Jonah Lomu : Un All Black hors normes

A lire aussi

Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le lundi 26 avril 2021 à 10h59

Probablement le meilleur joueur de l'histoire du rugby, le Néo-Zélandais Jonah Lomu est entré dans la légende du sport par son impressionnante puissance et ses innombrables essais tonitruants.

Il est parti à seulement 40 ans. Mais Jonah Lomu reste dans toutes les mémoires des fans de sport. Le Néo-Zélandais est sans doute le meilleur joueur de rugby qu'il a été donné de voir sur un terrain. Une légende au maillot black d'une puissance inouïe et aux accélérations fulgurantes menant pour beaucoup d'entre elles jusqu'à l'essai. Quand on pense Lomu, c'est l'image qui nous vient immédiatement à l'esprit.

Lomu a forgé sa légende avec la tunique des All Black. Inoubliable ailier au numéro 11 qui a perforé tant d'équipes grâce à sa vitesse et sa force brute. Une énergie dévastatrice, cultivée d'abord au rugby à 7. Il est ensuite devenu le premier produit marketing du ballon ovale, sous l'impulsion d'Adidas, devenu sponsor des Blacks en 1999. Le premier à toucher 1 million de francs à l'époque par an, soit 150 000 euros, alors que le rugby sortait tout juste de l'amateurisme. La première star planétaire du sport disputé à quinze.

Même à plusieurs, les adversaires étaient impuissants

Combien de fois ses adversaires s'y sont mis à plusieurs pour tenter, en vain, de le stopper ? Il n'y avait tout simplement rien à faire quand le géant de 1,95 m et 118 kilos se mettait en action. En pénétrant sur le terrain, il inspirait déjà une telle crainte... Lomu a été le premier grand gabarit à galoper aussi vite (10,8 secondes sur 100 mètres). Tant de joueurs ont rebondi spectaculairement devant la montagne... Ses rivaux internationaux s'y sont cassé les crampons et ont dû s'avouer vaincus 37 fois précisément.

37 comme le nombre affolant d'essais marqués avec la Nouvelle-Zélande, en 63 sélections entre 1994 et 2002. Dont 15 en Coupe du Monde (en 11 matchs), un record partagé avec l'Africain du Sud Bryan Habana, et 8 lors du seul Mondial 1999, autre record. Ce qui inscrit aussi Lomu au rang 21 du classement des meilleurs marqueurs de tous les temps, une unité devant ses compatriotes Tana Umaga (à la retraite depuis 2005) et Beauden Barrett (encore en activité), une derrière le Français Serge Blanco. Le joueur à la houppette avait signé quatre essais mémorables lors d'un même match contre l'Angleterre (45-29).

Quatre essais en demi-finale du Mondial 1995 face à l'Angleterre

La rencontre n'était pas n'importe laquelle. On disputait alors une demi-finale, celle de la Coupe du Monde 1995 au stade de Newlands au Cap. Lomu, devenu un an auparavant le plus jeune All Black de l'histoire en enfilant la tunique noire à 19 ans et 45 jours, fracasse tout sur son passage ce 18 juin 1995. Quatre essais, oui, mais surtout un premier d'anthologie. Alerté par une longue transmission de l'ouvreur Andrew Mehrtens sur le côté gauche, l'ailier récupère le ballon après rebond et appuie sur le turbo.

Le mythique n°11 efface Tony Underwood, désemparé ailier anglais, d'un coup de rein saignant, échappe au capitaine Will Carling, marche sur l'arrière Mike Catt, qui se retrouve les quatre fers en l'air, avant de se jeter pour aplatir le ballon dans l'en-but-adverse. Implacable ! « C'est un monstre, plus tôt il dégagera, mieux ce sera », avait lancé Carling après le match, complètement désarmé. Un exemple d'essai parmi tant d'autres. L'équipe de France s'en souvient également. Les Bleus avaient vu le phénomène de près lors d'une autre demi-finale.

Être bienveillant, Jonah Lomu est malheureusement aussi fragile

Même s'ils avaient fini par créer l'exploit à l'occasion de la Coupe du Monde 1999 (43-31), les Français avaient subi la foudre en deux occasions. Servi à près de trente mètres de l'en-but, Lomu avait démoli cinq éléments tricolores sur son premier essai, signant-là l'un des faits d'armes de sa carrière. Le déménageur des All Blacks avait remis le couvert au retour des vestiaires avec une nouvelle action fabuleuse. Sorti aux portes de la finale cette année-là, la légende finira sans sacre mondial (finaliste en 1995, quatrième en 1999).

Sa carrière au top n'a même pas duré dix ans. Être bienveillant, Jonah Lomu est malheureusement aussi fragile. Il souffre d'une grave insuffisance rénale de naissance. A seulement 27 ans, il est placé sous dialyse en 2003 et rate la Coupe du Monde en Australie. Il subit une transplantation rénale à haut risque un an plus tard. La pire période de son existence, révélera-t-il. En 2005, il passe pourtant des Hurricanes aux Cardiff Blues (pays de Galles). Vingt-huit mois après son opération, il rejoue le 10 décembre 2005.

Il finira par revenir au pays, à Auckland pour évoluer avec la province de North Harbour. Le bulldozer des terrains est loin. Devenu l'ombre de lui-même, Lomu achève sa carrière sur une expérience en 2009-2010 à Marseille en fédérale 1, la troisième division, au poste de numéro 8. Le 18 novembre 2015, trois semaines après le troisième sacre mondial de la Nouvelle-Zélande, il décède à l'âge de 40 ans d'un arrêt cardiaque à son domicile d'Auckland.

Vos réactions doivent respecter nos CGU.