sien pendant un an et il compte bien le montrer. « C'est bien plus qu'un rêve qui devient réalité et j'ai hâte de faire les prochaines courses dans ce maillot, a-t-il conclu. Je veux le montrer dès cette année. » Ses adversaires sont d'ores-et-déjà prévenus.