Joana Guerra Mota, Media365, publié le mercredi 03 février 2021 à 16h00
Dans un entretien accordé au quotidien L'Equipe, l'ancien basketteuse Paoline Ekambi a levé le voile sur les viols incestueux dont elle a été victime.
Dans ses colonnes ce mercredi, le quotidien L'Équipe a publié le témoignage glaçant de Paoline Ekambi, très grande joueuse de basketball dans les années 1980 et 1990. Dans cet entretien, elle avoue avoir été victime d'inceste. Peu de temps après la parution du livre de Camille Kouchner où cette dernière aborde ce sujet, les victimes d'inceste ont libéré leur parole sur les réseaux sociaux, donnant naissance à un nouveau mouvement. Un mouvement qui a donné le courage à Paoline Ekambi de témoigner. « Je n'ai pas été agressée, j'ai été violée, je n'ai pas peur de mettre des mots sur ce que j'ai vécu », tels sont les mots frappants de la triple championne de France. De ses 14 à ses 17 ans, alors en pleine construction personnelle, Paoline Ekambi a vécu le pire. À ce moment-là, elle étudie à l'INSEP et ne rentrait chez elle que le week-end. Elle raconte : « Un matin... Ma chambre était face à celle de mes parents. Je connaissais tous les bruits chez nous, sauf celui-ci, celui de ma porte qui s'entrouvre. J'étais dos à la porte... Depuis, je dors toujours face à la porte, et quand je suis au restaurant, ou que je m'assois quelque part, il y a toujours un mur derrière moi. Pour que je puisse avoir un contrôle total. Il est entré. J'ai senti comme une angoisse. Il m'a dit que je ne l'avais jamais embrassé. J'ai tourné la tête, et je ne sais pas comment, sa bouche a touché la mienne... ».
Une reconstruction grâce au basketball
Malgré ses nombreux appels à l'aide, sa mère n'a pas réagi à l'époque. Puis il y a eu un soir de trop. Battue, elle fuit son domicile et est recueillie par son entraîneur. Apeurée et soucieuse de la réaction de sa famille, du futur de ses frères, l'ancienne basketteuse n'a pas eu le courage de porter plainte. Mais du courage, le basket va lui en donner. « J'ai trouvé dans le sport ce que j'avais perdu, une autre famille. Avec aussi un univers féminin, parce que je vivais dans un univers plutôt masculin. Je me suis retrouvée tout d'un coup à construire mon identité de femme. Le sport m'a aidée à canaliser beaucoup plus ma rage » affirme-t-elle, toujours dans les colonnes de L'Equipe. Aujourd'hui âgée de 58 ans, Paoline Ekambi a trouvé la force de parler. Et elle le fait avec un seul objectif : « Interpeller la société, parler aux autres victimes, leur donner l'espoir qu'on peut s'en sortir ». La Française ne peut plus obtenir justice, son père étant décédé, mais son témoignage permet d'encourager certaines victimes à parler elles aussi. C'est d'ailleurs la première sportive à aborder ce sujet : « Moi, j'en ai fait un combat, mais avant il faut se reconstruire, rebondir, renaître ».