F1 : Un Grand Prix du Japon comme un fiasco pour la FIA

Mathieu WARNIER, Media365, publié le dimanche 09 octobre 2022 à 19h55

Marré par des décisions polémiques et des incidents évitables, le Grand Prix du Japon a mis la FIA dans une position délicate quelques mois après une fin de saison 2021 problématique.

Après la polémique d'Abu Dhabi l'an passé, on pensait que la Fédération Internationale de l'Automobile (FIA) avait corrigé le tir. Mais le Grand Prix du Japon qui a vu Max Verstappen l'emporter et s'assurer d'un deuxième titre de champion du monde a réveillé certains souvenirs douloureux mais également suscité de nouvelles critiques contre l'instance dirigeante de la Formule 1. Tout a commencé dès le départ, donné sous une pluie battante qui aurait dû inciter tout le monde à la prudence. S'il a été assez courageux de la part de la direction de course d'ordonner un départ arrêté, l'utilisation des pneus intermédiaires par l'ensemble des pilotes s'est très vite avérée problématique. En effet, Carlos Sainz Jr a perdu le contrôle de sa Ferrari en raison du phénomène d'aquaplanage, avec la quantité d'eau présente sur la piste qui a provoqué la perte de contact entre les pneus et la piste. Contraint de passer par les stands pour changer son aileron avant au terme du premier tour, Pierre Gasly a opté pour les pneus pluie pour reprendre la piste. Tout indique que la direction de course aurait pu invoquer des raisons de sécurité pour imposer ces pneus à même d'évacuer plus d'eau, ce qui a ensuite été fait quand la course a pu être relancée.


Le circuit de Suzuka n'a pas retenu les leçons du passé

L'incident impliquant Carlos Sainz Jr et sa gestion par les commissaires a rappelé un bien triste souvenir. Dans des conditions similaires, Jules Bianchi a été victime d'un accident qui lui a été fatal lors du Grand Prix du Japon 2014. Le pilote français était allé heurter une grue venant évacuer une monoplace accidentée alors que la course n'avait pas été stoppée par le drapeau rouge. Une scène similaire a eu lieu car un tracteur est très vite entré sur la piste en sens inverse afin de venir extraire la Ferrari du pilote espagnol. Alors que la visibilité était très faible, Pierre Gasly a manqué de peu un accident avec ce camion. Très critique à l'encontre de la FIA mais également des officiels du circuit de Suzuka, le Français a dû s'expliquer devant les commissaires... et a écopé d'une pénalité de 20 secondes pour être allé trop vite en piste alors que la course était neutralisée. Une décision qui a ulcéré plus d'un observateur... mais la FIA a décidé de faire amende honorable puisqu'elle a diligenté une enquête pour faire toute la lumière sur ce qui a pu arriver... sans toutefois faire un véritable mea culpa. Il faut désormais espérer que les leçons du passé seront retenues une fois pour toute.


Une faille dans le règlement offre le titre à Verstappen

Ce Grand Prix du Japon ne pouvait pas s'achever sans un dernier coup de théâtre. Si Charles Leclerc a été logiquement pénalisé pour avoir gagné un avantage en tirant tout droit dans la dernière chicane lors de son duel avec Sergio Pérez, la direction de course a eu une interprétation du règlement sportif de la F1 assez inattendue. Après le fiasco de Spa-Francorchamps l'an passé, qui avait vu la moitié des points être attribuée sans qu'un seul tour de course sous drapeau vert puisse avoir lieu, la FIA et les écuries ont réécrit les règles pour éviter un tel scenario. Sauf que la formulation de l'article concerné a laissé béante une faille allant contre l'esprit de la règle. En effet, il est fait mention de la situation dans laquelle « une course est suspendue et ne peut reprendre », détaillant l'attribution des points en fonction de la distance parcourue. Avec 28 tours effectués ce dimanche, soit environ 52% de la distance initiale, beaucoup d'observateurs ont jugé que Max Verstappen allait marquer 19 points contre 14 à Sergio Pérez et 12 à Charles Leclerc, ne permettant pas au Néerlandais de remporter le titre mondial dès ce dimanche. Or, considérant que la course est allée à son terme à l'issue de la fenêtre de trois heures dans laquelle une course doit s'achever, les officiels de la FIA ont interprété le règlement en considérant que le Grand Prix s'est conclu normalement, d'où une pleine attribution des points et le titre acquis pour Max Verstappen. Une cascade d'événements qui n'ont eu de cesse de mettre la FIA dans l'embarras... une fois de plus.

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