Thomas Siniecki, Media365, publié le mercredi 30 septembre 2020 à 22h54
C'est le pire sentiment pour Pierre-Hugues Herbert : il ne comprend pas comment il a pu rater cette immense victoire qui se dessinait contre Alexander Zverev, mercredi à Roland-Garros (2-6, 6-4, 7-6, 4-6, 6-4).
Pierre-Hugues, au début du cinquième set, vous aviez une possibilité de breaker. Est-ce le moment que vous regrettez le plus ?
Non, pour être honnête, je ne regrette pas cette cinquième manche. C'est peut-être le set où il a mieux joué que moi. Il méritait de le gagner. J'ai eu trois balles de break, mais vous savez, breaker au premier jeu du set, il reste encore beaucoup de points... Je suis plus déçu par les deuxième et troisième set. J'avais tout dans ma raquette, je ne sais pas comment j'ai réussi à les perdre.
Quand vous rentrez au vestiaire, vous devez vous demander comment vous avez perdu... Vous avez joué 50 minutes fantastiques, prouvant qu'un tennis de rêve était possible avec des armes différentes. La déception doit être immense de ne pas être allé au bout.
Oui, sans aucun doute. J'ai donné le bâton pour me faire battre. On va encore dire que c'est le Français qui avait le match dans sa raquette et qui l'a perdu. Je suis défait d'être dans cette situation. Ce n'est pas le premier match serré que je perds à Roland-Garros. Toutes les étoiles étaient alignées pour faire un super match. Je jouais très bien au tie-break du troisième. J'ai beau me creuser la tête, je ne sais pas comment je l'ai perdu. Même sur le deuxième set, il n'est pas loin d'exploser. Je me prends un ace à 15-30, j'ai une volée que je dois terminer. Ce sport, franchement, me fait mal à la tête. C'est comme ça, bravo à lui. C'est à cause de lui que j'ai perdu, c'est aussi pour ça qu'il est top 10. Il a perdu une finale d'un tournoi du Grand Chelem, c'était terrible aussi, il avait peut-être ce sentiment. C'est comme ça.
Il ne reste qu'un Français dans le tableau, Hugo Gaston. Est-ce décevant pour vous tous ?
J'avais peur de cette question. Oui, j'aimerais vraiment être au troisième tour. On a eu des gens fantastiques qui étaient toujours présents au troisième tour comme Jo-Wilfried Tsonga, Richard Gasquet, Gael Monfils. Je suis déçu de ne pas être en mesure de suivre leur voie et d'avoir leurs résultats. C'est le côté le plus triste pour moi. J'ai déçu beaucoup de gens qui ont regardé le match, parce que je l'avais dans ma raquette. J'aurais dû gagner. J'aurais bien voulu reprendre le flambeau, mais que voulez-vous que je vous dise ? C'était catastrophique dans la conclusion des sets.
"Le double reste une priorité"
Est-ce que ce genre de match vous ferait encore plus réfléchir par rapport à la gestion de votre carrière en simple ? C'est quand même une très grosse performance, malgré cette défaite.
Je n'ai pas gagné, donc je ne considère pas ça comme une performance tennistique. Je jouais bien, effectivement, là il n'y a pas de doute à avoir. J'ai le sentiment d'avoir réussi à appuyer là où ça lui faisait mal. Pour le double, je me suis déjà posé la question l'année dernière, j'ai eu une période où je l'avais mis un peu plus de côté. Avec Nicolas Mahut, on a un objectif important qui a été décalé d'une année, les Jeux Olympiques. Il faut arriver à se qualifier. Donc non, le double reste une priorité pour moi. Après, c'est certain que le simple en est une aussi. J'essaie de faire avec et de gérer les deux. Personnellement, je pense que le double est une discipline extraordinaire, qui vaut le coup d'être jouée. Il y a peu de joueurs qui le font, parce que c'est de plus en plus physique. Je peux comprendre leur choix. Je suis fier de m'aligner sur les deux dans un tournoi du Grand Chelem, surtout avec "Nico" et les objectifs qu'on a ensemble.
Est-ce que vous vous sentez en sécurité dans la bulle, ça vous a aidé mentalement dans votre jeu ?
Je pense que sans ça et un environnement sûr, on ne pourrait pas jouer. Il faut une bulle. A mon sens, c'est bien organisé. Je dois être testé à nouveau jeudi. Au bout de quatre ou cinq jours, tout le monde est retesté. Je suis ravi d'être de retour sur le court, j'ai passé beaucoup de temps en famille, ma fiancée était enceinte et désormais je suis papa. Donc oui, je suis à l'hôtel, mais ça ne me dérange pas. Je suis ravi de jouer à Roland-Garros. Quelles que soient les conditions, froid, pluie, je suis ravi d'être de retour sur le court.
Votre fiancée est avec vous à l'hôtel ?
Non, j'ai dû les laisser, c'est-à-dire que mon petit garçon est né le 19 septembre, c'était un peu court pour venir à Paris puisqu'on n'y vit pas. Elle est à la maison, elle se remet de l'accouchement et s'occupe du petit. Je la remercie parce que c'est elle qui fait le sale travail, même si j'aimerais être avec elle pour le faire.