Semenya devant la CEDH pour défendre les athlètes hyperandrogènes

A lire aussi

Mathieu Warnier, Media365 : publié le mercredi 15 mai 2024 à 18h45

Contestant les règlements établis par World Athletics concernant les athlètes hyperandrogènes comme elle, Caster Semenya s'est présentée ce mercredi devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme pour plaider sa cause.

Caster Semenya poursuit son combat contre World Athletics. L'athlète sud-africaine, championne olympique du 800m en 2012 à Londres puis en 2016 à Rio, entend obtenir de la justice une modification du règlement concernant les athlètes hyperandrogènes, c'est-à-dire ayant un taux de testostérone naturellement plus élevé que la normale. Alors que ses caractéristiques physiques ont provoqué des remous dans le petit monde de l'athlétisme, Caster Semenya avait pu reprendre la compétition en juillet 2010 après avoir été mise à l'écart pendant onze mois. Toutefois, World Athletics a changé d'approché en 2018 en imposant aux athlètes hyperandrogènes de faire baisser leur taux de testostérone par l'intermédiaire d'un traitement médical afin d'être autorisées à participer aux compétitions féminines. Au-delà de refuser d'accepter la règle du jeu imposée par l'instance dirigeante de l'athlétisme, Caster Semenya s'est lancée dans un long combat judiciaire pour obtenir son annulation. Toutefois, le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) a donné raison à World Athletics en 2019 avant que le Tribunal Fédéral Suisse de Lausanne soit sur la même longueur d'onde moins d'un an plus tard. Ce dernier avait alors avancé le fait qu'un taux de testostérone naturellement au-delà de la normal s'avère être « un avantage insurmontable ».

Semenya compte aller jusqu'au bout

Un échec qui a poussé Caster Semenya à saisir la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH), dont les décisions sont prises en dernier ressort, ce qui signifie qu'elles ne sont pas susceptible d'appel. Une audience a ainsi eu lieu ce mercredi et, à son terme, la Sud-Africaine a assuré être « confiante » à l'idée d'obtenir gain de cause. « C'est un jour important dans mon parcours en tant qu'être humain et athlète. Ça a mis longtemps à arriver, a-t-elle affirmé dans un communiqué publié par ses avocats. En 2009, je suis montée sur la plus haute marche du podium aux Mondiaux de Berlin juste après un examen sexuel et sachant que le monde jugeait mon corps et remettait en question mon sexe. Depuis quinze ans, j'ai persévéré avec dignité face à l'oppression. » Néanmoins, Caster Semenya devrait faire preuve de patience puisque la décision de la CEDH n'est pas attendue avant plusieurs mois. Elle mettra ainsi fin à un très long combat qui a coûté cher à l'athlète, qui n'a pas hésité à lancer un appel aux dons pour financer la procédure, dont le coût est estimé à 170 000 euros par ses avocats, malgré la somme de 60 000 euros versée par la CEDH pour « frais et dépenses » en premières instance. Il lui a aussi coûté d'un point de vue sportif, n'ayant plus pris part à la moindre compétition depuis mars 2023.

Vos réactions doivent respecter nos CGU.