Thomas Siniecki, Media365 : publié le lundi 05 août 2024 à 00h03
S'il rumine sa quatrième place, imméritée selon lui, le gymnaste estime que le système français n'y est pas pour rien.
Entier comme toujours, Samir Aït Saïd était dévasté dimanche soir au Club France, ce qui contrastait malheureusement avec le concert de rap à fond les ballons quelques mètres derrière, sur la grande scène publique. Mais le spécialiste des anneaux n'est toujours pas seigneur, quatrième pour la deuxième fois de suite après Tokyo, et il était inconsolable : "Je suis si triste de ne pas avoir rendu la pareille au public français, je suis désolé, je demande pardon... Je ne pense pas être à ma place, ça reste un sport d'évaluation humaine, je suis touché mais pas coulé. J'aurai cette médaille, c'est clair."
"On va sortir d'un système qui ne fonctionne pas. Regardez Marchand..."
C'est donc la perspective de Los Angeles 2028 qui lui permet, dès le jour même de son échec, de rester vivant. Il a déjà son idée de rebond en tête, et il est difficile pour lui d'épargner sa Fédération même s'il parvient à faire passer son message juste ce qu'il faut : "Quatrième, c'est fini. Plus jamais, jamais, jamais. On va mettre des choses en place, partir à l'étranger et sortir d'un système qui ne fonctionne pas forcément. Il faut faire travailler son relationnel. Regardez Léon Marchand... Je m'entraînerai donc en France et j'irai faire des stages à l'étranger." L'exemple du nageur, bien sûr, n'est pas choisi au hasard, lui qui est coaché aux Etats-Unis par Bob Bowman, l'entraîneur historique de Michael Phelps qui a su voir en lui un signe et rare héritier de niveau international.
S'estimant plus fort que jamais, à 200% de sa forme physique, il remet donc tout en question. Sinon, rien ne changera, encore moins dans quatre années puisqu'il aura tout de même 38 ans... "C'est moi le seul fautif, c'est moi sur l'agrès, ce n'est pas la Fédération qui passe à ma place." Voilà pour le côté policé. Mais le revers de la médaille est quand même bien coincé dans la gorge : "Avant, quand on était très performants en équipe et qu'on gagnait des médailles, on partait beaucoup en stage, en Russie ou ailleurs à l'étranger... Là, depuis deux cycles olympiques, il y en a très peu. On reste chez nous, on ne s'ouvre pas. Je n'ai pas peur de me remettre en question, le staff et la Fédération le doivent aussi." Un cri du coeur à chaud, mais qui recèle forcément de nombreuses vérités.