Aurélie Sacchelli, Media365, publié le vendredi 25 octobre 2024 à 10h14
Après les faits divers qui ont émaillé la Tournée d'été du XV de France en Argentine, le sélectionneur des Bleus Fabien Galthié confie dans une longue interview à L'Equipe sa volonté de faire changer les habitudes concernant les troisièmes mi-temps.
Alors que le rassemblement du XV de France en vue de la Tournée d'automne qui comptera trois matchs (contre le Japon, la Nouvelle-Zélande et l'Argentine) débute ce dimanche, le sélectionneur des Bleus Fabien Galthié a accordé une longue interview à L'Equipe, où il est bien sûr question des conséquences de la terrible Tournée d'été des Bleus en Argentine, qui a vu Melvyn Jaminet être suspendu 34 semaines pour avoir tenu des propos racistes et Oscar Jégou et Hugo Auradou être mis en examen pour viol. Le sélectionneur révèle qu'une charte va être mise en place pour la Tournée d'automne afin d'instaurer un nouveau cadre de vie. "Il y a trois points saillants dans la charte. D'abord le rapport à l'alcool. Sans autorisation, c'est interdit. Le point 2 concerne l'automédication. Tout doit être déclaré. Enfin, le troisième point interdit la présence dans notre lieu de vie de personnes étrangères, sauf autorisation. Tous ont dit oui", détaille le sélectionneur.
Galthié : " Il faut essayer d'aller plus loin que l'adjectif inadmissible ou intolérable"
Cette Tournée en Argentine a mis en exergue le problème que peuvent parfois poser les troisièmes mi-temps dans le rugby, marquées par une grosse consommation d'alcool et/ou de cocaïne. S'il ne veut pas priver ses joueurs de sorties ("Je pense qu'on a besoin de sortir, d'aller à la rencontre des gens"), il veut réglementer ce qu'il il appelle les "coutumes" de la troisième mi-temps. "Une remise en question profonde est nécessaire. Je dis profonde parce que tout ça, ces coutumes, c'est très ancré. Avec Jean-Marc Lhermet (vice-président en charge du haut niveau), avec toute l'institution, en écoutant les travaux des États Généraux, on a essayé de comprendre pourquoi ça s'est passé comme ça, et comment repenser notre façon de vivre le rugby. Il faut essayer d'aller plus loin que l'adjectif inadmissible ou intolérable, comprendre notre sociologie, la sociologie de la société, échanger avec des anthropologues. Ce que j'ai commencé à faire."
Galthié : "On a négligé la problématique de ce retour à la normalité"
Fabien Galthié estime que le rugby, sport collectif et de combat, est propice à la montée d'hormones, et qu'il faut essayer de trouver un moyen pour "redescendre" au plus vite après les matchs. "Ces joueurs-là, on les prépare à dépasser leurs limites. Sans arrêt. Dans leurs clubs, en équipe de France. (...) On a cru peut-être qu'une fois la fin du match sifflée, on se douchait et on redevenait facilement des gens normaux. Une fois qu'on a poussé les curseurs de la performance physique, psychologique, intellectuelle, analytique, d'un coup on arrête. On met le costume et on redevient des gens normaux. L'enjeu est là. On a négligé la problématique de ce retour à la normalité quand les endorphines sont au max. Comment on fait pour redescendre ? Comment on fait pour redevenir des gens normaux ? Ces joueurs vivent dans le rapport de force permanent pour gagner leur place et ils continuent ce rapport de force en soirée parce qu'il y a cette culture de ne pas décrocher, de rester ensemble, d'aller toujours plus loin parce qu'on est des hommes, parce qu'on est un groupe." En attendant de trouver des solutions, Fabien Galthié est totalement aligné avec le président de la FFR Florian Grill. Il se dit défavorable à un retour de Jaminet en bleu et estime que Jégou et Auradou ne seront pas sélectionnables tant qu'un non-lieu n'aura pas été prononcé.