Sessions nocturnes : entre engouement et interrogations

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Quentin Lecointe, Media365, publié le jeudi 02 juin 2022 à 07h55

Jouées pour la première fois avec du public cette année, les sessions nocturnes de Roland-Garros offrent une atmosphère singulière, tout en soulevant plusieurs questions.

Instaurées en 2021, les sessions nocturnes de Roland-Garros n'avaient connu, couvre-feu oblige, jusqu'ici que des tribunes vides. Terminée sous les projecteurs, la demi-finale de l'an dernier entre Novak Djokovic et Rafael Nadal, avait néanmoins offert un aperçu de ce à quoi pouvait ressembler une ambiance nocturne Porte d'Auteuil, suite à une dérogation accordée aux spectateurs à la dernière minute. Contrairement à l'US Open et l'Open d'Australie où deux rencontres se succèdent, un seul match est programmé chaque soir à partir de 20h45 à Paris. Sur les dix sessions programmées, une seule a vu un match féminin à l'honneur (Cornet - Ostapenko). Interrogée à ce propos, Amélie Mauresmo, la directrice du tournoi, a assumé ses choix : « Je n'ai pas de regret à ce sujet. Avec un seul match programmé en nocturne, c'était compliqué de proposer un match féminin compte tenu des oppositions en première semaine. »

Contraste avec la journée

Si les tribunes sont parfois clairsemées en début ou fin de journée, elles se remplissent le soir avec une seconde billetterie qui permet aux personnes qui travaillent de pouvoir accéder au stade dès 18h30. Un DJ se charge de chauffer le public avant l'entrée des joueurs, tandis que les ramasseurs troquent leurs habituels t-shirts orange pour une tenue bleue. L'ambiance est généralement plus chaude en soirée, avec des spectateurs qui vocifèrent davantage qu'en journée. Elle prend très vite une autre dimension quand un Français est programmé à ce moment de la journée. Visiblement peu confortable avec le brouhaha du public lors de son match face à Alizé Cornet, Jelena Ostapenko n'a pas hésité à plusieurs reprises à se boucher les oreilles avec ses mains. « Le soir donne un côté un peu féérique. On a l'impression d'assister à une cérémonie autour du tennis. L'après-midi c'est autre chose », explique un spectateur croisé à la sortie du court. « Grâce à ces nocturnes, Roland-Garros a changé de dimension. Il n'est plus le quatrième des Grands Chelems, un peu à la traîne », a déclaré Mats Wilander dans une chronique dans L'Equipe.

Une nouveauté qui divise

Si les spectateurs se régalent de pouvoir assister à du tennis le soir, certains acteurs sont moins emballés par ces matchs nocturnes. C'est le cas de Rafael Nadal qui n'avait pas hésité à afficher sa préférence en cours de tournoi : « Je n'aime pas jouer sur terre battue pendant la nuit, parce que l'humidité est plus élevée, la balle est plus lente et il peut y avoir des conditions très lourdes surtout quand il fait froid. Je pense que cela fait une grande différence entre jouer le jour ou la nuit. »  Contrairement aux matchs sur dur où le jeu évolue peu la nuit, la terre battue offre des caractéristiques différentes selon les conditions par la nature vivante de la surface. Ces sessions posent également des questions d'organisation avec des rencontres qui peuvent s'éterniser jusqu'à très tard. Le match entre Nadal et Djokovic s'est par exemple terminé à 1h15 du matin, laissant de nombreux spectateurs dans l'embarras en l'absence de transports en commun à cette heure tardive. Ces sessions nocturnes restent un chantier pour Mauresmo qui s'interroge sur la meilleure formule à trouver : « Je me pose des questions... On se dit que c'est juste dix matchs et qu'il y a un jour de récupération derrière pour les joueurs. Mais il est clair qu'on se posera la question de l'organisation de nocturnes à la fin du tournoi, au moment de faire le bilan. »

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